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La part du diable

admin | 21 janvier 2011

J’adore les polémiques qui font mon ordinaire le temps d’un repas entre amis, d’un apéro… le café du commerce à du bon tant qu’il reste dans la sphère privée. C’est un exercice intellectuel aussi bon que des mots croisés, ou une partie de scrabble ou de risk (façon champlanaise) mais j’essaye tant que faire se peut de les esquiver ici. Ce blog ayant pour vocation essentielle de donner quelque chose de moi à lire à ma fille dans quelques années qui ne soit pas trop « périssable »…

Cependant, il m’est difficile de ne pas évoquer la célébration de Céline décidée  par le ministre de la culture (le comité fait des propositions soumises à la décision du ministre). En effet cette polémique aborde une problématique présente ici depuis le tout premier post et abordée encore rapidement il y a quelques jours dans « l’appel des livres ».

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De l’Hobo…

admin | 13 janvier 2011

Dans la « Couleur locale », nouvelle écrite en 1903 et publiée en français en 1974 dans un tome de l’intégrale (cf. L’appel des Livres) intitulé « Les condamnés à vivre« , Jack London conte l’histoire d’un intellectuel qui s’immerge dans le monde des Hobos. Il s’inspire de son expérience personnelle reprenant des événements présents dans les Vagabonds du Rail, et de sa récente expérience (1902) du reportage qu’il fit des bas-fonds de Londres : Le Peuple de l’abîme.

Selon Wikipédia : « Un Hobo, mot anglais lié à la réalité historique des États-Unis, est un sans domicile fixe se déplaçant de ville en ville le plus souvent en se cachant dans des trains de marchandises, vivant de travaux manuels saisonniers et d’expédients. ». Pour l’étymologie du mot, ma référence habituelle (le CNRTL – Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales) séchant lamentablement, je dus encore me tourner vers Wikipédia :

« Certains s’accordent pour dire que hobo est un jeu de mots sur l’homonymie de la contraction de l’anglais homeless bohemia avec le terme slave Robotnik (ouvrier, travailleur forcé) lui-même à l’origine du mot Robot créé par Karel Čapek en 1920, d’autres affirment qu’il s’agirait plutôt de Houston Bowery, tandis qu’une autre origine possible serait la ville terminus de Hoboken (New-Jersey), point de départ de nombreuses lignes ferroviaires empruntées par les trimardeurs, à moins qu’il ne s’agisse aussi de la contraction de ho boy employés dans les fermes. » ;

Jack London paraît évidement dans la liste proposée par Wikipédia de « quelques personnalités qui sont ou ont été à un moment de leur vie hobo », mais ignore l’étymologie que Jack propose dans « La couleur locale » et  je ne résiste pas à la tentation de vous la fournir:

« Le Hobo, […] est le nom donné dans les prisons des villes et des provinces au local spécial de détention où sont rassemblés les chemineaux[1] les poivrots, les mendiants et le menu fretin des délinquants. Joli en lui-même le mot possède son histoire. Hautbois, en français désigne un instrument de musique en bois, à clés, qui se joue anvec une anche double, et que vous connaissez. En anglais ce nom devient hautboy. Vous vous rappelez dans « Henri IV » :

De l’étuy d’un hautboy
Il faisait sa cour et son toyt

De là à Ho-boy, il n’y a qu’un pas : voilà pourquoi les Anglais employaient indifféremment les deux mots. Mais – et remarquez-le bien, car le saut est stupéfiant – en traversant l’Océan, hautboy ou ho-boy, dévient à New-York le surnom qui désigne l’égoutier. On admet, dans une certaine mesure, qu’il soit né du mépris témoigné aux artistes et aux musiciens ambulants. Mais pourquoi au boueux, au paria, au miséreux, à l’avili, au hors caste ! Et dans son dernier avatar, par une conséquence logique, le mot vient s’appliquer au vagabond américain, j’ai nommé le ‘tramp’. Mais si les autres ont altéré son sens, le tramp altère sa forme et ho-boy se transforme joyeusement en ‘hobo’. C’est pourquoi les vastes cellules de briques et de pierre bordées d’un double et triple rang de couchettes où la Loi a coutume d’incarcérer le vagabond sont dénommées par lui le Hobo. »

Cet extrait montre assez bien la distance qu’il y a entre la diversité de l’œuvre de Jack London et l’image d’Epinal qu’en gardent de ses livres la plupart des personnes. Ce qui amène Francis Lacassin préfacier des « Condamnés à vivre » à conclure : « Quoique traduites de 1934 à 1936 par Louis Postif, ces dix nouvelles n’ont jamais réussi à quitter ses tiroirs […]. Un public qui avait appris à aimer Jack London à travers des héros ne pouvait qu’être indisposé par des victimes. »

Mais si j’ai la passion pour les mots, je ne suis pas un érudit, ni un passionné d’étymologie, ce qui a davantage retenu mon attention sont ces mots que Jack London place dans la bouche du personnage auteur d’un récit sur les hobos :

. « Je prouvai que la société dépense plus pour l’arrestation, le jugement et l’emprisonnement des vagabonds que si elle les hébergeait dans les meilleurs hôtels pendant le même laps de temps. J’étayais mon raisonnement par des faits et chiffres, traitements des policiers, frais de transport, de tribunaux et d’écrou. Ma démonstration, péremptoire, se poursuivait sur un mode léger et humoristique qui appelait le sourire, mais laissait l’aiguille dans la plaie. Je soutenais que le défaut capital du système consistait dans la spoliation et le pillage au détriment des vagabonds. Le bon argent, que la communauté dépensait pour les combattre, leur eût permis de se vautrer dans le luxe au lieu de pourrir dans les geôles. J’allais jusqu’à émettre la possibilité, non seulement de leur payer le meilleur hôtel, mais de leur offrir tous les jours deux cigares à vingt-cinq cents et un coup de cirage à dix cents, sans qu’il en coutât aux contribuables autant qu’ils déboursent d’ordinaire pour les juges et les garde-chiourme. Du reste, ainsi que les événements le confirmèrent par la suite, les contribuables en eurent la puce à l’oreille.

[…] En prenant les contribuables par le fond de leur porte-monnaie, je savais les rendre perméables au sentiment : alors je leur en jetai jusque-là… »

A quoi sert la prison, à quoi sert-il d’investir autant, à réprimer ceux qui vivent en marge de la société, par choix parfois, victimes le plus souvent : des circonstances, de la marche forcée de la société, des addictions, ces chaînes qui vous serrent en vous laissant l’illusion de la liberté et de la rébellion. Est-ce à protéger la société, ou à cacher ces différences qu’elle ne saurait voir ? Enfermer les clochards, les prostitués, cela sert-il autre chose qu’à « rassurer le chaland » (pour reprendre l’expression d’un de mes amis) ? N’est-ce pas aussi donné à bon compte à des forces de l’ordre l’impression de réussir une mission tandis qu’ils échouent fautes de moyens à endiguer des formes plus nuisibles de délinquance ?

Évidemment comment ne pas penser alors aujourd’hui, au risque de quelque anachronisme, aux efforts permanents faits dans notre société contre les immigrés clandestins, ces chemineaux de la mondialisation ?

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  1. [1]Là le CNTRL ne sèche plus je vous en fournis la définition pour montrer aussi le formidable outil que constitue ce site gratuit (http://www.cnrtl.fr/) que j’ai déjà eu l’occasion de citer :

    « CHEMINEAU1, CHEMINOT2, subst. masc.

    Vieilli. Homme qui erre par les chemins et vivant de menus travaux, de charité, ou de larcins. Synon. mod. vagabond. Tous les vagabonds et tous les chemineaux errant bien loin à la ronde (A. France, L’Orme du mail, 1897, p. 210). Il y a plus de trente ans qu’il a quitté le pays et qu’il marche, chemineau ou mendiant (Renard, Journal, 1905, p. 996).

    Rem. 1. Nouv. Lar. ill. précise ,,Nom donné, dans les ateliers de construction, aux ouvriers terrassiers qui vont d’un chantier à l’autre et aux ouvriers travaillant aux déblais et remblais de chemin de fer.«  Pour Lar. encyclop. et Quillet 1965 il s’agit d’un ouvrier agric., d’un journalier. 2. On rencontre ds la docum. a) Le fém. cheminaude. Hors d’ici, la gueuse! Au bois, la cheminaude! Gardons-nous de la vagabonde (M. Lefèvre, Les Gestes de la chanson, 1896, p. 100). b) Le fém. cheminote, signalé ds Rheims 1969 qui cite M. Schwob, Cœur double, O.C., p. 15 : Joues flétries, mollets tordus, dos courbé par les panerées de sardines, c’était une cheminote bonne à marier, et qui donne au terme le sens de vagabonde.

    Prononc. et Orth. : [ʃ(ə)mino]. Pour [ə] muet cf. chemin. Nouv. Lar. ill. traite, s.v. chemineau, le terme qui désigne un vagabond et celui qui désigne l’employé des chemins de fer. Il signale : ,,S’écrit aussi cheminot.«  Pt Lar. 1906 admet chemineau ou cheminot. Ac. n’admet le mot qu’à partir de 1932 et distingue chemineau (vagabond) et cheminot (employé des chemins de fer). Cf. déjà Lar. 20e puis, apr. Ac., Rob., Lar. encyclop., Lar. Lang. fr. Étymol. et Hist. A. 1896 cheminaude (M. Lefèvre, Les Gestes de la chanson, p. 100); 1897 (J. Richepin, Le Chemineau [titre]). B. 1899 cheminot (Nouv. Lar. ill.). Dér. de chemin* « sentier », suff. -(e)au*; le fém. est formé p. anal. avec les mots en -aud, fém. -aude (maraude, ribaude); cheminot par substitution de suff., peut-être sous l’infl. de cheminot1*. Fréq. abs. littér. Chemineau1 : 58. Bbg. Pauli 1921, pp. 20-21.↩

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Hegel, Hessel, mon père et moi

admin | 11 janvier 2011

Assurément c’est autour d’un Riesling, peut-être un Gewürtzraminer, que nous nous serions assis dans la cuisine de son appartement de Colmar. Hegel et Hessel auraient  alors assez vite trouvé leur place à nos cotés. Nous aurions abordé ce petit fascicule. Ce petit bijou comme il l’aurait probablement qualifié. Il m’aurait parlé de Hegel et de Merleau Ponty… citant le passage d’ « Indignez-vous »:  « L’hégélianisme interprète la longue histoire de l’humanité comme ayant un sens: c’est la liberté de l’homme progressant étape par étape. L’histoire est faite de chocs successifs, c’est la prise en compte des défis. L’histoire des sociétés progresse, et au bout, l’homme ayant atteint sa liberté complète, nous avons l’État démocratique dans sa forme idéale. » Il m’aurait amené sur les pentes escarpées de la pensée hégélienne, par la main, pour que je n’ai pas trop peur de l’abîme en regardant en bas, tout en bas, vers ce que mon cerveau parvient à créer… Il m’aurait montré le lien toujours nié, y compris de facto par Hessel avec Kant (« ton préfèré » aurai-t-il précisé) et Marx…

Nous aurions assurément glissé, sans nous rendre compte, sur le courage de Hessel de s’affirmer Hégélien… bien sûr il m’aurait dit avec un sourire qu’être Hégélien ou Marxiste ne veut rien dire, et que s’affirmer tel c’est nier Hégel ou Marx… Je lui aurais indiqué, tel un communiquant quelconque, que « les temps ont quand même changé », que ce point du livre est passé inaperçu y compris chez les plus hostiles…

Probablement n’aurait-il pas répondu. Nous resservant à mesure que les verres se vident, nous aurions abordé la résistance, le CNR, il aurait eu la gentillesse de me rappeler ce que je lui avais dit quelques années plutôt: comment peut-on nous objecter que la sécurité sociale, la retraite, tout ça n’est pas possible, réaliste, aujourd’hui, alors que cela l’était après guerre. Il m’aurait flatté, en me disant tu vois c’est point pour point ce que dit Hessel… j’aurais souris à mon tour, puis après avoir fait quelques nombreuses digressions, sur le foot, la famille, l’actualité, nous aurions repris, après la sacro-sainte sieste, au moment de l’apéro, notre échange en ouvrant une nouvelle bouteille.

Selon l’humeur de l’un et de l’autre, le besoin de se confronter ou pas, nous aurions abordé ou esquivé la question palestinienne. Il serait allé bien au-delà de  Hessel, et moi bien en deçà, regrettant l’absence de passages sur la nécessaire indignation que l’on doit éprouver de voir un État menacé chaque jour par le geste ou le verbe dans son existence même… Le ton serait monté, l’un et l’autre auraient gagné quelques points Godwin, avant de laisser place à un silence… de mort. Dépassant l’un et l’autre ce que nous pensons réellement, plus proche qu’on ne veut l’admettre y compris sur ce conflit. Mais nous provoquant mutuellement, évacuant d’autres non dits.  Plus tard nous aurions reparlé d’autres chose, et un autre jour encore, serions nous revenu sur le livre. Ou sur un autre.

Avant de le quitter il m’aurait dit : « et puis tu vois, Hessel à 10 ans de plus que moi, j’ai encore le temps… » pour me rassurer face à son état déclinant de visite en visite. Probablement, sur le quai de la gare aurait-il ajouté, sachant qu’il y a peu de risque que mon aptitude à m’indigner s’éteigne un jour en moi: « Plus important encore que l’indignation c’est de projeter, il faut toujours avoir un projet sur le feu, plusieurs mêmes… »

Mais aujourd’hui, et depuis un an seul le silence de mort est là. Souvent je caresse cette chemise recouvrant « Philosophie et Religion » son dernier projet qu’il avait sur le feu…

Pas un jour sans qu’il m’ait – nous ait, avec mes frères – manqué. Et plus personne avec qui parler, comme ça, de ce « petit bijou »: Viejo : te extraño la puta que lo pario…

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Carlos Ferrari Lopez, Colmar, famille, Hegel, Hessel, Jorge Luis Ferrari, Oward Ferrari, philosophie, réligion
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L’appel des livres

admin | 7 janvier 2011

J’ai l’impression qu’il a toujours été là, à mes cotés. Je ne me souviens plus de comment se passa notre première rencontre. Ses récits, ou les adaptations de ceux-ci ont toujours hanté mon esprit. Aux différentes périodes de ma vie une de ses si nombreuses œuvres est venu m’épauler. Je le connais peu en réalité. En tout cas je le découvre encore.

Ma mémoire, cette éternelle traitresse, a parfois mélangé ses œuvres avec celles de Marc Twain. Il me faudra donc relire Marc aussi, pour démêler tout ça. Il faudra que je me dépêche avant que les censeurs aient agi et réécrit dans un prétendue langue politiquement correcte son œuvre (cf. l’article du monde du 06 janvier 2011).

Toujours est-il qu’un jour, chez Boulinier en descendant du rayon BD, en ayant réussi à résister aux tentations afin de ne pas subir une fois de plus les foudres de mon banquier. Hésitant je m’arrêtais au milieu des marches de l’escalier en colimaçon de ce célèbre magasin. Une furieuse envie de remonter me tiraillait. Mon regard se posa alors sur le haut d’une bibliothèque.   S’y trouvait un série de livres grossièrement ficelés et recouverts de poussière. Il me fallut me pencher par dessus la balustrade pour savoir de quoi il s’agissait. Les œuvres complètes de Jack London en édition cartonnée de 1974. Je demandais a un vendeur le prix de cette série. Il fut d’abord surpris, ignorant qu’ils avaient ça. Il se renseigna et m’indiqua le prix. Je grimaçais. Non que je voulais négocier le prix, j’en suis incapable, mais pensant aux nombres de BD auxquelles je venais de résister, et aux remontrances qu’entraînerait cet achat. Le vendeur me dit alors: « allez je vous fais 20″% ». Et hop le pigeon était plumé, mon banquier allait pouvoir récupérer en frais bancaires, les 20% qu’indirectement il venait de me faire « économiser ».

Bref voilà comment se retrouva une étagère entière occupée par ce cher Jack. Il en aura souvent changé avant que je m’installe confortablement dans la bibliothèque aux cotés de la cheminée pour commencer la lecture. J’ai choisi « Les condamnés à vivre ». Recueil de nouvelles écrites entre décembre 1900 et septembre 1916, moins de deux mois avant sa mort.

Dans les mois à venir donc, j’écrirais sur ce compagnon de route.

Dans la veine de ce qu’il arrive à Marc Twain, il a régulièrement été attaqué. Le dernier article en date est je crois de Johann Hari. Chroniqueur du The Independent et à qui Amnesty international à décerné en 2010 le prix de « journaliste de l’année. Le titre de son article est sans appel : « La part du diable de Jack London » où il décrit un Jack London alcoolique, « apôtre de la rébellion violente et de l’assassinat politique », « socialiste-révolutionnaire » et … « raciste ». Autant de scoops … pour qui n’a jamais lu Jack.

Quand j’aurais fini la lecture de Jack, (et de Marc Twain) et que j’aurais acquis une connaissance plus approfondie des États-Unis du XIXème – début du XXème siècle, je me pencherai peut-être sur les imminentes personnalités qui jugent avec les yeux d’aujourd’hui  la vie et les mœurs de nos ancêtres. Que ce soit pour le code noir, la mort du Roi ( 😉 ) ou les écrivains américains de la fin du XIXème,… enfin si j’ai pas mieux à faire…

NB: aujourd’hui on trouve sur e-bay la même collection pour … 12€50. Mais reconnaissez que ça moins de charme… 😉

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Tortueux

admin | 4 janvier 2011

Je ne cesse de me répéter la phrase. J’ai beau la tourner et la retourner dans ma tête, je ne parviens à comprendre. J’ai regardé la séquence en entier. Les différentes interventions. C’est clair, c’est net. Rien à redire. Ou alors juste pour chipoter. Mais cette formule là… J’ai beau la placer dans le contexte, l’en extraire, chercher des explications. Non rien n’y fait ça me reste en travers. Vous me direz que j’ai un esprit bien tortueux. Me fixer ainsi sur une petite phrase. Une formule passée dans le langage courant. Une simple maladresse qui ne saurait cacher d’autres phrases bien plus lourdes de sens et de conséquences auquel elle voulait répondre.

Assurément mon esprit est tortueux comme les chemins que j’ai emprunté pour parvenir jusqu’ici. Tous les chemins ceux de l’amour, ceux de la politique, ceux de la vie ont été tout, sauf droits.

Mais quel lecteur de ce blog s’étonnera de ma colère? Il se nomme « andando« . Il est inspiré des vers de Antonio Machado: « caminante no hay camino el camino se hace al andar…« . Alors le droit chemin je laisse cela au Pape, à l’autre Benoit, qui pourtant ne cesse ces derniers mois d’emprunter les chemins de traverse pour justifier les injustifiables erreurs de son Église, en matière de Sida, de pédophilie, de sexualité en général. En attendant peut-être, au moment où en Argentine on a enfin condamné Videla et consorts à de la vraie prison, de se pencher sur le comportement ignoble de tant d’évêques complices actifs de tant de dictateurs.

Non, ni pour atteindre le paradis, ni en politique il n’est de droit chemin. L’enfer ne guette pas celui qui sort du sentier. Le sentier il se construit chaque jour, ensemble… ou pas. Manuel a décidé de cheminer seul. Soyons honnêtes il n’est pas tout à fait seul. Il a pour le suivre outre la direction fédérale de l’Essonne,  ici où là des membres du PS qui pensent comme lui. Il est pour quelques élus un peu timorés, celui qui ose dire ce qu’ils pensent haut et fort, et qu’ils ne peuvent dire de peur d’être voué aux attaques de leur section. Manuel a fait le nécessaire, il ne court aucun risque de ce coté là.

J’ai réagi vite, vivement, avec mon humour à moi, aux propos de Manuel. Non pas parce qu’il n’aurait pas le droit de développer des idées neuves, ou même agiter des vieilles lunes en faisant les fonds de tiroirs d’une droite éculée. Il a tous les droits de la terre. Mais cette liberté implique l’égalité, donc la réciprocité de cette liberté. J’ai réagi non parce qu’il aurait touché un tabou, ou parce qu’il serait sorti du droit chemin mais parce qu’il ne respecte pas les règles communes et que je suis en désaccord avec sa proposition. Jérôme Guedj a écrit sur facebook (et pas sur son blog, je suppose pour ne pas interférer avec la campagne des cantonales) cela avec bien plus de finesse et de recul que je ne saurai le faire ou que ne l’a fait Benoit. Je vous invite à lire son texte.

Ma réaction est aussi un ras le bol, depuis de longs mois je regrette le comportement d’un certain nombre de camarades, Manuel est loin d’être le seul,  qui bien qu’en désaccord avec les textes soumis au vote des militants, s’abstiennent au mieux, au pire s’éclipsent au moment du vote. Je regrette cette notoire absence de courage, de travail ou cet excès de calcul de communiquant, qui consiste à ne pas débattre quand c’est à l’ordre du jour, à ne pas assumer ses désaccords, à ne pas  proposer au vote des militants des alternatives, mais les porter plus tard devant la presse et brouiller ainsi le message de la majorité du parti. Ces habitudes héritées de la période Hollande, sont dramatiques. Non pas pour aujourd’hui, mais pour demain. En cas de défaite. Parce que si en 2012, comme certains semblent le souhaiter y compris à gauche, le parti socialiste échouait à rassembler la gauche et au-delà, une majorité de Français pour prendre le pouvoir et mettre en œuvre la politique proposée aux français par la majorité des militants, et après accord – non seulement inévitable, mais souhaitable – avec nos partenaires (rouge, vert, …) le parti socialiste se retrouverait comme après 2002 sans alternative à proposer pour relever la gauche.

Oui il est sain qu’il y ait débat, mais il est plus sain que celui-ci ne soit pas un débat permanent sur les mêmes questions. Il est nécessaire de se fixer un cadre commun de débat. Un timing pour ce débat. Il faut chercher à dégager les points d’accords, qui font que l’on se retrouve dans la même organisation politique. Mais il faut aussi avoir le courage, et l’honnêteté de pointer clairement, noir sur blanc les divergences. Il faut dans la tradition de la gauche démocratique, confronter texte(s) contre texte(s), et trancher par le vote, après une période de débat loyal et réel. Une fois les questions tranchées, la majorité met en œuvre et porte la parole du parti, et la/les minorité(s) portent l’alternative possible, sans renoncer à leurs convictions. Ils continuent à l’intérieur du parti à chercher à convaincre et devenir majoritaire, quoi de plus légitime? Voire expriment à l’extérieur, leurs nuances sans chercher à semer le doute sur ce que seraient les intentions du parti mais en s’assumant minorité.

Ce que je décris n’est pas un droit chemin. C’est un chemin possible, assurément semé d’embuches. Mais c’est la décision de faire ce chemin ensemble, sans s’interdire d’explorer parallèlement d’autres voies qui fait sens dans l’appartenance à un parti.

Manuel en se taisant il y a 6 mois au moment de la convention nationale, en ne pipant mot sur cette proposition durant le mouvement des retraites préférant s’exprimer dans « son » livre (on n’aura j’espère pas le culot de nous opposer aujourd’hui que ce qui est dans le livre doit être connu ni qu’il y aurait une date de péremption après laquelle on n’aurait plus le droit que de dire amen) indique qu’il n’est pas dans la construction d’un chemin collectif possible ni dans le respect des règles adoptées ensemble. Il indique ainsi être dans la crainte de devoir se compter. Il a probablement tort. Ne me déplaise, je suis sur qu’il représente plus dans l’intimité de l’isoloir, que bien des personnes ne font mine de le croire. Mais surement moins qu’il n’est nécessaire, pour garder sa position de chouchou des médias.

Manuel cherche à imposer son rythme, à mettre en pratique cet adage de communicant: « peu importe ce que l’on dit de moi, pourvu que l’on parle de moi ». Il cherche à exister dans les six mois qui viennent, parce que après, il le sait, les médias se détourneront de lui lorsque les primaires approcheront. Il lui faudra alors aller encore plus loin dans la « provocation » pour exister … ou se rallier. Comme jadis ce partisan du non au traité européen se rallia au oui: « J’étais partisan du non, mais face à la montée du non, je vote oui ».

Que personne ne rêve. En cas d’échec en 2012 de la gauche, Manuel ne ralliera pas la droite. Il rêve probablement d’être le Blair français, certainement pas un sous Besson. Au pire à 70-75 ans si tout va mal pour la gauche d’ici là, deviendra-t-il un nouveau Kouchner… et encore.

Donc oui on peut débattre des 35 heures.  La question était à l’ordre du jour de la convention pour un nouveau modèle de développement économique, sociale et écologique. Non Manuel ne s’est pas exprimé a ce moment là. Il n’a pas proposé d’amendement soumis au vote des militants.

J’aurais évidemment voté contre un tel amendement et voici succinctement pourquoi : Je suis en désaccord avec cette proposition qui n’est pas sacrilège, mais simplement incompatible avec mon vote. Lorsqu’on travaille 41 ans, que l’on a 5 semaines de congés payés par an, travailler 3 heures de plus par semaine cela représente 5800 heures de travail en plus dans une vie… soit l’équivalent de près de 3 ans et demi de de travail en plus. 3 ans et demi que l’on ne consacre pas à sa famille, 3 ans et demi que l’on ne consacre pas à la vie citoyenne. 3 ans et demi qui s’ajoutent aux années passées dans le transport pour aller et revenir du travail (le temps moyen en France passé dans les transports étant d’une demi-heure par jour, soit 2h30 par semaine…). Les trente cinq heures, la réduction du temps consacré au travail au cours de sa vie, sont un choix de civilisation à dit jadis Michel Rocard. Il m’avait convaincu. Je suis toujours pour cette civilisation dans laquelle le travail occupe une place essentielle permettant d’assurer son bien être personnel, familial, etc. et participant de la construction de la société. Mais une civilisation qui fait que l’on travaille pour vivre et non dans la quelle on ne vit et on ne saurait s’épanouir que par le travail. De plus Manuel va plus loin, il espère que par un coup de baguette magique le patronat tout heureux de voir rester les salariés plus longtemps dans l’entreprise leur augmente – sans aide de l’état – les salaires… tous les salaires de … 8,5%. Quelque soit la taille de l’entreprise, quelque soit le chiffre d’affaire, quelque soit la structure des gains de l’entreprise. Pour le coup, s’il y en a un qui n’a vraiment tiré aucune leçon de notre action passée au gouvernement c’est, je crains bien Manuel. Enfin, comment oublier que la négociation sur le temps du travail a donné lieu presque partout à des négociations sur l’organisation du travail, des pauses ont été rognées, et le patronat (et cette expression n’a pour moi rien de méprisant) a logiquement cherché à faire faire au maximum en 35 heures ce qui était fait en 39 auparavant. Rappelons que par exemple la société Bigard avait réduit les temps des pauses pipi (jusqu’à ce qu’un grève et un tribunal mette fin à la pratique – par précaution je n’ai jamais plus acheté de viande Bigard. Au passage un tribunal vient de condamner une entreprise argentine de Bus qui obligeait ses chauffeurs à porter des couches). Quid lors de l’accroissement de la durée légale, on rallongera les pauses clopes? ? (Bon pour aller plus loin et plus rigoureusement sur le fond je vous invite à m’imiter et à vous abonner à Alternatives économiques.c’est pas beaucoup plus cher que les livres de Manuel)

Donc sur la forme (mais en politique la forme que prend la prise de décision et l’élaboration de propositions sont du fond) comme sur le fond je suis en désaccord avec Manuel. Avant de clore ce long article, un point qui me tient à cœur. Qui relie forme et fond. Nul besoin en France lorsqu’on est attaché au rôle des parlementaires d’attendre une présidentielle pour avoir ce débat. C’est après la dissolution après une législative que la gauche plurielle a mis en œuvre les 35 heures. Pourquoi le député Valls, auteur parfois d’excellentes propositions de loi, comme celle sur le droit de mourir dans la dignité, ne dépose-t-il pas une proposition de loi accroissant la durée légale du travail? Est-ce la « discipline » de groupe qui le fait hésiter? Si tel est le cas, c’est une excellente nouvelle pour Benoit. Et l’année commence mieux politiquement qu’il n’y paraît. Pour moi ça ne change pas grand chose, j’ai toujours trouvé que discipline de groupe et droit chemin sonnaient aussi mal.

Il y a dix ans j’adhérais au parti socialiste. Je ne le regrette pas, même si je me dis souvent qu’ailleurs qu’en Essonne, j’aurais pu m’intégrer. Une des choses que j’ai apprises, c’est que dans ce parti peut être plus que dans tout autre (à l’exception des verts peut-être) il faut accepter d’être dans le même parti que des personnes avec qui on n’a en commun que la carte. Ce n’est pas une raison pour vouloir leur enlever. Au final de cet écrit tortueux j’arrive peut être à comprendre pourquoi la phrase de Benoit passe si mal et m’affecte bien plus que les propos de Manuel. Benoit fait parti de ces camarades avec qui je partage bien plus qu’une carte.

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35 heures, Antonio Machado, Benoit Hamon, Bénoît XVI, Jérôme Guedj, Manuel Valls, Michel Rocard, Videla
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