Andando

  • rss
  • Accueil
  • À propos
  • Contact
  • Activity
  • Members

tchao tchao billy

admin | 19 mai 2010

Cela devait être en 1977. En Allemagne. Je partais de chez un ami d’école en lui disant à demain. Il me dit avec enthousiasme  « ach nein, Morgen frühstücken wir in Ikea ». Me voyant intrigué, la mère de mon ami me proposa d’aller avec eux.

Et là je découvris pour la première fois Ikea. Son monde merveilleux d’intérieurs aménagés.J’appris des mots comme Design et surtout je fus fasciné par l’idée d’aller dans un magasin de meubles pour y petit-déjeuner! Au milieu du magasin, le « restaurant » avec indiqué « saumon fumé à volonté pour toute formule ‘petit-déjeuner scandinave’ « . Moi qui n’arrive même pas à avaler ne serait-ce qu’une tartine au petit déjeuner, vit quelques saumons engloutis par mes amis…

Depuis il n’y a pas eu une année sans que j’aille deux ou trois fois par an chez Ikea, non pour y manger, mais pour acheter « bêtement » des meubles, des ustensiles de cuisine, etc.

Ikea me prit ce jour là dans ses filets. J’adore cette ambiance, et le passage chez Ikea a souvent égayé jusqu’au plus triste de mes déménagements. Je fus aussi un grand promoteur d’Ikea et de sa clef magique auprès de mon père, de mes amis. Selon les mètres carrés en plus ou en moins disponibles dans la douzaine de logements occupés au cours des dernières années. Ils étaient tantôt démontés et rangés dans un coin, tantôt j’allais ajouter une extension avec cette sérénité que vous procure le fait qu’Ikea assure la longévité de ses modèles.

La star familiale étant évidemment la bibliothèque Billy! Elle a 30 ans – autant dire qu’elle a toujours existé. Déclinée en 40, 60 et 80 cm, bibliothèque d’angle, surhausses, meubles à cd, transformables en vitrines. Le bonheur de tout Ferrari qui se respecte et surtout de ses livres. La modularité permettant de s’adapter à tous les caprices architecturaux. Et lorsque les aléas de la vie ont conduit mon père ou moi à sacrifier les bibliothèques à leur contenu, dès que le vent était de nouveau un peu favorable, on voguait vers Ikea se ré-équiper en … Billy bien sur!

Jusqu’à ce funeste 14 mai.

Là je découvris que Billy était amputé de ses 60cm et de son modèle d’angle (et le fait que mon exemplaire soit désormais collector ne me console guère). En effet non seulement elles n’existent pas mais tout ce qui permet de poursuivre leur croissance est abandonné…: plus de bibliothèque, plus de rehausse, plus de tablettes… Voilà donc mes deux bibliothèques de 60 et ma bibliothèque d’angle contraintes de voir leurs sœurs de 80 et 40 chatouiller le plafond et elles de rester la tête enfoncée dans les épaules… Avec un peu d’imagination, et en sacrifiant à l’esthétisme on réussit à élever les 60 mais pour la bibliothèque d’angle…

Cette contrariété passée, je poursuivis l’acquisition de meubles pour accueillir les BD expulsées du salon/bibliothèque vers la  chambre pour laisser place à Heidegger, Hegel, Marx et autres Habermas…

Puis vint le moment de passer en caisse. Et là stupeur! Alors que l’on avait réussi à se garer sans trop de mal, qu’on circulait sans encombre dans le magasin, d’interminables queues aux caisses. A toutes les caisses, que nenni… En fait les quelques caisses grands volumes et les caisses handicapés/femmes enceintes étaient prises d’assaut tandis que nous tendaient les bras des dizaines de caisses automatiques!

Argh! Je m’étranglais. Faisant fi de mes principes, écoutant la voix d’un jeune insolent de mes amis (« c’est le progrès, ne le refuse pas ») je m’y engage. 15 objets maximum. Ma chère et tendre prend un caddy et passe dans une des caisses automatiques, je m’engage dans une autre. Je scanne non sans contorsion mes 11 objets. Me demandant si j’aurais une réduction pour faire le travail à la place des trois caissières manquantes (pour chaque ilot de 4 caisses, il demeure à ce jour une caissière chargée de former les clients à son métier). Je jette un œil à l’écran de contrôle et me regarde en train de faire le caissier. Je vérifie trois fois que je n’ai rien oublié.

Maugréant je quitte cette caisse, cherchant en vain des yeux où est la compta pour aller chercher ma paye, lorsqu’un homme m’interpelle. Sur son bras un brassard indique « Securitas ». « Mettez votre chariot sur le coté, donnez moi votre ticket de caisse, contrôle! »

Je l’avais écrit, Ikéa l’a fait. Me voici donc traité dans un magasin comme un voleur. Au lieu du « merci de votre visite, à bientôt » ou encore « vous avez la carte Ikea family, si vous venez souvent vous devriez la prendre », j’entends d’un ton menaçant : » Il n’y a que 7 objets vous en avez scanné 11 où sont les autres? » (en plus de me prendre pour un voleur il me prend pour un con, j’aurais scanné plus d’objet que je n’en ai pris…)

Interloqué par l’agressivité avec laquelle on traite désormais le client « roi » je reste aussi bouche bée que lorsqu’il y a quelques années j’ai croisé Pierre Arditi. Ma compagne intervient « Dans mon chariot, ils sont là! » d’un ton sans appel. Quand on embête son chéri, elle peut donner des cours de mal amabilité au pire des vigiles.

Monsieur Securitas, la regarde et répond juste un « c’est bon, allez-y ».

Quelques mètres plus loin une jeune fille interroge les clients sur leur niveau de satisfaction. Elle fut servie. Mais évidemment le niveau de notre mécontentement ne rentrait pas dans les cases de son questionnaire et elle ne retint rien de notre remontrance, pressée de passer à la cliente à priori ravie qui nous suivait et ne fut pas l’objet d’un contrôle  …

L’honnêteté, m’oblige a dire que le lendemain je revins chez Ikéa. Accompagné du jeune insolent précédemment cité. Au cas où je serai contraint de passer de nouveau en caisse automatique, pour m’éviter une nouvelle humiliation, je le laisserai passer avec son air ch’ti en caisse…

J’achetais les quelques meubles manquants, de l’expedit désormais,  pour ranger les 10 cartons de dossiers et les cours de mon père dans mon bureau…  et le passage en caisse put se faire à l’ancienne… au grand dam de l’intoxiqué d’insolent pressé d’aller fumer.

J’y retournerai même une dernière fois, dans quelques mois. Après avoir listé tout ce dont j’ai besoin chez Ikea, que j’avais laissé pour des jours meilleurs, en comptant sur leur fidélité à leurs séries de meubles. J’irai sans ma fille qui n’a pas besoin de voir son père traité en voleur.  Et puis ce sera adieu Ikea.

Toutautomatix à la sauce scandinave m’est décidément aussi peu digeste que du saumon à huit heures du matin.

Share
Catégories
Non classé
Flux rss des commentaires
Flux rss des commentaires
Trackback
Trackback

« Au nom du peuple De la pub! »

One Response to “tchao tchao billy”

  1. cfl dit :
    24 mai 2010 à 17 h 43 min

    Luis, il faut construire ses meubles soi même!
    en matériaux verts et sans clou!
    y el chochan estaba muy rico…!

    abrazos,

    PS: hoy entrena el equipo de Diego, Vamos vamos…

    Répondre

Leave a Reply

Cliquez ici pour annuler la réponse.

Commentaires récents

  • norma ciuffo dans Mère courage
  • From's dans Même pas peur ?! (première partie)
  • Andando » Reprise dans Bonjour caminante du web.
  • Andando » Ouvrir les yeux dans « Chaque promesse non tenue est une nuée sans pluie, une épée sans fil, un arbre sans fruit. »
  • Andando » Ni perdon ni olvido : justicia dans Ni perdon, ni olvido : justicia

Estuvimos andando por

abstention Allemagne Antonio Machado Argentine Aubry Besson Boca juniors Braudel cabinet Carlos Ferrari Lopez catholique certitude Christian Blanc Colmar commémoration dictature démocratie Essonne Evita famille France Grand Paris Heidelberg Histoire Hortefeux intégration Jack London Jankélévitch Johann Hari Jorge Luis Ferrari justice Jérôme Guedj Kirchner Le Pen Maradona Melenchon Mitterrand Montebourg nationalité Nicaragua Oward Ferrari pape philosophie réligion Sarkozy

Articles récents

  • Science et charité (II)
  • Science et charité (I)
  • Performances
  • Mère courage
  • “Cette manière d’élever le journalisme à la hauteur d’un spectacle permet à ses promoteurs de laisser croire qu’ils ont du talent.” Jean Yanne

Archives

  • avril 2020 (2)
  • mai 2018 (1)
  • juin 2016 (1)
  • février 2016 (1)
  • novembre 2015 (5)
  • octobre 2015 (1)
  • octobre 2014 (1)
  • février 2014 (1)
  • juillet 2013 (2)
  • mai 2013 (2)
  • février 2013 (1)
  • novembre 2012 (2)
  • juin 2012 (1)
  • novembre 2011 (1)
  • octobre 2011 (3)
  • septembre 2011 (6)
  • juin 2011 (4)
  • février 2011 (1)
  • janvier 2011 (5)
  • décembre 2010 (1)
  • novembre 2010 (2)
  • octobre 2010 (6)
  • septembre 2010 (3)
  • juillet 2010 (2)
  • mai 2010 (7)
  • avril 2010 (8)
  • mars 2010 (7)
  • février 2010 (2)
  • janvier 2010 (3)
  • décembre 2009 (7)
  • novembre 2009 (3)
  • octobre 2009 (4)

Méta

  • Connexion
  • Flux des publications
  • Flux des commentaires
  • Site de WordPress-FR
rss Flux rss des commentaires valid xhtml 1.1 design by jide powered by Wordpress get firefox