Bonjour caminante du web.
admin | 23 octobre 2009J’ai depuis longtemps aidé beaucoup d’organisations ou de personnes à avoir leur site, leur blog. Certains s’étonnaient que je n’ai pas le mien. La démarche individuelle me paraissait curieuse. Difficile de le dire à celui qui vous demande de l’aider pour en faire un. Difficile de lui décrire le niveau d’égocentrisme et de prétention que cela revêt à mes yeux.
J’ai toujours préféré m’inscrire dans des processus collectifs, aider à corriger tel texte, faire quelques fois le nègre pour un ami, ou porter la parole d’un groupe.
Aujourd’hui je me retrouve, à une exception près, face à l’échec de ma démarche.
Je sais qu’en réduisant mon activité militante, j’aurais un manque. Celui de formaliser mes analyses, de confronter mes idées, d’essayer à travers la discussion de pousser l’autre, donc moi-même, à toujours aiguiser notre pensée, nos arguments.
Je vais essayer de combler ce manque en écrivant ici. Peut-être tiendrai-je un jour, un mois, une vie.
Je ne m’adresse à personne en particulier.
Je ne sais si des personnes viendront le lire. J’écris pour moi. Je l’assume. Peut-être au fond aussi pour ma fille. Lui laisser quelque chose de moi plus tard à elle que j’ai eu si tard. Parce qu’aussi je constate des déficiences de mémoire, qui m’amènent à davantage noter …
Un instant j’avais songé à m’essayer à l’écriture anonyme. Mais je déteste cette pratique. Je hais ceux qui commentent ou écrivent sans se présenter. Assez vite ils se lâchent, se croient tout permis. Et puis parce que quoi qu’on dise, quoi qu’on écrive, celui qui lit a besoin de connaître d’où on parle, d’où on écrit. C’est frustrant parfois, on est jugé avant d’être lu. Récemment j’ai pu expérimenter en citant une phrase qui me paraissait appropriée à ce que subissent en France (et dans tant d’autres pays) les étrangers: »
« Il faut reconnaître tout être humain, sans chercher à savoir s’il est blanc, noir, basané ou rouge ; lorsque l’on envisage l’humanité comme une seule famille, il ne peut être question d’intégration ni de mariage inter-racial. »
Je trouve cette phrase juste. Je déteste l’expression mariage mixte. Elle est méprisante à l’égard de l’institution du mariage qui consacre l’amour entre deux êtres (ou un contrat financier entre deux personnes, selon 🙂 ) et implique quelque chose de contre-nature… Elle est quotidiennement appliquée par les service préfectoraux, mariages mixtes soupçonnés systématiquement d’être des mariages « blancs »…
Sur la notion d’intégration si courante en France, il y a effectivement tant à dire… j’y reviendrai souvent.
Toujours est-il que cela me valut le commentaire suivant: « Cela commence comme du Martin Luther King et cela termine comme du Le Pen! »
Je répondis à mon aimable commentateur : « c’est un point de vue dont tu te doutes que je ne le partage pas. A longueurs de journée j’entends les préfectures qualifier de « mariages mixtes » le mariage entre une personne de nationalité et une personne née à l’étranger… Dans ces mêmes préfectures on explique que l’intégration c’est de ne plus avoir aucun lien avec son pays d’origine… évidemment tout ceci se basant sur les circulaires du ministère de l’identité nationale… »
En réponse arriva l’aveu: « Ton interprétation de la citation me convient bien. Il n’y a pas de mariage mixte puisqu il n’y a pas de différence. Mon propos visait [l’auteur] plutôt que toi, il a défendu des positions sur la séparation raciale, à ce que j’en sais, d’où mon interprétation. désolé de t avoir blessé. »
Et oui était jugé l’auteur des propos, pour l’ensemble de son œuvre en quelque sorte, et non l’idée émise à ce moment là de sa vie. L’auteur était Malcolm X. Mon tort étant d’avoir cité (par honnêteté) son auteur.
La démarche pourrait paraitre juste. Une bonne idée, une bonne phrase ne saurait dédouaner quelqu’un de ses actes. Vraiment? Seuls les êtres parfaits de leur naissance à leur mort auraient le droit de contribuer au génie collectif de l’humanité. Ne devons nous pas plutôt prendre en chaque être ce qu’il apporte de meilleur? L’améliorer à notre tour dans la mesure du possible?
Pour d’autres en revanche on ne prendra qu’une phrase parfois pour démolir toute une vie …
L’anonymat est donc confortable. Il dé-responsabilise celui qui écrit, celui qui lit.
Il n’en reste pas moins détestable. Et si je ne lis presque jamais les commentaires dans les blogs que je suis, je me passionne pour facebook ou les gens assument ce qu’ils écrivent, pour superficiel que cela puisse être, et expriment bien souvent une diversité d’intérêts, de goûts qui rendent internet plus chaleureux.
N’hésitez pas à réagir si vous vous égarez par ici (mais présentez-vous 🙂 ), parce qu’il ne faudra pas compter sur moi pour que j’aille consulter des statistiques de visites.
Il m’arrivera d’écrire sur des personnes… peut-être. Je leur adresserai toujours copie de l’article. Par correction. Ce sera le cas pour la personne citée ci-dessus (bien que non nommée 😉 )
Voilà, et bonne balade à mes côtés le temps de votre passage.
C’est cool ton truc, mais putain, il est ou le sexo quizz sur ce site ? (sinon, c’est vrai que t’es un peu vieux quand même 🙂
Mon commentaire est en attente de modération (comme celui ci d’ailleurs) mais c’est qui ce modération ? (ouai, je sais j’ai pas bien dormi cette nuit, ou alors je vieillis aussi…)
Oh c’est trop bien, quand je tape un smiley avec les deux points et la parenthèse fermante, eh ben, ça devient un vrai smiley jaune ! allez, du coup, j’en refais un 🙂
Sinon, y’a pas les moralicones non plus ? Je demandais juste au cas ou…
Sinon, moi qui suis parfait, je pourrai contribuer « au génie collectif de l’humanité », dis, dis, je pourrai, allez, s’il te plait, dis oui !
moi aussi je veux faire des smileys !
🙂 😉 =)
vas-y générateur de smileys, que la force soit avec toi !
oh ben pourquoi monde cruel !?!?!?
Belle entrée en matière mon loulou ! Fais gaffe Bretigny te regarde ! 😉
Hola Luis !
Je partage ton sentiment sur l’écriture anonyme propice à tant de dérives et excès, mais contrairement à toi je ne pense pas qu’ouvrir un blog soit – uniquement – une démarche égotique.
C’est aussi une occasion de prendre un peu de recul sur son quotidien et de confronter un sentiment ou un point de vue avec d’autres qui veulent bien prendre la peine de partager une réflexion. ou une émotion…ça peu aussi participer d’une aventure collective finalement.
Le travail d’écriture ne se borne pas à jeter quelques mots en vrac sur une feuille de papier, encore moins sur un statut Facebook, éphémère par définition, et le plus souvent superficiel. Ecrire est un travail personnel, et même solitaire, qui a besoin de prendre son temps. C’est indispensable pour approfondir la pensée, organiser les idées, les confronter à celles des autres. Pour beaucoup, c’est un point de passage nécessaire pour faire la synthèse d’un cheminement intellectuel, et la proposer au débat. Il ne s’agit ni d’égotisme ni de prétention, mais juste d’une forme d’expression que ceux qui n’ont pas ton aisance à l’oral peuvent choisir d’utiliser.
Choisir d’en publier le résultat sur un blog individuel plutôt que sur un site collectif n’est pas forcément prétentieux. On peut le faire parce que les thèmes sur lesquels on a besoin de s’exprimer sont trop éloignés de ceux traités par une publication collective ou partagée. On peut aussi simplement avoir besoin de liberté et choisir de publier des réflexions qui n’engagent que soi-même…
Bon courage, donc. J’espère avoir souvent l’occasion de te lire.
Merci pour vos contributions et autres encouragements, ici ou sur facebook. Tout d’abord à Grand Toph, dont les écrits me manquent. Ils me renvoient à quelques réflexions sur la difficulté d’écrire quand on est heureux 😉 …
Ensuite chapeau bas à la famille Pouzol, magnifique exemple qu’il peut y avoir place pour l’amitié en politique.
Merci aussi à Evelyne, Graziella et Jean-François.
Les deux derniers ne m’ont pas convaincus. La démarche du blog (qui contrairement au livre n’implique pas de se confronter à d’autres pour avoir la possibilité de publier et s’assimile aux publications à compte d’auteur, le coût en moins) relève bien pour moi d’une démarche égocentrique et prétentieuse. Tout comme la prise de parole dans une réunion. Je ne le suis pas moins que d’autres, je l’assume, d’autant que je n’ai nulle part (ou presque) où écrire. Et que mes écrits ont fini le plus souvent à leur place… dans la cheminée.
En considérant par exemple que sur un site politique on ne peut publier sur tous les sujets sous toutes ses formes on l’empêche de s’enrichir. Je le regrette mais n’ai eu d’autre choix que d’en prendre acte.
Enfin, je suis bien conscient de la différence entre le « travail d’écriture » et ce que je fais là ou ailleurs.
Ma famille ayant contribué avec une dizaine d’ouvrages au monde de l’édition, je considère que notre contribution collective est largement excédentaire… et m’en dispense 😉 Ils avaient des choses à raconter, et parfois en racontèrent à ma place. Moi je n’ai rien à dire qui ne l’ait déjà été. Je veux juste que ma fille (et moi) se souviennent de ce que j’étais: un jeteur de mots en vrac adorant passer du temps avec ses amis et sa fille.
« Je ne m’adresse à personne en particulier. […] . J’écris pour moi. Je l’assume. Peut-être au fond aussi pour ma fille. Lui laisser quelque chose de moi plus tard à elle que j’ai eu si tard. Parce qu’aussi je constate des déficiences de mémoire, qui m’amènent à davantage noter »
Après les profondeurs fouillées en tous sens par un père, une mère et deux frères il était temps qu’un Ferrari se consacre à remonter en surface…
J’adore jeter les mots en vrac, et lire le fruit des travailleurs de l’écriture que j’admire, que j’admire y compris dans cette manière d’assumer, de dépasser, leur part d’égocentrisme et de prétention.
Encore merci.
[…] du ministre). En effet cette polémique aborde une problématique présente ici depuis le tout premier post et abordée encore rapidement en évoquant il y a quelques jours « la part du diable de […]
[…] blog ait une double fonction décrite dès le premier post : laisser à ma fille quelques éléments de ce qu’avait été son père, me faciliter une […]
[…] citer les auteurs d’une citation, je déroge à mes principes évoqués lors de mon premier post, et vous livre celle-ci anonymisée. Évidemment vous pouvez tricher et googeliser et vous […]
[…] puis probablement également parce que ce qui était vrai en octobre 2009, quand j’ai commencé ce blog, l’est de nouveau d’une certaine manière aujourd’hui: « J’ai […]