River Plate
admin | 8 décembre 2009Je ne suis pas un passionné de football. Je ne connais pas par cœur les matches ni qui a marqué en quelle année ni à la combientième minute. Je ne sais même pas qui est en tête du championnat de France, ni d’Argentine d’ailleurs. Cela ne tient pas la première place dans mes préoccupations, mais j’aime le foot, j’aime autant regarder ce qui se passe sur la pelouse qu’alentours.
Je garde, des rares fois où j’ai eu l’occasion de jouer au foot, de bons souvenirs. Je ne devais pas être bon, et de nombreux aléas ont conduit à ce que dans mon exil je n’acquière pas le minimum de savoir jouer que j’aurais acquis en restant en Argentine.
En ces temps particuliers, où la France est interrogée (plus qu’elle ne s’interroge elle-même) sur son identité nationale, et où on supprime l’histoire-géographie de l’année terminale des études scientifiques du secondaire, je souhaite préciser à toutes fins utiles un ou deux détails, avant de poursuivre mon récit.
Je suis Argentin. Ma langue maternelle est l’Espagnol version argentine (un peu comme le québécois vis à vis du français en moins différent…). Mes plats préférés sont les empanadas, l’asado et une bonne salade de tomates avec beaucoup d’oignons. Mon vin préféré est le « San Felipe » pour la bouteille, n’importe quel vin argentin ou espagnol avec de l’eau de seltz pour la soif. Mes sports préférés sont le Polo (parce qu' »on » a souvent battu les anglais jusqu’en 1998, depuis c’est le Brésil et le Chili qui dominent ), le Pato (horse-ball en « français » :-)) et le football. Je suis donc Argentin. A l’âge de huit ans, après qu’on ait arrêté mon frère, mon père, qu’on ai subit un attentat à la bombe alors que nous étions ma mère et moi au domicile familial, nous avons quitté l’Argentine. Mon frère et mon père ayant « bénéficié » d’une loi qui permettait de transformer une peine de prison politique en exil à vie, pourvu qu’un pays vous réclame sont partis en Allemagne!! Nous étions encore en « démocratie » des lois s’appliquaient donc. Une fois mon frère et mon père partis pour l’Allemagne, ma mère « décida » de quitter à son tour le pays, avec moi. Se résignant à laisser ses parents et son autre fils, âgé de 21 ans, actif politiquement et déterminé à rester s’occuper de ses grands parents et du pays…
Me voici à Heidelberg. Ce furent pour moi d’heureuses années, grâce aux sacrifices de mes parents, de ma mère en particulier. Mes frères me manquaient sûrement. L’ainé, que je n’avais vu depuis un certain temps et pour cause, mais que je ne vis pas davantage par la suite et qui dans mon imaginaire ressemblait à Lucky Luke, et devait certainement s’absenter pour aller faire justice.
Puis parce que ma mère ne supportait pas l’Allemagne – je crois – nous partîmes à Toulouse. Ma mère n’y rencontra pas davantage le bonheur. Moi je ne fus pas plus malheureux qu’un autre adolescent étranger arrivé dans cette France de la fin des années 1970. Mes parents dûrent se battre pour pouvoir m’inscrire dans le collège public, moi le métèque. Je dus pas mal bastonner à la récrée, et subir toutes sortes d’humiliations de quelques professeurs, des pions et du conseiller d’éducation.
Passons sur tout ça, disons juste que ce n’est pas le fait d’une intelligence supérieure si je n’étais pas surpris quelques années plus tard des scores de Le Pen. Juste que, ces 10 à 15% de français, je les avais rencontrés, entendus et vus à l’oeuvre plus d’une fois.
A 18 ans, en 1985, mon père remplit à l’insu de mon plein gré les papiers pour ma demande de nationalité française.
Mon père se voyait refuser une première fois la naturalisation. Lui qui avait interdit qu’on parle espagnol à la maison, nous interdisait de boire du maté au balcon. Buvait du vin français, allait voir le tour de France passer, achetait sa baguette en revenant du PMU.
Lui aussi avait subi et subira d’autres humiliations. Mais il devint Français, sous Pasqua, comme moi.
Je suis Argentin. Je mourrai argentin. Et on dispersera mes cendres sur les Andes. La moitié de mes cendres.
Parce que l’autre moitié on la dispersera là où ma femme et ma fille décideront. Parce que si je suis devenu Français, je ne le suis pas devenu par décret.
1986, décembre. Malik Oussekine dans cette nuit du 06 au 07 décembre fut assassiné par des forces de l’ordre décomplexées par les propos de ministres et d’ éditorialistes. J’étais alors devenu membre du bureau de la coordination nationale étudiante. C’est en battant le pavé qu’intervint ma première prise de conscience d’appartenir à ce pays, et d’avoir envie et légitimité à me battre contre ceux qui le déshonorent. Ce sentiment qui depuis a grandi dans mon cœur, à force de rencontres, de lectures, de combats communs, est aujourd’hui incarné par ma fille, descendante d’un franco-argentin et d’une franco-italienne et ce sentiment nul décret ne viendra l’extirper.
Mais Besson de digresser et revenons au football. Ce qui me fascine dans le football, outre d’y jouer, c’est ce qui l’entoure, ce qu’il suscite. Alors règle numéro un, il faut être un supporter. Il faut choisir son camp. Et ça j’adore. En effet n’est-ce pas passionnant de voir des personnes aimant quelque fois le foot, y jouant vraiment, supporter une équipe au travers de décennies contre vents et marées, quelque soient les joueurs, l’entraineur, ou les financiers et en entendre certains me dire que je ne suis pas très objectif en politique?
Alors dans chaque pays, j’ai mon équipe. Boca juniors en Argentine, comme ma mère et mon frère (celui qui est resté là-bas). Mon père et mon frère ainé sont supporters de Racing, la « Academia ». Pas de supporter de River chez nous… j’y reviendrai.
En Allemagne c’était le FC Köln, je ne sais plus bien pourquoi, mais toujours est-il qu’en 1978, la troisième année ou je le supportais le FC Köln fit selon wikipédia sa « meilleure saison de l’histoire du club qui réalise le « doublé » (championnat et coupe) »… ce désir de s’intégrer est une sur-vérité assurément.
En France ce fut plus compliqué. Au début c’était simple: je vivais à Toulouse, je supportais le TéFéCé. Mon éloignement de Toulouse coïncida avec son déclin. Mais aussi avec mon moindre intérêt pour le football. En m’installant dans l’Yonne je me mis à supporter l’AJ Auxerre de Guy Roux. Et puis ayant du reprendre mon balluchon, je cessai à nouveau de suivre le foot.
Enfin me voilà en région parisienne depuis suffisamment de temps pour faire mon choix. Le PSG, c’est comme River Plate, c’est juste pas possible. Ce sera donc l’OM. Il aura suffit d’un supporter qui a su me donner envie!
Et pour la coupe du monde, alors? Parce que, et ça n’a rien d’original, tous les 4 ans, le gamin passionné de foot reprend possession de mon esprit, je supporte d’abord l’Argentine, et n’en déplaise à beaucoup, y compris et peut-être même surtout avec Maradona comme entraîneur. Et j’aimerai qu’ils gagnent, pour que les journalistes sportifs argentins aient encore un moment de bonheur.
Ensuite? L’Italie, puis la France, puis l’Espagne, puis le Brésil (oui je rappelle que ma grand-mère est né dans les eaux territoriales Brésiliennes), bon et sinon il restera toujours l’Allemagne. Voilà, voilà, si avec ça je suis pas en demi-finale, c’est que la coupe du monde est truquée… 🙂
Mais revenons à River Plate et à l’élection par les associés du club du nouveau président du club. Il y a eu vote, tricherie avérée, on a recompté, on a obtenu un résultat inversé, on s’apprête à voir la justice s’en mêler.
Rassurez-vous, je ne me prends pas pour Pascal Boniface grand spécialiste de la géo-politique footballistique (mais pas que…) , ni pour Carlos Ferrari-Lopez qui officie parfois sur certaines radios, qui m’a transmis l’info. Allez les lire, ou les écouter si vous voulez des analyses sérieuses et documentées. Je me contenterai de comparaisons faciles que ce soit avec l’Irlande, le PS, les révolutions oranges, ou encore avec la première élection de Georges W. Bush junior.
Force est de constater que la contestation devient une règle, le doute est invoqué sur chaque résultat, la présomption de tricherie est installée. Et le réflexe de « il suffit de revoter » ou « de rejouer » s’installe. Discréditant encore un peu plus la solennité du vote et sapant un des fondements de la démocratie. Quand on voit les débats sur la main d’Henry, ou de Maradona, comment ne pas s’y intéresser, tant ils permettent de parler – pas trop sérieusement – de questions bien plus graves? Comment s’étonner que les politiques s’emmêlent?
Bon allez une petite partie de PES sur Wii s’impose
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