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Science et charité (II)

admin | 12 avril 2020

« À seulement 15 ans, Picasso entreprend cette grande composition ambitieuse comme le point culminant de ses études universitaires, en fait menées par son père, José Ruiz Blasco. Celui-ci, admiratif, dira qu’il peut désormais poser ses pinceaux. Le tableau témoigne de l’état d’esprit de la seconde moitié du 19ème siècle, à la fois pour son sens philanthropique et son intérêt pour le progrès scientifique.

Ce grand tableau de composition classique, est structuré en fonction de l’étroitesse de la pièce, par le traitement de la lumière et le style chromatique.

José Ruiz Blasco, le père de Picasso, sert de modèle au médecin. Une mendiante avec un enfant a été embauchée pour 10 pesetas. Ils servent de modèles pour la femme malade et l’enfant. Picasso utilisait probablement pour la religieuse une adolescente vêtue d’un costume de l’Ordre de Saint-Vincent de Paul, prêt de Josefa González, un ami de son oncle Salvador qui vivait à Barcelone à cette époque.

Cette œuvre monumentale reçoit une mention d’honneur à l’Exposition générale des beaux-arts de Madrid au printemps 1897 et la médaille d’or à l’exposition provinciale à Malaga. Elle a joué un rôle déterminant dans l’histoire de la peinture hispanique universitaire en tant que consécration du réalisme pictural et par son thème social archétypal par opposition aux compositions historiques. »

Voici le commentaire du tableau que l’on trouve sur le site du ciné club de Caen.

Rien que ce tableau justifiera après tout ça, un voyage dans cette ville que pourtant je n’aime pas: Barcelone ou le tableau fait partie de l’exposition permanente du Museu Picasso de Barcelone. Je rêve d’aller m’y asseoir et le contempler. Essayer en vain de retrouver ce sentiment unique qu’il m’inspira la première fois.

Que ce serait-il passé si Picasso n’avait été encouragé par son père? Encouragé. Oui que serait-il advenu de Picasso, si son père ne lui avait donné le courage, et les moyens de se surpasser, d’aller aux limites de lui-même?

Que se serait-il passé, si Picasso n’avait pas eu pour passion quelque chose qui passionnait son père?

Cette réflexion fit partie des centaines de questions que souleva ce tableau en moi. En réalité, probablement, ce tableau ne fit-il que me permettre de fixer ma pensée à ce moment là. Je venais alors dans ma vie personnelle de sauter, une nouvelle fois, dans le vide. Je remettais en cause pour des millions de raisons ma manière d’être père. Quelques mois plutôt, un électrochoc s’était produit. Je devais tout revoir de fond en comble. Je devais décider de faire confiance et d’encourager au lieu d’imposer et feindre de savoir.
Être père ce n’est pas fabriquer un clone. Être père c’est encourager. « Alentar ». Ethnologiquement probablement , « alentar » voudrait dire « donner de l’air, de l’oxygène ».

Au mois de mai, quand je me plantais devant ce tableau, je venais d’ emménager à Paris, dans deux fois plus petit, pour deux fois plus cher, avec ma fille, dans l’espoir encore improbable qu’elle soit admise dans le lycée de son choix à mille lieux de ma conception de la pédagogie, de l’éducation que j’avais reçu des principes qui étaient les miens.

Mais là planté devant ce tableau, je me suis dit que ce père n’avait pas regardé le tableau en disant « on dirait du Greuze », mais en disant « je peux poser mes pinceaux ». Je me suis dit que ce père n’avait pas dit « Diantre 10 pesetas, même pas en rêve, t’as pas d’imagination? » Il avait simplement fait ce qu’il fallait pour que son fils puisse se surpasser.

En réalité je n’en sais rien de ce qui s’est passé, ni de quel père était le père de Picasso. Picasso dira plus tard « Todos los niños son artistas. El problema es mantenerlos así hasta que crezcan » – Tous les enfants sont des artistes. La difficulté est qu’il le restent en grandissant (traduction personnelle). Il est donc probable que ses parents aient réussi a l’accompagner pour surmonter cette difficulté.

En tout cas devant ce tableau j’ai su quel père je voulais essayer d’être… désormais.

Goethe aurait écrit « on devient adulte quand on pardonne à ses parents » (je ne trouve pas l’origine de cette citation, si quelqu’un peut m’aider). Il est difficile d’être parent quand on n’est pas devenu un adulte. C’est peut-être pour cela que c’est si difficile pour moi.

Ma fille ne m’autorise pas à lire ce qu’elle écrit, et je ne vois que peu de ce qu’elle réalise en général. Peu importe la voie qu’elle choisira. Je serai là pour essayer de lui donner tout l’oxygène dont je dispose pour que sa flamme intérieure réchauffe en toutes circonstances son cœur et éclaire son chemin.
Je ne lui demande pas de me pardonner, ni à vous de me comprendre. Mais chaque fois que vous hésitez, que vous doutez, sortez des sentiers battus, et allez à la rencontre de la Culture. Vous y rencontrerez sinon des réponses du moins un reflet pour vous retrouver.

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Science et charité (I)

admin | 10 avril 2020

Le 08 avril dernier le Musée Picasso Paris invitait pour les 47 ans de la mort du peintre, a dire notre œuvre et période préférée. Je ne suis pas un connaisseur. Je peux même assez facilement me qualifier d’analphabète de la peinture.

Mais si je suis moins ignare aujourd’hui c’est grâce notamment à ce Musée. ce lieu est magique et a pour moi une signification toute particulière. Mon dernier post sur mon blog il y a 23 mois portait déjà sur ce Musée. Et entre les deux… rien… sur le blog.

Mais entre deux, j’ai vu beaucoup d’expositions sur Picasso dans ce Musée et ailleurs. Je ne saurais dire mon œuvre préférée. Mais je sais dire laquelle me fit toucher du doigt le génie, et comprendre sinon sa démarche ou son œuvre du moins comment une telle œuvre fut possible.

« La science et la charité », sujet on ne peut plus d’actualité, est incontestablement cette oeuvre-clef qui m’ouvrit l’esprit à Picasso. Il a 16 ans quand il peint cette œuvre. Je suis resté un très long moment à la contempler. Je donnerai beaucoup pour pouvoir m’asseoir seul face à ce tableau et y rester jusqu’à l’épuisement à le scruter, à l’admirer. 16 ans!

Comment après avoir peint cela à 16 ans peut-on peindre si ce n’est en explorant puis en créant de nouveaux possibles?

Comment vivre de 1897 à 1973 traverser une grande partie du XXème siècle, deux guerres la grippe espagnole, la République et sa destruction, tant d’histoires d’amour, d’amitiés, de chagrins, alors qu’à 16 ans on déjà peint cela?
Je ne prétends ni connaître ni comprendre réellement Picasso. Je suis juste fasciné. J’ai souvent entendu dire, et peut-être dans ma présomptueuse jeunesse l’ai-je dit moi même, en contemplant telle ou telle œuvre de Picasso « un enfant ferait la même »… au-delà que je sais que c’est faux désormais, je sais surtout qu’un enfant ne peint pas ce que Picasso enfant était capable de peindre.
Merci au Musée Picasso Paris d’exister, de continuer au travers des réseaux sociaux de nous faire vivre un peu dans l’intimité de ce génie, et plus personnellement pour moi, merci de tout ce qu’il a rendu possible dans ma vie.

Nb: l’image et le légende sont extraites du site artspla36

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Performances

admin | 9 mai 2018

Guernica. 26 avril 1937. Les aviateurs de la légion Condor, envoyée par Hitler, protégés par les avions de l’armée italienne,  bombardent Guernika en soutien à Franco.

L’Europe de la Barbarie comme aurait écrit mon père.

Condor…, le plan Condor, celui qui mis à l’œuvre en Amérique latine et orchestré par la CIA conduisit mon père, ma mère, mes frères, et tant et tant à l’exil, survivants d’une autre tragédie, parmi tant de morts et disparus.

De la souffrance dans tous les cas. De la souffrance partout. La répression, l’horreur, la guerre, civile.

Pas d’amalgame, pas de comparaison, pas d’addition. Juste la reddition réitéré de la Civilisation devant la Barbarie. Les démocraties tergiversent, mégotent, les barbaries s’associent, conjurent et s’abattent sur les peuples.

Le temps passe. Les mémoires s’effacent. Les souvenirs de ces horreurs disparaissent dans un épais brouillard. Dans quelques générations plus personne ne saura. comme nous ne savons déjà plus grand chose du moyen âge, de la renaissance et de sa face cachée, de la révolution industrielle et de son cortège de violences. Le premier mai est un férié de plus en plus parmi les autres, où même le spectacle pathétique de la division syndicale est devenu accessoire par rapport au déploiement de violences de jeunes en mal d’émotions fortes.

Quelques lignes, de moins en moins nombreuses dans les livres d’histoires officielles viendront conter l’inénarrable.

De nouvelles tragédies, chaque jour sur cette planète de plus en plus petite, envahissent notre espace de conscience, alors quelle place pour ces tragédies du passé dont nous n’avons retenu les leçons?

Il est des artistes, qui aux cotés des historiens, essayent encore et encore de faire perdurer la flamme du souvenir.

Ainsi un jeudi 26 avril 2018, 81 ans après, le Musée Picasso, accueillait la performance de Pilar Albarracin.

En complément des œuvres illustrant le cheminement qui conduit Picasso à créer? composer? cette oeuvre magistrale qu’est Guernica, Pilar Albarracin à l’occasion d’une des rares nocturnes de ce musée créé « en la piel del otro ».

Je ne suis pas coutumier des « performances » (ni en fait même des musées). Ce fut même une grande première. Mais le titre avait déjà de quoi m’attirer « dans la peau de l’autre »… Une belle définition de l’empathie, mais également seul moyen à un moment donné pour transmettre: faire ressentir et partager des émotions.

Des femmes de tous âges et conditions, quatre heures durant étendues par terre, dans de magnifiques robes andalouses, sans bouger, au milieu d’un musée, les visiteurs amenées à les enjamber pour poursuivre la visite.

Cela me fut impossible. Je trouvai tous les moyens pour contourner cette difficulté, et parvenir aux salles supérieures sans devoir enjamber ces femmes.

Inénarrable, cette performance, comme l’horreur. Mais du ressenti, et une source de réflexion sans limites. Étais-je plus noble, en évitant d’affronter la réalité que ceux qui composaient avec celle-ci, et frôlant de leurs pieds le visage d’une « performeuse ».

L’artiste au milieu des autres, une parmi d’autres. 80 femmes, ayant pour des raisons qui leurs sont propres accepté de prêter leur corps, leur âme, à l’artiste, pour nous faire ressentir, et rendre hommage aux victimes de la Barbarie.

On ne sort pas indemne de cette soirée. Je suis resté trois heures. Et ce silence dans lequel j’avais muré ce blog depuis le décès de ma mère, fut enfin brisé. A chacun sa performance.

Quelques jours plus tard, me voici à l’Atelier des Lumières pour voir une exposition d’un tout autre style: une immersion dans des images, projetées, Klimt et Hundertwasser au menu.

Le contraste des sujets, de la forme, est saisissant. Mais à chaque fois cette volonté de rendre le spectateur acteur, lui permettre de ressentir et donc de penser.

J’ai lu d’acerbes critiques ici ou là, dont celle-ci sur laquelle je reviendrai, en raison de la citation de Hegel (https://www.la-croix.com/Debats/Chroniques/guerre-mort-culture-contre-lart-2018-05-02-1200935951)

Moi j’ai apprécié, davantage Hundertwasser que Klimt), mais j’ai de la chance, rien, pas même un flot d’images (n’étant pas aveugle je suis depuis ma naissance soumis a ce stimuli constant d’images, même quand je ferme les yeux) ne saurait m’empêcher de penser, mon esprit chevauche ces images et s’engage dans des chevauchées effrénées. Je plains l’auteur de cette chronique de la Croix, parce qu’il va vivre de plus en plus dans un monde pour lequel il n’a pas envie d’être fait.

Mais trêve de polémique, Hundertwasser ne nous y invite pas, il nous appelle a ressentir l’urbain et la nature, pour y créer symbiose là ou est habituellement perçue une évidente fracture.

Alors je vous recommande les deux, le musée Picasso et l’Atelier des Lumières, chacun à sa façon continue a faire briller des loupiotes de notre passé qui éclairent le chemin de notre devenir. Il faudrait être un barbare pour renoncer à ces lumières.

 

 

 

 

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Mère courage

admin | 10 juin 2016

fliaLe 09 juin 1925 naissait mon père. Le 09 juin 2016 ma mère est décédée. Elle était née le 24 juillet 1928. 87 ans, presque 88.

Fille de Don Rafaël Lopez né à Mecina-Bombaron et Doña Teresa Romera née sur le bateau qui amenait ses parents en Argentine eux aussi originaires d’Andalousie. Doña Teresa naquit dans les eaux territoriales brésiliennes.

Nelida Concepcion Lopez fut fille unique. Son deuxième prénom, qu’elle n’aimait pas, résume la lutte de ses parents pour avoir un enfant. Je crois savoir qu’en réalité elle eut de nombreux frères et soeurs, mais de fausse couches en mort prématurées, elle fut la seule à vivre.

Je crois savoir. Dans cette famille on parle peu de soi. On se raconte peu. Dans cette famille on se passionne pour la politique, pour le sport, pour l’histoire. Dans cette famille on bavarde beaucoup, on partage des idées, on les confronte plus souvent qu’on ne les partage. Mais on ne se raconte pas.

De toute cette omerta, il fallait bien que le dernier sorte exhibitionniste.

Pas très longtemps après la naissance de ma fille, Evita, j’ai essayé de convaincre ma mère d’enregistrer son histoire, notre histoire, pour que tout cela ne se perde pas dans les limbes de l’Histoire.

Je n’ai pas réussi. Tout au plus m’a-t-elle raconté quelques épisodes, parmi ceux que mes frères et mon père, pour protéger le petit dernier que j’étais, avaient essayé de m’occulter. Mais rien que je n’avais en grande partie deviné.

Mais sur elle rien ou presque.

Tout ce que je garde d’elle est dans ses lettres. Écrites lorsqu’elle prit la décision de rentrer en Argentine , et de m’imposer de rester en France.

La première d’entre elles, je l’ai lu et relu des milliers de fois pleurant toutes les larmes de mon corps à chaque fois. Cela fait des années que je ne la lis plus, et je ne sais si j’y parviendrai un jour, car à la seule idée d’ouvrir ce carnet qui la recèle suffit a faire remonter tout son amour, tout mon chagrin et toute la colère contre ceux qui se sont acharnés à briser sa vie.

Mais maman était maman courage.

Elle a tout affronté avec une générosité sans pareille.

Elle fut une fille extraordinaire, qui chérissait ses parents, comme il est à peine encore possible de l’imaginer.

Elle fut une Enseignante extraordinaire, auteure de deux thèses, Historienne et géographe accomplie. Une capacité à transmettre, à vous imprégner de connaissances, absolument impressionnante.

Elle fut une mère exceptionnelle. Elle fut probablement en réalité quatre mères en une. Elle sut être pour chacun des trois frères une mère unique, et pour nous trois le seul lien que l’exil, l’apprêté de la vie ne réussit à briser entre nous.

Je ne sais quelle femme elle fut. En fait là aussi  je crois quand même savoir, un peu, une petite partie. Mais ça, ça ne nous regarde pas.

Elle fut aussi une amie, extraordinaire pour moi, pour mes ami-e-s, d’une chaleur, d’une générosité, sans jamais juger.

Elle fut une amie extraordinaire pour ses amies, d’une fidélité et d’une présence constante.

Elle fut une combattante. Et en ce siècle tragique argentin qu’elle traversa, c’était indispensable. Elle affronta égoïsmes, machisme, préjugés, racisme, xénophobie, la répression et l’exil avec une force sortie d’on ne sait où, dissimulant les profondes blessures que chaque combat lui laissait,et dont une fois ou deux elle ne réussit à  m’en cacher la profondeur.

D’opération en opération elle perdit la vue. Elle qui aimait tant lire. En fut privée. Et aucun substitutif ne vint la consoler de cette nouvelle épreuve douloureuse physiquement et insupportable moralement.

Comme si tout cela n’avait été suffisant Alzheimer vint prendre possession de son esprit. Je n’ai pas su faire face à cette ultime épreuve. Je n’ai pas su être là. C’était au-dessus de mes forces. Je ne sais pas ce qu’est cette maladie, qui avait déjà enfermée ma grand-mère. Je ne sais pas ce l’on ressent dans ce monde « alzheimerisé ». Je sais ce qu’il provoque sur l’entourage. Est-ce un cauchemar permanent, une souffrance totale pour celui qui se trouve exilé de sa propre mémoire? Dans ce cas je suis soulagé que Maman ne souffre plus. Est-ce au contraire un moment d’apaisement au milieu des meilleurs des moments de vie, entouré de ceux que l’on a tant aimés? J’aimerais le croire pour me consoler de n’avoir su être à la hauteur.

Jorge, mon frère, à durant ces longues années tout porté sur ses épaules. Avec une patience, une bonhommie, une générosité en digne héritier des valeurs qu’incarnait notre mère. Il put s’appuyer sur sa fille, son fils, ses ami-e-s.

Carlos à distance fut aussi toujours présent. Je sais combien il aimait notre mère, sa mère, lui le plus secret d’entre nous.

Carlos et Jorge sont des types extra-ordinaires. Je les aime, même si les chemins de nos vies se sont progressivement éloignés. Et que nous avons du chacun faire de notre mieux pour construire sur des sables bien mouvants.

L’exil ne se compte pas en années. C’est une condamnation à perpétuité. Doublée du syndrome du survivant.

C’est décousu, mais je devais bien ces mots à toutes ces personnes qui depuis hier avec leurs messages, m’aident, nous aident, a affronter une épreuve qui pour redoutée qu’elle soit ne nous trouve jamais préparés.

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“Cette manière d’élever le journalisme à la hauteur d’un spectacle permet à ses promoteurs de laisser croire qu’ils ont du talent.” Jean Yanne

admin | 10 février 2016

Séance du Bundestag. Débat sur les écoutes par les services américains des responsables allemands.

Séance du Bundestag. Débat sur les écoutes par les services américains des responsables allemands.

Les journalistes qui ont donc décidé que « l’absentéisme » était la question clé du débat qui se déroule à l’Assemblée nationale, ce ne serait pas parce que ayant eu aquaponey pendant le débat, ils peuvent pas nous commenter la teneur des interventions?

Le principe de l’Assemblée (et ce n’est pas une exclusivité française) est que sur un texte donné, participent au débat (interviennent avec des temps de parole mieux respectés que dans les émissions politiques) ceux qui sont porteurs d’un travail en commission, porteurs d’amendements, bref ceux qui ont travaillé sur un texte.

En revanche lors du vote solennel l’ensemble des députés est amené a se prononcer. La pratique veut que presque toujours le « rapport des forces » de l’assemblée soit respecté.

La droite à décidé de ne pas le faire cette fois ci, et à de ce fait entraîné un absentéisme plus important. La ficelle est grosse. Les « Républicains » ont en effet choisi de laisser, sur un sujet qui divise la gauche, celle-ci s’affronter…

Le gouvernement en programmant ce débat essentiel, à ses yeux, le vendredi et le lundi, a cherché également à faire diversion.
Ils ont obtenu gain de cause. Des journalistes, peu prompts a chercher ce qui se cache derrière la communication officielle, servent bien la soupe (idem sur le remaniement, poudre aux yeux).

S’ils avaient été 577 dans hémicycle lundi soir qu’est que cela aurait changé? Les députés sont des Représentants de la Nation, ils représentent les courants politiques du pays, et sont élus sur une circonscription territoriale mais ne sont pas des élus locaux.
Le seul « courant d’opinion » qui n’était pas représenté lundi soir était le Front National. L’ensemble des autres courants, et sous courants l’étaient.

Mais pourtant le grand gagnant de cette campagne est bien la démagogie, et l’entretien de l’ignorance.

Qui dira que pendant ce débat l’assemblée poursuit son travail. Que d’autres textes essentiels vont venir en lecture très rapidement et sur lesquels seront présents des députés absents lundi soir, et auquel n’assisteront pas certains députés présents ce soir -là?

Qui dira que oui il est indispensable d’aller vers le mandat unique (alors que la droite jure de revenir la-dessus), vers de vrais pouvoirs donnés aux députés, qui parlera du fait que le patron de Volkswagen peut refuser de venir à une convocation d’une commission d’enquête parlementaire, et consentir à y venir quand ça l’arrange?

Je le dis d’autant plus tranquillement, que le député dont je me sens le plus proche est particulièrement assidu, et tout particulièrement lors de ce débat.

Mais j’invite ceux de mes amis qui s’intéressent réellement au débat à lire l’ensemble des documents disponibles sur le lien ci-après.
Aux autres permettez que je vous offre quelques nénuphars virtuels (histoire de relancer un débat nettement plus important  🙂  )

http://www.assemblee-nationale.fr/14/dossiers/protection_nation.asp

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Même pas peur !? (deuxième partie)

admin | 23 novembre 2015

IMG_0156Dans ce café de Vert-le-Grand, il y avait cinq – six habitués et le patron. Je me suis assis un peu à l’écart. Une télé diffuse une chaine d’information en continu. Tous les regards sont rivés sur celle-ci. On y voit  les images de l’assaut contre ce que le procureur qualifiera d’un appartement conspiratif, en Seine Saint-Denis. Le son est coupé. Nous avons donc tous, dans ce café à cette heure matinale,  quelque chose en commun: nous ne supportons pas d’entendre des « journalistes » parler sans savoir, et commenter l’actualité, violente, comme on commente un match de foot…

Et tout comme autour des événements sportifs on nous abreuve de « témoignages » de sportifs avec des questions bateaux qui appellent des réponses sans intérêt on interroge a tour des bras des « témoins » érigés en experts…

Mes « habitués » de Vert-le Grand, se content de lire les sous-titres… et font leurs propres commentaires des images… « c’est pas un assaut… c’est un siège »… « ici on est à l’abri »… »tu parles, s’ils étaient moins cons, ils attaqueraient les petits bleds, comme celui-ci, ici-même dans ce bar, ils tueraient moins de monde me se feraient moins facilement gauler… » un silence glacial traverse la salle… »Oui enfin on les verrait arriver quand même… non?… » bredouille le patron… « de toutes façons ils … » les mots se perdent, le patron a monté le son… les commentaires des « experts » reprennent le dessus… et arrive  le témoignage de l' »hébergeur »… là le son est de nouveau abaissé… les conversations reprennent sur le ton de la plaisanterie et du foutage de gueule… les réseaux sociaux ne réagiront pas autrement…

« Amalgame, amalgame… ils nous prennent pour des cons on sait bien que tous les musulmans sont pas des terroristes… mais on sait aussi que tous les terroristes bouffent pas de porc mais espèrent se taper 70 truies une fois qu’ils se sont fait sauter…  »

Bon il est temps de reprendre une activité normale, je paye mes cafés… je salue la compagnie… non sans prendre en photo ce qui illustre ce post.

« Même pas peur!? » A cet instant, et même depuis vendredi soir, ma première peur ce sont les raccourcis, la contagion de la haine… la loi du talion tellement plus redoutable que l’Etat d’urgence…

Ces gens avec qui j’ai passé un moment, ont peur. Pas peur forcement de mourir demain sous les balles d’un fou de dieu, quoique… mais peur d’un monde qui ne sera plus comme avant…

La guerre qu’ils ont connu à travers le récit de leurs parents ou plus probablement grands-parents, et plus surement au travers des films, des cours à l’école, ne correspond pas à ce qui se déroule sous leurs yeux. « Nous sommes en guerre » reste une expression inadaptée a ce qu’ils vivent et voient se dérouler sous leurs yeux.

L’occupation, les tranchées, tout ce que cérémonie après cérémonie on rappelle de ce que furent les guerres, ne correspond pas à ce qu’ils voient.

Entendons nous je ne rejette pas l’expression. Je pense qu’on est effectivement en guerre. Une guerre idéologique et une guerre militaire. Mais une guerre militaire sans précédent réel sous cette forme là sur le territoire, ou en tout cas avec des gouvernements qui étaient incapables de la nommer et qui par le passé préférèrent éluder ces termes. Avec aussi des ennemis d’une nature radicalement différente des terroristes qui ont sévi par le passé.

Cette fois je pense qu’on cherche à bien nommer les choses… et cela surprend, rend suspicieux…

Hollande en assumant pleinement les conséquences de la constatation d’un État de guerre a déstabilisé la classe politique.

Mais aussitôt montent les craintes d’un « virage sécuritaire », d’un état d’exception, de la mise en cause de l’État de droit. Parallèlement la « théorie du terreau  » prospère jusqu’à Bercy…

De quoi justifier un « même pas peur?! » troisième voire quatrième partie…

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Même pas peur ?! (première partie)

admin | 18 novembre 2015

Heidelberg,_seen_from_the_Philosophenweg,_Germany,_1890s

Avertissement: Je vais essayer dans les jours et probablement semaines qui viennent de mettre par écrit, puis progressivement en forme, un certain nombre de « choses »: idées, ressentis, intuitions, réflexions… Je ne sais quelle forme cela prendra. C’est un fil que je tire, d’une pelote dont je ne connais la longueur. Je garde toujours à l’esprit l’objet principal de ce blog, laisser à ma fille une part de moi. Je veux au travers de cette série d’articles, essayer de lui montrer le cheminement que je poursuis avant d’arrêter une conviction. Essayer de rendre transparente un des volets de ma ligne de conduite que j’essaye de respecter et qui m’a permis d’avancer et me supporter: 1 Réfléchir – 2 débattre – 3 décider 4- mettre en œuvre 5-exercer son droit d’inventaire. J’ai un esprit torturé diront certains, vagabond selon les plus amicaux. Cette règle, pour mécanique qu’elle paraisse parvient à me cadrer. Je ne sais si cela sera de quelque utilité à ma fille, mais j’éprouve ce besoin d’instaurer un échange entre celui que je suis aujourd’hui et celle qu’elle sera demain. Piètre illusion probablement, mais réel besoin. Je vous fais, les quelques spectateurs volontaires, les témoins de cette démarche. N’hésitez pas à commenter, parce que nous ne sommes pas de trop pour établir des ponts.

Même pas peur ?!

La première fois, ce fut en 1986.

Je crois que je l’ai déjà évoqué ici. Après l’assassinat de Malik Oussekine. Moi l’athée, bouffe curé, antireligieux primaire, secondaire et tertiaire, me suis rendu dans une église du quartier latin. Je me suis assis. Et suis resté là sans bouger une heure ou deux, longtemps en tout cas.

Mon anticléricalisme chevronné, se basait, plus encore qu’aujourd’hui où le temps me manque et ma mémoire défaille, sur une lecture attentive de quelques théologiens. Or au fil du temps le lieu de culte s’est « perfectionné » pour utiliser tous les ressorts de l’architecture à établir un pont avec Dieu.

Ne pas croire en Dieu, ne pas être « dupe » du décorum et du medium, n’enlève rien au génie humain qui fait de ces lieux de culte espaces les plus propices à la méditation.

Un homme venait de mourir. Effet collatéral d’une action militante à laquelle je participais très activement. J’avais appelé à la grève. J’avais appelé à manifester. J’avais incité mes semblables à s’opposer au gouvernement. Pas seul bien sûr. Un parmi d’autres. Mais je l’avais fait. Mesurais-je la portée de mes appels? Mesurais-je ma responsabilité dans les injonctions que j’avais émises?

Alors dans cette église vide, après une troisième ou quatrième nuit blanche, je me suis assis. Pas agenouillé, mais il se peut que l’idée m’ait effleuré. J’ai médité. C’est une singulière expérience que la méditation. Une expérience dont on sort différent. Il n’y a là rien de mystique. Il n’y a là rien d’irrationnel. Au contraire même. Le cerveau humain est absolument fantastique. La puissance du raisonnement surpasse tous les super pouvoirs dont on peut rêver.

Je suis sorti de cette église. Différent, donc.  Ni coupable, ni innocent. Simplement conscient.

Après je suis allé dans un café. Et j’ai écouté les gens. Longtemps. Tout le monde opinait. Certains s’engueulaient. Mais pas grand monde ignorait, qu’à quelques rues de là un homme était mort. Tout le monde avait un avis. Tranché.

Tous ces avis-là, je les avais entendus dans mon cerveau à l’Église avant de me rendre dans ce café. La méditation m’avait permis de trier, hiérarchiser, ranger les arguments. Il ne s’agit pas de récuser, de se rassurer, ou de paniquer. Juste ordonnancer, canaliser les flots. Apaiser pour pouvoir penser et agir, en cohérence avec sa conscience.

Alors ce que j’entendais: « il l’a bien cherché » « comment peut-on laisser son gosse sortir en ces circonstances », « salopards de flics »… tous ces propos dont certains plus hardcore que cela, je pouvais les entendre, les analyser… Je m’étais durant deux heures autorisé à ce que mon cerveau exprime tout, et il est allé bien au-delà du pire entendu dans ce lieu fascinant qu’est un café parisien.

Evita, ma fille, ce matin j’ai demandé à ton frère de t’accompagner au collège, pour aller dans l’Église de Vert le Grand. Elle était fermée. Je suis allé au café. Et j’ai écouté.

A ne pas faire les choses dans l’ordre on s’expose à ne pas pouvoir écrire « Même pas peur » sans un point d’interrogation avant le point d’exclamation. Alors j’écris pour trouver ici le chemin de la méditation, et essayer de te montrer que chacun d’entre nous a besoin de son Philosophenweg…

Mais parce que je t’aime. Parce que je t’écris. Parce que tu existes, je sais que je peux laisser le point d’exclamation. Et cette énergie que tu me donnes vaut toutes les Églises du monde.

 

 

 

 

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Rafting

admin | 16 novembre 2015

Il y a de nombreuses années, alors que je ne savais pas nager, et que j’avais peur panique de l’eau, j’ai fait dans la cordillère des Andes, du rafting.

Je ne sais encore comment, ni pourquoi je l’ai fait. Chaque seconde passée sur cet esquif m’a paru une éternité. Me revenaient en mémoire alors, les quelques fois où dans l’Atlantique (de part et d’autre), dans des piscines, dans une rivière de l’Yonne, j’ai perdu pied et paniquant j’ai enclenché une crise d’asthme. Parmi les spectateurs involontaires, il se trouvait, à chaque fois, une ou deux personnes pour me sauver tandis que d’autres riaient croyant à une blague.

Ce jour là dans les Andes, chacune de ces noyades, je l’ai vécue de nouveau dans ce morceau de pneumatique.

Pourtant l' »aventure’ fut exceptionnelle, inoubliable, et je la rééditais à quelques reprises.

Aujourd’hui, des décennies plus tard l’appréhension est toujours là. Le sentiment précis éprouvé à chaque noyade, le goût de l’eau qui inonde ma gorge parfaitement palpable. Mais désormais  je m’amuse dans l’eau.

C’est ce qui me vient à l’esprit pour essayer de faire une analogie avec ce que je ressens depuis vendredi soir. Ce sentiment de noyade, de submersion, de perte totale du contrôle, tandis que simultanément remontent les souvenirs de la bombe qui explose à notre domicile à Mendoza… le bruit, le verre, les cris, le garage envahi alors que nous avons à peine eu le temps de descendre de notre chambre. Je n’avais pas 8 ans, et c’était la « guerre sale ». Puis l’exil. Heidelberg, les affiches recherchant la bande à Baader… un dispositif policier impressionnant dans cette ville où est implanté un des QG américains, puis la France, « Carlos », les brigades rouges, la Rue des Rosiers, Saint-Michel … Chaque attentat fait remonter tous les souvenirs, les émotions, les peurs de cette première fois, là-bas calle Granaderos, 1038 à Mendoza. Le moindre coup de pétard me fait sursauter, encore et toujours, de manière absolument disproportionnée.

On s’en veut dans le même temps de tout ramener à soi. On combat cela, on essaye de permettre à la pensée de reprendre pied, et le contrôle. Une fois encore ce blog sera ma planche de salut, parce que je ne sais pas faire autrement. Recourir à l’écriture, malhabile et changeante pour essayer de contenir le maelstrom intérieur. Parce qu’on essaye de se redresser, et de penser l’après. Penser l’après en essayant de comprendre ce qu’on a loupé la dernière fois qu’on a « pensé l’après » qui ne nous a permis depuis de mieux se maîtriser.

Penser et s’identifier aux proches des victimes. Compatir. Communier. C’est important de communier. Ça n’a rien de religieux. C’est humain. Communier, agir selon des rites toujours réinventés pour se sentir membre de la communauté humaine, cette fraternité mise à mal. Quitter son quant-à-soi auquel on a tenté de nous renvoyer pour ré-embarquer dans l’aventure humaine.

Mais de cette analogie avec le rafting me reviennent deux choses, j’avais soigneusement choisi avec qui monter dans le bateau pneumatique, des personnes aptes à me comprendre et m’aider dans l’épreuve. Et un bateau pneumatique… fluctuant nec mergitur.
Alors je vais être plus soigneux dans le choix de mes compagnons de route et dans le navire que j’emprunte pour affronter à mon petit niveau les flots de haine qui s’abattent sur ce pays qui me recueillit quand le mien sombrait.

 

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Des poilus à l’avant-garde de la Liberté?

admin | 12 novembre 2015

J’ai assisté avec assiduité aux cérémonies de commémoration de la première guerre mondiale, le plus souvent dès le 10 novembre, lors de la veillée organisée en Essonne par le souvenir Français depuis de nombreuses années. Hier j’ai séché, pour des raisons médicales que vous connaissez. .

Grande fut ma surprise en lisant les hommages facebookiens aux poilus de hier. Pour la première fois avec tant de force, me semble-t-il, et cela fait quelques années que je m’intéresse aux commémorations, à la mémoire, on assiste à un glissement sémantique des hommages liés à la deuxième guerre mondiale  vers ceux de la première. Le summum étant une association sportive rendant hommage aux « soldats qui se sont battus pour que nous courions libres aujourd’hui »… et partagé par un militant politique, de mes amis.

Ai-je raté une découverte particulière sur les ressorts de la  « première » guerre mondiale? Ai-je loupé quelques révélations d’archives sur la motivations des dirigeants européens (dont français et allemands) de l’époque? Serais-je passé a coté de quelque aveu de Jaurès qui s’opposait à cette guerre et fut assassiné en réalité pour avoir été un ennemi de nos libertés? Les fusillés pour l’exemple auraient donc-t-ils été ce que leurs meurtriers prétendaient? Bref la première guerre mondiale n’était-elle qu’un prolongement des lumières? Ou simplement assiste-t-on a un dernier avatar du point godwin dans un énorme renversement chronologique, où ‘on ne se contente plus de ramener tout différend contemporain à la deuxième guerre mondiale, mais également toute l’histoire prè-deuxième guerre mondiale comme un simple prélude?

J’avoue que je craignais que les choses ne tournent ainsi face à la mobilisation d’Etat pour commémorer non pas la fin de la guerre en 2018, mais toute la période de guerre. 4 années de commémoration, 4 années de financement d’associations et organismes chargés de nous faire « revivre » la guerre… Quand l’Histoire est prise à témoin, pour des raisons très contemporaines, on finit tôt ou tard par croire que les combats d’aujourd’hui furent les mobiles des combattants de hier, et on on oublie de chercher à comprendre les ressorts profonds d’une époque révolue.

Alors on se retrouve dans le grand come-back du tout est dans tout, et l’avènement d’un nouvel an 0? Il semble qu’il n’y ai plus personne pour se souvenir de la chambre bleu-horizon.
Rendre hommage avec respect à ceux qui sont morts pour la France, aux victimes d’une boucherie sans nom,  j’y souscrit et y contribue de là où je suis autant que je peux. Faire de cette guerre une guerre de libération nationale est un déni du devoir de mémoire, une reprise de la propagande d’époque et rendre incompréhensible l’entre deux-guerres, et par voie la conséquence de la deuxième guerre mondiale, je ne saurai y souscrire. Renier la continuité de la période le serait tout autant. Mais dans cette continuité ne pas voir les ruptures intervenues et le changement fondamental de nature de la deuxième guerre par rapport à cette première c’est tout autant a-historique.

Hommage mille fois oui, reprise sans fard de la propagande d’époque non merci. C’est aussi cela qui me fait refuser encore et encore un « memorial day » assurant un grand meltingpot des commémorations.

Il se peut que je me méprenne,  si vous pouvez éclairer ma lanterne. En attendant je m’en retourne lire Louis la Guigne.

 

 

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Perdre la face

admin | 9 novembre 2015

11216577_10153402037983853_8101853980574256103_nC’est arrivé d’un coup d’un seul, il y a quelques jours.

Dîner en famille, dans la bonne humeur. Soudain, du mal à manger ma soupe. Un clin d’œil à ma fille impossible à faire. L’inquiétude dans le regard de ma tendre compagne.

Aussitôt revient en mémoire l’émission radio écoutée dans les bouchons quelques jours auparavant, sur Europe 1, Rika Zaraï racontant son AVC: son visage soudainement figé, ce bras qui appui sur l’interrupteur et cette lumière qui ne s’éteint pas. Puis la chute. L’hôpital, les commentaires des stagiaires… et cet appel qu’elle répète inlassablement : « réagissez vite, dès le premier symptôme, allez aux urgences, la prise en charge le plus tôt possible est indispensable, cela fait sept ans que je vis enfermée… »

S’il le pouvait mon visage se figerait un peu plus.

Je me lève. J’appuie sur l’interrupteur. La lumière s’éteint. Je la rallume. Je m’assieds. Je prends mon verre de vin, Je bois une gorgée. « C’est rien c’est le bol qui est mal foutu… au verre je bois sans problème« . On rit. Ma fille monte se coucher. « Mon amour, Nous partons à l’hôpital? »

Arrivés à l’accueil, j’indique le symptôme. La prise en charge est immédiate.

J’entends des gens protester, « on attend depuis longtemps, pourquoi lui il passe? » L’infirmière répond avec fermeté.

Prise de sang, de tension, diverses questions, puis dans la salle d’attente. 6/7 patient-e-s s’y trouvent déjà, tout-e-s dans un état apparent bien plus inquiétant que le mien.

Je reste là 5 longues minutes. J’envoie un sms  pour prévenir ma mie que cela va durer longtemps. Je me détends intérieurement. Si depuis le repas, extérieurement je donne le change, intérieurement je bouillonne, et les mots de l’émission me reviennent en une incessante ritournelle que j’essaye de briser en me disant : « Je suis « pris en charge » tout va bien aller« .

Puis une infirmière arrive avec un brancard : « M. Ferrari? »

Je ne sais si mon regard trahit alors ma panique, je revois ces personnes autour de moi, et je passe devant eux… c’est donc grave.

Mis directement dans une chambre, les gestes sont rapides et précis, sans fioritures, mais les mots sont réconfortants : perfusion, électrocardiogramme. Me revoilà seul. Hospitalisé pour la première fois depuis ma naissance… il y 48 ans.

J’essaye d’imprimer le souvenir de ce repas, le rire des « enfants », tous grands, de ma femme, de mes amours… la dernière cène?

La médecin-urgentiste arrive. Elle glisse un bonsoir poli et rapide avant d’enchaîner aussi vite qu’elle peut sur « ce n’est pas un AVC, c’est « juste » (avec le geste qui figure les guillemets) une paralysie faciale, c’est fréquent, on va traiter ça, mais ce n’est rien, vous rentrerez ce soir ».

Encore une fois je ne sais ce qu’exprime mon visage, mais ma gratitude est sans bornes. Non seulement en raison de la nouvelle elle-même mais dans la manière de le dire, cette compréhension de ce que j’éprouve, de ce qu’il y a dans ma tête. Me voici réconcilié avec la profession médicale.

Et si grâce a elle l’inquiétude, la peur s’évanouit, il reste a prendre la mesure de la nouvelle situation. Pendant une durée indéterminée, je dois vivre sans contrôler la moitié de mon visage, ce qui fausse l’expression de l’ensemble. On ne se rend évidement compte de la sur-sollicitation du nerf facial qu’en ces circonstances.

Je mesure que ce sera gênant. Perdre la face, lorsque dans son activité professionnelle on a une importante part de relations publiques, c’est un handicap que j’endurerais à chaque réunion, à chaque discussion.

Je sais, que l’on parle avec sa bouche, mais on communique avec ses mains, et encore davantage avec son visage. Et surtout le visage c’est cet allié qui fait parler le silence.

Mais avant tout rentrer, rassurer ma fille. Et tout lui dire. Toujours ce rejet du non-dit, qui m’a tant fait souffrir enfant.

En en parlant sur les réseaux sociaux, on se rend compte qu’effectivement c’est fréquent. De nombreux témoignages, pas toujours réconfortants, viennent corroborer les propos de l’urgentiste.

Ma fille me fait perfidement remarquer qu’il faut bien ça pour j’ai de nombreux commentaires… Mon demi-sourire cache mal ma grande fierté…

Alors depuis je me tâche un peu plus. Mon œil me fait souffrir, parce qu’il s’assèche. J’explique à mes interlocuteurs ce qui m’arrive. Je délaisse Raspoutine pour Albator, et ça me va bien.

L’ORL rencontré depuis, le total opposé de l’urgentiste, est vite oublié, je préfère rester sur ce qui fut essentiel.

Je ne sais quand ni comment cela évoluera. Mais en tout cas je ne regrette pas de l’avoir rendu public, les messages de soutien, les gestes de sympathie compensent largement mon appréhension à sortir en public. Assumer en toutes circonstances, voilà le seul remède pour ne pas perdre la face au sens originel de l’expression.

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