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Hegel, Hessel, mon père et moi

admin | 11 janvier 2011

Assurément c’est autour d’un Riesling, peut-être un Gewürtzraminer, que nous nous serions assis dans la cuisine de son appartement de Colmar. Hegel et Hessel auraient  alors assez vite trouvé leur place à nos cotés. Nous aurions abordé ce petit fascicule. Ce petit bijou comme il l’aurait probablement qualifié. Il m’aurait parlé de Hegel et de Merleau Ponty… citant le passage d’ « Indignez-vous »:  « L’hégélianisme interprète la longue histoire de l’humanité comme ayant un sens: c’est la liberté de l’homme progressant étape par étape. L’histoire est faite de chocs successifs, c’est la prise en compte des défis. L’histoire des sociétés progresse, et au bout, l’homme ayant atteint sa liberté complète, nous avons l’État démocratique dans sa forme idéale. » Il m’aurait amené sur les pentes escarpées de la pensée hégélienne, par la main, pour que je n’ai pas trop peur de l’abîme en regardant en bas, tout en bas, vers ce que mon cerveau parvient à créer… Il m’aurait montré le lien toujours nié, y compris de facto par Hessel avec Kant (« ton préfèré » aurai-t-il précisé) et Marx…

Nous aurions assurément glissé, sans nous rendre compte, sur le courage de Hessel de s’affirmer Hégélien… bien sûr il m’aurait dit avec un sourire qu’être Hégélien ou Marxiste ne veut rien dire, et que s’affirmer tel c’est nier Hégel ou Marx… Je lui aurais indiqué, tel un communiquant quelconque, que « les temps ont quand même changé », que ce point du livre est passé inaperçu y compris chez les plus hostiles…

Probablement n’aurait-il pas répondu. Nous resservant à mesure que les verres se vident, nous aurions abordé la résistance, le CNR, il aurait eu la gentillesse de me rappeler ce que je lui avais dit quelques années plutôt: comment peut-on nous objecter que la sécurité sociale, la retraite, tout ça n’est pas possible, réaliste, aujourd’hui, alors que cela l’était après guerre. Il m’aurait flatté, en me disant tu vois c’est point pour point ce que dit Hessel… j’aurais souris à mon tour, puis après avoir fait quelques nombreuses digressions, sur le foot, la famille, l’actualité, nous aurions repris, après la sacro-sainte sieste, au moment de l’apéro, notre échange en ouvrant une nouvelle bouteille.

Selon l’humeur de l’un et de l’autre, le besoin de se confronter ou pas, nous aurions abordé ou esquivé la question palestinienne. Il serait allé bien au-delà de  Hessel, et moi bien en deçà, regrettant l’absence de passages sur la nécessaire indignation que l’on doit éprouver de voir un État menacé chaque jour par le geste ou le verbe dans son existence même… Le ton serait monté, l’un et l’autre auraient gagné quelques points Godwin, avant de laisser place à un silence… de mort. Dépassant l’un et l’autre ce que nous pensons réellement, plus proche qu’on ne veut l’admettre y compris sur ce conflit. Mais nous provoquant mutuellement, évacuant d’autres non dits.  Plus tard nous aurions reparlé d’autres chose, et un autre jour encore, serions nous revenu sur le livre. Ou sur un autre.

Avant de le quitter il m’aurait dit : « et puis tu vois, Hessel à 10 ans de plus que moi, j’ai encore le temps… » pour me rassurer face à son état déclinant de visite en visite. Probablement, sur le quai de la gare aurait-il ajouté, sachant qu’il y a peu de risque que mon aptitude à m’indigner s’éteigne un jour en moi: « Plus important encore que l’indignation c’est de projeter, il faut toujours avoir un projet sur le feu, plusieurs mêmes… »

Mais aujourd’hui, et depuis un an seul le silence de mort est là. Souvent je caresse cette chemise recouvrant « Philosophie et Religion » son dernier projet qu’il avait sur le feu…

Pas un jour sans qu’il m’ait – nous ait, avec mes frères – manqué. Et plus personne avec qui parler, comme ça, de ce « petit bijou »: Viejo : te extraño la puta que lo pario…

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Golpe a golpe, verso a verso.

admin | 27 octobre 2010

J’ai commencé ce billet samedi 23 octobre, mais je n’ai pu le finir à temps. Je l’ai fini ce 27 octobre  en essayant de ne pas tenir compte de ce qui a pu se passer depuis.

« Ce soir on fête à la musardière un triple anniversaire. Celui de mon frère Carlos. L’ainé. Un des personnages récurrents de ce blog. Un de ses très beaux textes fut publié ici. Je le relis, à chaque fois que le moral – celui qui compte, le vrai, pas le politique – est un peu en berne, un peu nostalgique. Et surtout il a pris le relais de mon père, en lisant avec attention mes textes. Et parce que chaque génération apporte son amélioration, il va au-délà en commentant.

C’est aussi l’anniversaire de Thomas, le fils de ma chère et tendre, qui me subit depuis des ‘années.Qui a essuyé bien des plâtres, dont bénéficient ses sœurs. C’est le triste sort des ainés.  Il fête ses 20 ans. Mazette! Ses multiples talents, lui assurent certainement un avenir plein de petits et grands bonheurs. Il avance dans la vie sereinement, et cela fait chaud au cœur.

Tous les deux sont nés un 13 octobre. Mais les hasards du calendrier et des disponibilités font qu’on fête cela en ce 23 octobre, jour anniversaire de ce blog.

Ce blog est devenu un compagnon de route. Il est une variante de cet ami imaginaire que j’avais étant enfant. Depuis que j’ai entamé ma traversée du désert, il est là. Je passe moins de temps à y écrire que je n’ai pu le passer en réunions. « Andando », son nom, provient évidemment de ce poème de Antonio Machado, encore un leg de mon père, qui dit notamment: « Caminante, no hay camino, el camino se hace al andar » (« Voyageur, il n’y a pas de chemin, On fait le chemin en marchant »).

Gabriel Garcia Marquez dit dans le prologue des « douze contes vagabonds » : « le simple plaisir de la narration est peut-être l’état de l’homme qui s’apparente le plus à la lévitation. » Cela correspond parfaitement à ce que j’éprouve lorsque je me lance dans l’écriture. J’entre en un état second, avec un haut niveau de concentration qui me coupe du monde et me transporte dans cet ailleurs. Les nombreux articles restés inachevés, s’expliquent par une interruption, il m’est extrêmement difficile de retrouver l’état exact dans lequel j’étais pour poursuivre une écriture ainsi interrompue.  A moins de parvenir a surmonter cette difficulté, je ne serai probablement jamais apte à écrire un livre, tant il est improbable que je puisse rester en pareil état de concentration et d’indifférence au monde qui m’entoure pendant le laps de temps nécessaire.

A cela s’ajoute évidemment l’absence de talent littéraire, mais cela n’empêche ostensiblement pas la publication, quiconque feuillette les catalogues des éditeurs aura du mal à me contredire. Je n’ai nulle prétention en la matière, et n’y voyez pas de la fausse modestie. J’écris par besoin, par plaisir et pour transmettre. Je préfère encore parler, échanger avec des amis. Pour moi « l’écriture est », comme le disait (écrivait) Jules Renard, « qu’une façon de parler sans être interrompu ».

Et effectivement la personne à qui j’ai des choses à dire doit pouvoir me lire – écouter – sans m’interrompre. Parce que je n’écris que pour une personne, quoi qu’on ait pu croire. Pour toi mon Evita, pour que tu aies quelques éléments pour comprendre qui était ton père, si je n’avais le temps ou l’intelligence de te raconter de vive voix. Mais les autres, qui passez par là et m’aidez par vos commentaires, vos réactions, vos sourires, vos encouragements ou vos critiques, à vous qui inspirez ce blog au travers des conversations que nous avons le midi, ou à l’apéro, vous qui corrigez mes fautes orthographico-grammaticales. bref vous qui prenez un peu de ce temps si précieux pour m’aider à continuer à marcher, à seguir andando , et m’aider donc a faire grandir ma fille, à vous donc: Merci – Gracias; »

NB: CQFD, il m’a enfin été possible de retrouver l’état de lévitation après être – lourdement – tombé. On progresse 🙂

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Pour Oward FERRARI

admin | 18 janvier 2010

Je publie ici, avec son accord, le texte rédigé par mon frère Carlos Ferrari-Lopez,que j’ai lu lors des obsèques de notre père, avec une pensée très forte pour Jorge si loin physiquement, si proche par l’esprit en toutes circonstances.

« Pour Oward FERRARI

Toutes les civilisations cherchent à arranger des rites et des coutumes pour faire face à la mort et en protéger le passage.

La notre de civilisation, peut-être parce qu’elle n’en est pas une, a du mal à trouver de nouvelles règles.

Papá nous avait laissé des indications précises que nous suivons sagement.

Né à Mar del Plata en 1925, Papá est allé à Mendoza finir ses études universitaires.

Puis il a commencé à exercer son métier à l’Université de Cuyo, Facultad de Filosofía y Letras.

Marié à Nélida López ils ont choisi de vivre au pied de la Cordillère des Andes. Leurs enfants, par ordre d’apparition, Carlos, Jorge et Luis, ont donc eu la chance inouïe de naître et vivre, un certain temps, sous le merveilleux ciel de Mendoza. Merci à nos parents !

Vous connaissez certaines vicissitudes de l’histoire de Oward.

Je voudrais remonter le temps. A 30 ans, il connaît une première persécution politique et universitaire. Ce ne fut pas la dernière.

Le coup d’état de 1955 amène aux universités argentines et en particulier à Cuyo, l’ordre imposé par les militaires ultracatholiques. Oward, jeune enseignant ayant eu une activité syndicale est menacé ; figurant sur une « liste noire » il prend les précautions nécessaires pour ne pas se faire arrêter. Les élections de 1958 lui donnent la possibilité de reprendre une activité universitaire normale.

Si je m’attarde sur ce fait lointain, c’est parce qu’il est moins connu et pour montrer aussi que la persécution, l’exil et même la prison qu’il a connu dans les années 1970 n’ont pas été dans son cas un accident de parcours mais bel et bien la dure conséquence d’un choix de vie, d’homme libre, d’un penseur sans contraintes.

Hélas, dans l’Argentine du XX siècle, le prix a payer était très élevé.

Dans ce sens, Papá n’était pas une exception…mais il était unique.

Vous avez connu cet homme des années 2000, luttant crânement contre la maladie, accroché à son bureau, entouré de ses livres.

L’homme dont vous connaissez l’œuvre écrite et l’agréable conversation, mu par une passion forte, dévorante : la philosophie et le choc des idées.

Cette passion l’animait d’une manière exclusive, l’isolant, lui faisant prendre des distances, y compris physiques, – oh Colmar !- par rapport à ses proches…

Cette ardeur philosophique pouvait se décliner sous la forme de l’enseignement, la docencia disait-il, ou par l’écriture. Maintenant nous avons ses livres…son secret espoir était qu’ils servent à ceux et celles qui dans les universités sud-américaines n’ont pas accès aux livres fondamentaux ; il se voulait le modeste passeur de la pensée de ses grands amis, Kant, Hegel, Marx. Les livres sont des ponts…disait-il.

Cette passion philosophique extraordinaire l’a maintenu debout jusqu’à la fin de sa vie et ses derniers projets tournaient autour d’une œuvre, avancée mais inachevée, titrée « Philosophie et Religion »…Religion…

Comme nous a dit Jorge, avec ce titre et connaissant Oward peut-être que quelqu’un là haut l’a mal pris…

Je ne ferai pas l’énumération de ses livres.

Il sera possible d’alimenter un site web où les livres de Oward seront mis à la disposition des étudiants et des curieux ; lui, tout consacré à la réflexion et l’écriture n’a pas eu le temps de le faire… !

Très tôt, il s’initia aux secrets et mystères de l’informatique, du traitement de texte. Ainsi il a pu laisser ses machines à écrire (dont il gardait toujours un exemplaire en état de marche…au cas où) et donner une nouvelle impulsion à son œuvre.

Je dois dire qu’il était sans le savoir l’inventeur depuis Mendoza du concept moderne d’hypertexte. Ceux qui connaissaient son bureau peuvent l’attester : ses livres notés, re-notés avec une écriture minuscule, souvent avec des couleurs milles fois différents, qui renvoyaient à d’autres textes, dans d’autres livres étaient de sortes de mille-feuilles de science et de savoir.

Précurseur du post-it avant la lettre, il ajoutait des pages de son cru aux œuvres des plus grands auteurs et ses commentaires venaient compléter les critiques, les traductions et les explications des autres philosophes ; après un passage chez Oward, les livres voyaient leurs pages se multiplier…

Mais il n’y avait pas que l’écrit, j’évoque aussi la qualité et la richesse de sa conversation. Certains ici peuvent en témoigner. Il aimait en particulier prolonger les moments de sobremesa, après les repas, autour d’un verre ou ces derniers temps surtout d’une énième glace…

Alors les sujets s’entrechoquaient, rebondissaient.

Les sujets les plus sérieux : le foot, le vin, les amis, Mendoza, ses petits enfants… ou alors d’autres sujets plus rigolos : la critique de l’Etat libéral ou la crise de la raison !

En tout cas, dans un cas comme dans l’autre, la conversation avec lui était animée, et, en tête à tête, au téléphone ou par internet, toujours émaillée d’humour, de piques, de provocations…et de rires.

Il n’était pas mélomane ; quand il écoutait de la musique sa préférence allait vers les milongas et quelques vieux tangos que nous écoutons aujourd’hui.

Aussi, je pense avoir l’assentiment de mes frères si je dis que Papá était à l’Université un pédagogue rigoureux et à la Maison, un rigoureux pédagogue.

Ainsi il nous a fait grandir. En ce qui me concerne, même très opposé à mes « choix de vie » entre, mettons 15 et 23 ans, il n’a pas cherché à les contrarier. Il me donnait son avis argumenté, parfois vif et virulent, mais il respectait mon choix. Tout en marquant son désaccord il laissait faire. Nous apprîmes à être responsables de nos actes ou de nos passivités ; ça ne fut pas toujours facile…surtout pour lui !

Ses récents voyages en Argentine, tardifs, lui ont permis de retisser des liens intellectuels et affectifs avec les survivants de son époque, avec sa famille, à Buenos Aires, Mendoza, Mar del Plata. Ce furent de moments d’une très intense émotion.

Papá était très discret sur ses expériences de vie, ses blessures et ses sentiments et il n’aimait pas se poser en victime ni faire étalage de ces cicatrices. Mais il n’oubliait pas !

Les souffrances de la prison, de l’exil et de la négation à lui redonner sa juste place universitaire restaient toujours ouvertes. Toutefois, ses voyages en Argentine et la publication de ses livres par la maison d’édition de « son » Université de Cuyo ont été un réconfort mérité.

Dès son arrivée en Europe, en 1975, il a fallu qu’il cravache dur pour travailler et faire vivre les siens. Heidelberg, Toulouse, Colmar…Travail. Travail. Travail.

Nous aurions aimé que tu puisses être un petit peu plus avec tes petites filles, Evita, Brenda, Clara… tes Perles disais-tu. Aussi avec Ramiro, ton footballeur débutant.

Oui, nous aurions aimé… et je sais que Marie-Ange et Martine pourraient dire autant, elles aussi auraient voulu mieux te connaître.

Papá avait des défauts, certainement, je n’en parlerai pas…l’amour est plus fort, beaucoup plus fort ; ça restera entre nous, ses proches.

Ces derniers mois à Toulouse, face au beau Jardin des Plantes, Papá vivait avec Conchita qui l’a soutenu, accompagné et aimé sans retenue.

Il a pu grâce à Conchita finir sa vie au milieu de ses compagnons les livres, de ses manuscrits, de ses photos et de « son monde » comme il aimait dire, et toi Conchita, tu faisais partie de son monde.

Papá :

Voici les vers d’Antonio Machado que tu aimais tant :

« Caminante, son tus huellas

el camino y nada más;

Caminante, no hay camino,

se hace camino al andar.

Al andar se hace el camino,

y al volver la vista atrás

se ve la senda que nunca

se ha de volver a pisar.

Caminante no hay camino

sino estelas en la mar ».

Nos pensées vont vers celles et ceux qui, à Mendoza, Mar del Plata, Buenos Aires, Colmar, ne peuvent pas être avec nous et qui aimaient Oward.

A vous tous, merci. Votre présence est très importante.

Toulouse, le 16 janvier 2010. »

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River Plate

admin | 8 décembre 2009

Je ne suis pas un passionné de football. Je ne connais pas par cœur les matches ni qui a marqué en quelle année ni à la combientième minute. Je ne sais même pas qui est en tête du championnat de France, ni d’Argentine d’ailleurs.  Cela ne tient pas la première place dans mes préoccupations, mais j’aime le foot, j’aime autant regarder ce qui se passe sur la pelouse qu’alentours.

Je garde, des rares fois où j’ai eu l’occasion de jouer au foot, de bons souvenirs. Je ne devais pas être bon, et de nombreux aléas ont conduit à ce que dans mon exil je n’acquière pas le minimum de savoir jouer que j’aurais acquis en restant en  Argentine.

En ces temps particuliers, où la France est interrogée (plus qu’elle ne s’interroge elle-même) sur son identité nationale, et où on supprime l’histoire-géographie de l’année terminale des études scientifiques du secondaire, je souhaite préciser à toutes fins utiles un ou deux détails, avant de poursuivre mon récit.

Je suis Argentin. Ma langue maternelle est l’Espagnol version argentine (un peu comme le québécois vis à vis du français en moins différent…). Mes plats préférés sont les empanadas, l’asado et une bonne salade de tomates avec beaucoup d’oignons. Mon vin préféré est le « San Felipe » pour la bouteille, n’importe quel vin argentin ou espagnol avec de l’eau de seltz pour la soif. Mes sports préférés sont le Polo (parce qu' »on » a souvent battu les anglais jusqu’en 1998, depuis c’est le Brésil et le Chili qui dominent ), le Pato (horse-ball en « français » :-)) et le football. Je suis donc Argentin. A l’âge de huit ans, après qu’on ait arrêté mon frère, mon père, qu’on ai subit un attentat à la bombe alors que nous étions ma mère et moi au domicile familial, nous avons quitté l’Argentine. Mon frère et mon père ayant « bénéficié » d’une loi qui permettait de transformer une peine de prison politique en exil à vie, pourvu qu’un pays vous réclame sont partis en Allemagne!! Nous étions encore en « démocratie » des lois s’appliquaient donc. Une fois mon frère et mon père partis pour l’Allemagne, ma mère « décida » de quitter à son tour le pays, avec moi. Se résignant à laisser ses parents et son autre fils, âgé de 21 ans, actif politiquement et déterminé à rester s’occuper de ses grands parents et du pays…

Me voici à Heidelberg. Ce furent pour moi d’heureuses années, grâce aux sacrifices de mes parents, de ma mère en particulier. Mes frères me manquaient sûrement. L’ainé, que je n’avais vu depuis un certain temps et pour cause, mais que je ne vis pas davantage par la suite et qui dans mon imaginaire ressemblait à Lucky Luke, et devait certainement s’absenter pour aller faire justice.

Puis parce que ma mère ne supportait pas l’Allemagne – je crois – nous partîmes à Toulouse. Ma mère n’y rencontra pas davantage le bonheur. Moi je ne fus pas plus malheureux qu’un autre adolescent étranger arrivé dans cette France de la fin des années 1970. Mes parents dûrent se battre pour pouvoir m’inscrire dans le collège public, moi le métèque. Je dus pas mal bastonner à la récrée, et subir toutes sortes d’humiliations de quelques professeurs, des pions  et du conseiller d’éducation.

Passons sur tout ça, disons juste que ce n’est pas le fait d’une intelligence supérieure si je n’étais pas surpris quelques années plus tard des scores de Le Pen. Juste que, ces 10 à 15% de français, je les avais rencontrés, entendus et vus à l’oeuvre plus d’une fois.

A 18 ans, en 1985, mon père remplit à l’insu de mon plein gré les papiers pour ma demande de nationalité française.

Mon père se voyait refuser une première fois la naturalisation. Lui qui avait interdit qu’on parle espagnol à la maison, nous interdisait de boire du maté au balcon. Buvait du vin français, allait voir le tour de France passer, achetait sa baguette en revenant du PMU.

Lui aussi avait subi et subira d’autres humiliations. Mais il devint Français, sous Pasqua, comme moi.

Je suis Argentin. Je mourrai argentin. Et on dispersera mes cendres sur les Andes. La moitié de mes cendres.

Parce que l’autre moitié on la dispersera là où ma femme et ma fille décideront. Parce que si je suis devenu Français, je ne le suis pas devenu par décret.

1986, décembre.  Malik Oussekine dans cette nuit du 06 au 07 décembre fut assassiné par des forces de l’ordre décomplexées par les propos de ministres et d’ éditorialistes. J’étais alors devenu membre du bureau de la coordination nationale étudiante. C’est en battant le pavé qu’intervint ma première prise de conscience d’appartenir à ce pays, et d’avoir envie et légitimité à me battre contre ceux qui le déshonorent. Ce sentiment qui depuis a grandi dans mon cœur, à force de rencontres, de lectures, de combats communs, est aujourd’hui incarné par ma fille, descendante d’un franco-argentin et d’une franco-italienne  et ce sentiment nul décret ne viendra l’extirper.

Mais Besson de digresser et  revenons au football. Ce qui me fascine dans le football, outre d’y jouer, c’est ce qui l’entoure, ce qu’il suscite. Alors règle numéro un, il faut être un supporter. Il faut choisir son camp. Et ça j’adore. En effet n’est-ce pas passionnant de voir des personnes aimant quelque fois le foot, y jouant vraiment, supporter une équipe au travers de décennies contre vents et marées, quelque soient les joueurs, l’entraineur, ou les financiers et en entendre certains me dire que je ne suis pas très objectif en politique?

Alors dans chaque pays, j’ai mon équipe. Boca juniors en Argentine, comme ma mère et mon frère (celui qui est resté là-bas). Mon père et mon frère ainé sont supporters de Racing, la « Academia ». Pas de supporter de River chez nous… j’y reviendrai.

En Allemagne c’était le FC Köln, je ne sais plus bien pourquoi, mais toujours est-il qu’en 1978, la troisième année ou je le supportais le FC Köln fit selon wikipédia sa « meilleure saison de l’histoire du club qui réalise le « doublé » (championnat et coupe) »… ce désir de s’intégrer est une sur-vérité assurément.

En France ce fut plus compliqué. Au début c’était simple: je vivais à Toulouse, je supportais le TéFéCé. Mon éloignement de Toulouse coïncida avec son déclin. Mais aussi avec mon moindre intérêt pour le football. En m’installant dans l’Yonne je me mis à supporter  l’AJ Auxerre de Guy Roux. Et puis ayant du reprendre mon balluchon, je cessai à nouveau de suivre le foot.

Enfin me voilà en région parisienne depuis suffisamment de temps pour faire mon choix. Le PSG, c’est comme River Plate, c’est juste pas possible. Ce sera donc l’OM. Il aura suffit d’un supporter qui a su me donner envie!

Et pour la coupe du monde, alors? Parce que, et ça n’a rien d’original, tous les 4 ans, le gamin passionné de foot reprend possession de mon esprit, je supporte d’abord l’Argentine, et n’en déplaise à beaucoup, y compris et peut-être même surtout avec Maradona comme entraîneur. Et j’aimerai qu’ils gagnent, pour que les journalistes sportifs argentins aient encore un moment de bonheur.

Ensuite? L’Italie, puis la France, puis l’Espagne, puis le Brésil (oui je rappelle que ma grand-mère est né dans les eaux territoriales Brésiliennes), bon et sinon il restera toujours l’Allemagne. Voilà, voilà, si avec ça je suis pas en demi-finale, c’est que la coupe du monde est truquée… 🙂

Mais revenons à River Plate et à l’élection par les associés du club du nouveau président du club. Il y a eu vote, tricherie avérée, on a recompté, on a obtenu un résultat inversé, on s’apprête à voir la justice s’en mêler.

Rassurez-vous, je ne me prends pas pour Pascal Boniface grand spécialiste de la géo-politique footballistique (mais pas que…) , ni pour Carlos Ferrari-Lopez qui officie parfois sur certaines radios, qui m’a transmis l’info. Allez les lire, ou les écouter si vous voulez des analyses sérieuses et documentées. Je me contenterai de comparaisons faciles que ce soit avec l’Irlande, le PS, les révolutions oranges, ou encore avec la première élection de Georges W. Bush junior.

Force est de constater que la contestation devient une règle, le doute est invoqué sur chaque résultat, la présomption de tricherie est installée. Et le réflexe de « il suffit de revoter » ou « de rejouer » s’installe. Discréditant encore un peu plus la solennité du vote et sapant un des fondements de la démocratie. Quand on voit les débats sur la main d’Henry, ou de Maradona, comment ne pas s’y intéresser, tant ils permettent de parler – pas trop sérieusement – de questions bien plus graves? Comment s’étonner que les politiques s’emmêlent?

Bon allez une petite partie de PES sur Wii s’impose

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