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Shana tova, Aid Mabrouk !

admin | 10 septembre 2010

Depuis ma tendre enfance on me souhaite un joyeux noël, de joyeuses pâques, voire même  une bonne ascension…, sans parler de l’an neuf (pour ceux qui doutent l’implication de l’Église Catholique dans notre calendrier Grégorien, un détour par les débats instaurant le calendrier révolutionnaire s’impose assurément)!

Je ne crois pas en Dieu. Non pas que je n’ai essayé. Dans mon enfance, en de moments de très très forte inquiétude, il m’est arrivé de m’agenouiller au pied de mon lit et de prier pour mes parents, ou pour mes frères, lorsque les bribes de conversation captées me faisaient craindre pour eux.

J’ai même eu droit à des cours de religion en Allemagne.

Je me souviens comme si j’y étais ce premier jour à l’école en Allemagne. Mon père et moi dans le bureau de la directrice. Mon père et elle parlent. Ils parlent de moi et je ne comprends rien. Il m’était déjà arrivé enfant que l’on parle devant moi de moi avec des mots dont je ne percevais pas toute la portée, bien sûr. Mais ne rien comprendre, ne rien parvenir a deviner est d’une grande violence. Puis mon père se tourne vers moi et me demande en castillan:  » il y a des cours de religion obligatoire tu as le choix : catholique ou protestant. »

« Je suis quoi? »

« Je sais pas. » me répondit-il.

Je réfléchis, cherchant un repère. J’interroge alors mon père, « la grand-mère elle est quoi? »

« Catholique ».

« Catholique, alors ».

La phrase suivante que me traduira mon père sera: « Tu commences demain ».

Bien sur je ne me souviens pas avec précision des mots, mais la séquence est vraie. Il faut se replacer dans le contexte. Depuis longtemps je n’avais vu mon père. Le saut dans l’inconnu que représentait notre exil, tant pour moi que pour lui, impliquait de faire vite et de s’assurer que ma scolarité souffre le moins possible. Mais tout cela fut violent, et ne m’aida peut-être pas à avoir une approche sereine de la croyance en un être suprême.

De tous les cours le plus pénible fut indéniablement celui de religion. On ne nous enseignait pas l’histoire, mais la bible, et les prières. Bref c’était du catéchisme. Je me souviens aussi de quelques conflits théologiques. De quelques ruses aussi. Ainsi pour ne pas apprendre par cœur les prières et chants, j’invoquais que je priais et chantait Dieu dans ma langue maternelle, en mon for intérieur comme me l’avait appris ma grand mère. J’avais toujours de bonnes notes, j’avais un for intérieur très expressif. Les autres enfants de ma classe allaient a la messe. Les protestants eux jouaient au foot avec le pasteur. Aussi obtins-je de mon père de partir en stage foot avec les protestants au lieu de la retraite spirituelle avec le curé, qui nous vantait les douches froides pour tonifier notre foi.

Un jour j’appris qu’une copine de classe était dispensée de cours de religion. Je forçais mon père à faire de même pour moi. Ce qui lui valut des visites du curé, qui voulait que je reste bien sûr et en outre me faire faire ma communion. Je découvris que mon père pouvait mentir au curé (lui aussi): « sa grand mère ne s’en remettrait pas s’il faisait sa communion sans elle, nous la ferons quand nous rentrerons en argentine … bientôt ». Grand-mère avait le dos large…

A aucun moment mon père, ni ma mère ne cherchèrent à m’influencer. Du moins ne m’en rendis-je pas compte. Quoi qu’il en pensât mon père privilégiait mon intégration et tout ce qui conduisait à marquer ma différence le contrariait. Aini n’avais-je pas le droit de parler espagnol dans la rue (ni même à la maison en réalité), ni boire du maté, …

Mais en tout cas la question de Dieu, des Dieux plutôt fut omniprésente dans mon adolescence. La découverte de l’antiquité m’a fait voir la religion sous un aspect bien plus plaisant et presque convaincant. Si Dieu devait exister il serait bon pour lhumanité qu’ils fussent plusieurs et s’entendent entre eux… à peu près bien.

Puis un jour la question ne se posa plus. Je sus que Dieu n’existe pas, il n’y en a ni un ni plusieurs. Le besoin de croire de l’humain existe mais Dieu non. J’ai surtout compris que je n’avais pas à le démontrer davantage que 2 plus 2 font quatre. Des philosophes ont démontré cela. Mais ce n’est pas cela qui m’importait. Ce qui m’importait c’est que je n’avais pas plus besoin de prouver l’inexistence de Dieu, que je n’avais a demander aux croyants de démontrer son existence. Cela ne peut, ne doit nous empêcher de vivre ensemble.

Mon opposition va uniquement à ceux qui prétendent contraindre à croire, m’obliger à vivre dans la crainte de dieu(x) et qui disent parler en son nom. Je respecte donc ceux qui croient sans prosélytisme et vivent dans l’amour de leur(s) Dieu(x) et non dans la haine des autres.  J’accepte donc leurs vœux pour de joyeuses fêtes, pour lesquelles ils pensent que je peux me sentir concerné, et je leur souhaite à tout le moins que chacune des célébrations qui ont de l’importance à leurs yeux se déroulent dans les plus agréables conditions et les conforte dans leur foi.

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Allemagne, catholique, croyances, Dieu, réligion
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Pélérinage II

admin | 3 septembre 2010

A coté de la fontaine, près de l’église on ne peut rater le séchoir à jambons de Mecina Bombaron. La boutique n’est guère engageante vue de l’extérieur pas davantage que ne l’est le petit panneau indiquant de sonner pour qu’on vienne ouvrir.

A quelques mètres de là un portail est grand ouvert, on aperçoit des jambons suspendus et deux hommes et un enfant qui discutent. La tenue blanche de travail de l’un d’entre eux me laisse espérer qu’il travaille là. Il est un peu plus de midi. Je m’approche d’eux, me fais confirmer que l’homme en blanc travaille là et lui demande à quelle heure il ouvre pour acheter un jambon. « Vers 18 heures ».  Avant de m’éloigner je leur demande s’il est possible de rentrer dans l’église. Ils se regardent, se demandent quel jour on est… Mercredi. Ah oui vers 19h les femmes vont arriver pour la messe…

Je les remercie et m’éloigne. L’homme en blanc m’interpelle. « Tu serais pas argentin? »

Je souris. C’est vrai ici aussi je suis un étranger. « Oui je suis argentin, mais mon grand-père est de Mecina Bombaron ». Étonnement à peine voilé, et curiosité remplacent une retenue légèrement déplaisante.

« Quand est-il parti? »

« Il y a cent ans! »

« Pfiou, cent ans. Et tu connais encore du monde ici? » s’enquiert l’homme en blanc.

« Non, personne. Mes parents sont venus dans les années soixante, je crois qu’ils ont encore rencontré des parents qui se souvenaient de mon grand père. Mais tout cela est loin ».

L’autre homme qui n’avait trop rien exprimé sauf en ce qui concerne l’église dit avec un temps de retard, comme s’il finissait de compter « cent ans? Mais alors il n’a pas connu la guerre ?! Il n’a pas connu El Caudillo!! »

« Non et en plus il avait huit ans quand il est parti ».

On continue à échanger, avec l’homme en blanc, curieux du nom du grand-père, regrettant que je ne connaisse pas son « Apodo », son surnom. Il me fallait au moins le deuxième nom pour savoir de quelle branche des Lopez il était. Je m’engage a demander à ma mère avant de revenir le soir prendre le jambon.

Avant de partir, l’autre homme me lance avec un grand sourire « Bah c’est pas trop grave, la-bas il a connu le Général Péron… il était pas trop mal çui là, non plus. »

Second degré? Provocation ? Nostalgie? A 18 heures ni lui ni l’enfant seront là. L’homme en blanc est bien à l’heure. Je choisis mon jambon. Lui indique que j’ignorais l’apodo de mon grand-père, parti si jeune, mais que la bas on l’appelait « el gringo » et qu’il était Lopez Lopez (ce qui indique qu’il n’a pas « connu » son père). Il s’engagea à interroger les anciens du village, dont son père – 86 ans. En me disant son nom, Romera, je lui indiquais que Mon grand-père avait épousé en Argentine Doña Teresa Romera, née sur un bateau dans les eaux territoriales brésiliennes, mais dont les parents étaient des alpujarras aussi. Assez vite on découvrit que nous connaissions tous deux des Manzano (principaux occupants du cimetière de Mecina) qui  avaient migré à Tupungato et qui étaient nos parents éloignés communs.

Avec mon épouse et mes amis nous quittâmes Mecina Bombaron. Je partais satisfait. Avec ce curieux sentiment de faire partie de l’humanité et de n’être plus l’étranger que j’étais en arrivant. Un dernier regard à l’Église pensant a ceux qui disent qu’on descend toutes et tous d’un seul couple. C’était  après l’expulsion du paradis, avant l’invention des frontières.

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Pélérinage

admin | 2 septembre 2010

Je reviens d’Andalousie. Il y a 100 ans environ, mon grand-père Don Rafaël Lopez Lopez quittait avec sa mère son Andalousie natale. Il était né à Mecina Bombaron, petit village des Alpujarras dans la province de Grenade. Il était âgé de huit/neuf ans. C’est l’âge que j’avais lorsque j’arrivais en Allemagne quittant ma ville de Mendoza.

Je ne sais pas grand chose de mon arrière grand mère. Ni de ses motivations. On peut les deviner. Mais ce faisant on passe probablement à coté de sa vérité. J’ignore tout de mon arrière grand père qui ne reconnut pas son enfant. Au cimetière de Mecina Bombaron je ne pus m’empêcher devant quelques tombes de m’interroger sur le « salaud ».

Je ne sais non plus ce que pouvait penser mon grand-père à huit ans, quittant ce village haut-perché pour une terre lointaine et  inconnue. Éprouvait-il de la peur? de la curiosité? Une insouciance infantile et l’inconscience de l’irréversibilité du voyage? C’est ce que j’éprouvais en réalité. Le reste n’est que construction postérieure.

Mais au-delà de la route, de la ressemblance des paysages avec la province d’accueil que fut pour lui Mendoza, du jambon acheté dans le village même à un lointain cousin assurément (du coté de ma grand-mère), ou du savoureux lapin aux escargots, de la petite église restée « immense » dans le souvenir de mon grand père, ou du cimetière inauguré l’année de naissance de mon grand père, le souvenir impérissable qui restera, c’est de m’être baigné dans la piscine municipale du village… comme un natif.

Mon grand-père me manque. Non seulement depuis qu’il est décédé. Mais durant toutes ces années où la politique me priva de sa présence alors qu’il était en vie et en pleine forme.

Je n’avais fait auparavant qu’un autre « pèlerinage », je suis allé à Boulogne sur mer, lieu de décès du Général San Martin en exil. Et des années plus tard je me rendis sur son lieu de naissance à Yapeyu. Il me reste à aller à Brunoy où Il fut enterré pendant 18 ans avant que ces restes ne fussent rapatriés. Un jour je trouverais la force de me rendre sur la tombe de mon grand-père… peut-être.

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