Des poilus à l’avant-garde de la Liberté?
admin | 12 novembre 2015J’ai assisté avec assiduité aux cérémonies de commémoration de la première guerre mondiale, le plus souvent dès le 10 novembre, lors de la veillée organisée en Essonne par le souvenir Français depuis de nombreuses années. Hier j’ai séché, pour des raisons médicales que vous connaissez. .
Grande fut ma surprise en lisant les hommages facebookiens aux poilus de hier. Pour la première fois avec tant de force, me semble-t-il, et cela fait quelques années que je m’intéresse aux commémorations, à la mémoire, on assiste à un glissement sémantique des hommages liés à la deuxième guerre mondiale vers ceux de la première. Le summum étant une association sportive rendant hommage aux « soldats qui se sont battus pour que nous courions libres aujourd’hui »… et partagé par un militant politique, de mes amis.
Ai-je raté une découverte particulière sur les ressorts de la « première » guerre mondiale? Ai-je loupé quelques révélations d’archives sur la motivations des dirigeants européens (dont français et allemands) de l’époque? Serais-je passé a coté de quelque aveu de Jaurès qui s’opposait à cette guerre et fut assassiné en réalité pour avoir été un ennemi de nos libertés? Les fusillés pour l’exemple auraient donc-t-ils été ce que leurs meurtriers prétendaient? Bref la première guerre mondiale n’était-elle qu’un prolongement des lumières? Ou simplement assiste-t-on a un dernier avatar du point godwin dans un énorme renversement chronologique, où ‘on ne se contente plus de ramener tout différend contemporain à la deuxième guerre mondiale, mais également toute l’histoire prè-deuxième guerre mondiale comme un simple prélude?
J’avoue que je craignais que les choses ne tournent ainsi face à la mobilisation d’Etat pour commémorer non pas la fin de la guerre en 2018, mais toute la période de guerre. 4 années de commémoration, 4 années de financement d’associations et organismes chargés de nous faire « revivre » la guerre… Quand l’Histoire est prise à témoin, pour des raisons très contemporaines, on finit tôt ou tard par croire que les combats d’aujourd’hui furent les mobiles des combattants de hier, et on on oublie de chercher à comprendre les ressorts profonds d’une époque révolue.
Alors on se retrouve dans le grand come-back du tout est dans tout, et l’avènement d’un nouvel an 0? Il semble qu’il n’y ai plus personne pour se souvenir de la chambre bleu-horizon.
Rendre hommage avec respect à ceux qui sont morts pour la France, aux victimes d’une boucherie sans nom, j’y souscrit et y contribue de là où je suis autant que je peux. Faire de cette guerre une guerre de libération nationale est un déni du devoir de mémoire, une reprise de la propagande d’époque et rendre incompréhensible l’entre deux-guerres, et par voie la conséquence de la deuxième guerre mondiale, je ne saurai y souscrire. Renier la continuité de la période le serait tout autant. Mais dans cette continuité ne pas voir les ruptures intervenues et le changement fondamental de nature de la deuxième guerre par rapport à cette première c’est tout autant a-historique.
Hommage mille fois oui, reprise sans fard de la propagande d’époque non merci. C’est aussi cela qui me fait refuser encore et encore un « memorial day » assurant un grand meltingpot des commémorations.
Il se peut que je me méprenne, si vous pouvez éclairer ma lanterne. En attendant je m’en retourne lire Louis la Guigne.