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Performances

admin | 9 mai 2018

Guernica. 26 avril 1937. Les aviateurs de la légion Condor, envoyée par Hitler, protégés par les avions de l’armée italienne,  bombardent Guernika en soutien à Franco.

L’Europe de la Barbarie comme aurait écrit mon père.

Condor…, le plan Condor, celui qui mis à l’œuvre en Amérique latine et orchestré par la CIA conduisit mon père, ma mère, mes frères, et tant et tant à l’exil, survivants d’une autre tragédie, parmi tant de morts et disparus.

De la souffrance dans tous les cas. De la souffrance partout. La répression, l’horreur, la guerre, civile.

Pas d’amalgame, pas de comparaison, pas d’addition. Juste la reddition réitéré de la Civilisation devant la Barbarie. Les démocraties tergiversent, mégotent, les barbaries s’associent, conjurent et s’abattent sur les peuples.

Le temps passe. Les mémoires s’effacent. Les souvenirs de ces horreurs disparaissent dans un épais brouillard. Dans quelques générations plus personne ne saura. comme nous ne savons déjà plus grand chose du moyen âge, de la renaissance et de sa face cachée, de la révolution industrielle et de son cortège de violences. Le premier mai est un férié de plus en plus parmi les autres, où même le spectacle pathétique de la division syndicale est devenu accessoire par rapport au déploiement de violences de jeunes en mal d’émotions fortes.

Quelques lignes, de moins en moins nombreuses dans les livres d’histoires officielles viendront conter l’inénarrable.

De nouvelles tragédies, chaque jour sur cette planète de plus en plus petite, envahissent notre espace de conscience, alors quelle place pour ces tragédies du passé dont nous n’avons retenu les leçons?

Il est des artistes, qui aux cotés des historiens, essayent encore et encore de faire perdurer la flamme du souvenir.

Ainsi un jeudi 26 avril 2018, 81 ans après, le Musée Picasso, accueillait la performance de Pilar Albarracin.

En complément des œuvres illustrant le cheminement qui conduit Picasso à créer? composer? cette oeuvre magistrale qu’est Guernica, Pilar Albarracin à l’occasion d’une des rares nocturnes de ce musée créé « en la piel del otro ».

Je ne suis pas coutumier des « performances » (ni en fait même des musées). Ce fut même une grande première. Mais le titre avait déjà de quoi m’attirer « dans la peau de l’autre »… Une belle définition de l’empathie, mais également seul moyen à un moment donné pour transmettre: faire ressentir et partager des émotions.

Des femmes de tous âges et conditions, quatre heures durant étendues par terre, dans de magnifiques robes andalouses, sans bouger, au milieu d’un musée, les visiteurs amenées à les enjamber pour poursuivre la visite.

Cela me fut impossible. Je trouvai tous les moyens pour contourner cette difficulté, et parvenir aux salles supérieures sans devoir enjamber ces femmes.

Inénarrable, cette performance, comme l’horreur. Mais du ressenti, et une source de réflexion sans limites. Étais-je plus noble, en évitant d’affronter la réalité que ceux qui composaient avec celle-ci, et frôlant de leurs pieds le visage d’une « performeuse ».

L’artiste au milieu des autres, une parmi d’autres. 80 femmes, ayant pour des raisons qui leurs sont propres accepté de prêter leur corps, leur âme, à l’artiste, pour nous faire ressentir, et rendre hommage aux victimes de la Barbarie.

On ne sort pas indemne de cette soirée. Je suis resté trois heures. Et ce silence dans lequel j’avais muré ce blog depuis le décès de ma mère, fut enfin brisé. A chacun sa performance.

Quelques jours plus tard, me voici à l’Atelier des Lumières pour voir une exposition d’un tout autre style: une immersion dans des images, projetées, Klimt et Hundertwasser au menu.

Le contraste des sujets, de la forme, est saisissant. Mais à chaque fois cette volonté de rendre le spectateur acteur, lui permettre de ressentir et donc de penser.

J’ai lu d’acerbes critiques ici ou là, dont celle-ci sur laquelle je reviendrai, en raison de la citation de Hegel (https://www.la-croix.com/Debats/Chroniques/guerre-mort-culture-contre-lart-2018-05-02-1200935951)

Moi j’ai apprécié, davantage Hundertwasser que Klimt), mais j’ai de la chance, rien, pas même un flot d’images (n’étant pas aveugle je suis depuis ma naissance soumis a ce stimuli constant d’images, même quand je ferme les yeux) ne saurait m’empêcher de penser, mon esprit chevauche ces images et s’engage dans des chevauchées effrénées. Je plains l’auteur de cette chronique de la Croix, parce qu’il va vivre de plus en plus dans un monde pour lequel il n’a pas envie d’être fait.

Mais trêve de polémique, Hundertwasser ne nous y invite pas, il nous appelle a ressentir l’urbain et la nature, pour y créer symbiose là ou est habituellement perçue une évidente fracture.

Alors je vous recommande les deux, le musée Picasso et l’Atelier des Lumières, chacun à sa façon continue a faire briller des loupiotes de notre passé qui éclairent le chemin de notre devenir. Il faudrait être un barbare pour renoncer à ces lumières.

 

 

 

 

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