Au nom du peuple
admin | 18 mai 2010Véronique Courjault a été libérée « en toute discrétion ». Kouchner n’ayant pas fait un communiqué on peut penser que ce n’est pas une concession au régime Iranien.
Il y aurait beaucoup à écrire sur cette affaire. Sur son traitement par les médias. Ou plutôt sur la manière particulière de traiter cette affaire, y compris ces jours-ci et la manière dont d’autres affaires impliquant des très jeunes enfants sont traitées par les médias. A ne pas en douter cela sera fait. A minima dans quelque université, comme sujet de maîtrise…
Ce qui m’amène à me pencher sur le sujet aujourd’hui ce sont les déclarations d’un de ses avocats: il s’agit-là «d’une procédure tout à fait normale avec des délais classiques», a-t-il déclaré sur France Info.
Mme Courjault a été incarcérée en octobre 2006, son procès a eu lieu en 2009. Le 18 juin elle est condamnée à huit ans d’emprisonnement. Elle sort libre en mai 2010. Donc elle aura effectué 3 ans et demi de détention.
Le problème c’est que Maître Leclerc semble dire vrai. Il s’agirait là de « délais classiques ».
Comment veut-on que le système judiciaire soit crédible? Trois ans pour être jugée, moins de 12 mois pour sortir libre d’une peine de huit ans? Je prends délibérément ce cas, parce qu’il est moins exploitable de manière populiste. Un sans papier suscite moins de compassion qu’une mère triple infanticide.
Ne nous trompons pas. Je ne pense pas que la place de Mme Courjault ait été en prison. Je ne pense pas que la peine de prison lui ait permis de se ressourcer, de comprendre la portée de ses gestes. Je ne pense pas que les prisons, même en France, soient les lieux rêvés pour une introspection, pour apprendre à se connaître.
Je ne pense pas non plus, surtout, que Mme Courjault ait été un danger pour la société. Probablement Mme Courjault relève de tout autre chose que de la prison. Comme beaucoup de prisonniers d’ailleurs.
Mais alors pourquoi l’y avoir envoyée? Pourquoi le procureur général a-t-il sollicité 10 ans de réclusion? Pourquoi a-t-elle été condamnée à huit ans, et pourquoi fut-elle alors libérée après avoir effectuée moins de la moitié de sa peine? Les réponses à ces questions n’ont évidemment rien à voir avec le traitement médiatique des « faits divers », ni avec le populisme ambiant qui conduit de plus en plus de personnes en prison alors que leur place serait dans d’autres types de structures.
Au-delà de ces interrogations reste un problème de principe et de crédibilité de la chose jugée. Alors que ce fut toujours critiqué et dénoncé je le dis tranquillement, je préfère de loin le système des grâces présidentielles, ou un élu du peuple revient sur un décision prononcée au nom du peuple à celui qui laisse des médecins et magistrats nommés décider de la libération anticipée d’un prisonnier condamnée au nom du peuple, pour des raisons qui ont peu à voir avec le crime commis …