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En voulant lire Jankélévitch (suite)

admin | 29 octobre 2009

Les 24 sans papiers grévistes présents sur le site de Merkhofer, ont été expulsés de l’entreprise dans le calme, par une imposante quantité de policiers, dispersés dans divers commissariats, pour relever leurs identités, ils ont été libérés quelques heures plus tard. Un jour si je change d’activité professionnelle, je reviendrai sur cette question des sans papiers, des mouvements de soutien aux sans papiers, les forces de l’ordre et tout ce que ça m’inspire. Peut-être écrirons nous à deux ou trois mains sur ce sujet.

Mais revenons à Jankélévitch. Ou plutôt au livre et à ses trésors cachés. La deuxième page de « L’Humanité » datait de la veille… du jour de mes 18 ans. Elle annonçait la mort,  le 06 juin- de Vladimir Jankélévitch. Le montage du titre du journal, de l’encadré de première page et de l’article de la page 4, collés les uns aux autres, finissent de confirmer mes soupçons. Reste comment et quand il a abouti dans ma bibliothèque alors que celle du propriétaire de ce livre est jalousement gardée… avec une règle toujours respectée: « si un de tes amis veut un livre de ta bibliothèque, achète lui un exemplaire, ne lui prête jamais le tien. Ainsi tu garderas le livre et un ami« .

Le montage rend difficile la lecture du verso. On voit tout de même que c’est l’époque de SKF. C’est donc cette année la que je « fis » ma première fête de« L’Humanité ». Quelques mois plus tard, je partis à la Courneuve toute une semaine, pour le montage puis la tenue du stand des JC 31 de la fête de l’huma. J’y rencontrais les ouvriers de SKF, ceux qui étaient restés enfermés jusqu’au bout menaçant de faire sauter l’usine.

Dans ma mémoire, j’aurais situé ça en 1986, du temps de la droite… Faudra que je me replonge dans cette affaire. Il m’en est resté une vague intuition que le désespoir n’est pas révolutionnaire. Les actes désespérés ne sont pas porteurs d’espoir, et ne peuvent faire frémir que ceux que l’on n’appelait pas encore des bobos. Mais surtout je dois la mettre en relation avec l’affaire Lu ou Vilvorde…

La troisième feuille cachée, était la page 13 du Monde du 08 juin 1985 – bien évidemment. Consacrée tout aussi évidemment à Jankélévitch. Cette absence de surprise finit de « signer » l’origine du livre. Il est le fait d’un travailleur de la pensée. Dans mes livres, on peut trouver tout ou rien, mais peu en rapport avec le livre lui-même. Mes marques pages sont le fruit du hasard de ce qui me tombe sous la main. Je suis un rentier de la pensée. Je vis du travail de mon père, et tous nos petits-déjeuners, déjeuners, cafés, aperos, dîners n’ont été que transmission d’héritage. De contenu, pas de méthode. Ce livre appartient indubitablement à mon père.

« Une voix inoubliable » titre Le Monde. « Il était l’un de ces vieux sages pour qui « enseigner » signifie « donner le gout de… » ». L’article se conclue par cet hommage: « Fidèlement, discrètement, sérieusement et tout compte fait efficacement, il s’est employé à défendre en toute occasion et en payant de sa personne si nécessaire, les idées qui illustraient ses cours ou bien ses livres.

On dira que peut-être que c’est là, pour un philosophe, la moindre des choses. Il faut pourtant croire que non, puisque Jankélévitch, apparaît, là aussi, comme un original en son siècle. Gardons-lui en reconnaissance. Une reconnaissance émue, difficilement exprimable, et qu’un rien de tendresse colorera longtemps. »

En ce siècle encore, cela résonne curieusement. C’est en 1986 que je croisais une des bêtes noires de mon père, le contre-pied absolu du Jankélévitch décrit dans le monde : BHL. C’était lors de la manifestation d’hommage de Malik Oussekine, la coordinationion nationale et la famille s’étaient mises d’accord sur l’ordre du  cortège. La famille d’abord, le bureau de la coordination ensuite, après les organisations, les personnalités… BHL, arriva et voulut s’imposer en tête de cortège, avec un autre membre bien connu de la coordination nous lui fîmes, non sans mal, comprendre que sa place était quelques mètres plus loin… si loin des caméras… si près de la foule.

Malik. Lorsque j’appris la condamnation à trois ans dont un an ferme de Pasqua, avec beaucoup d’autres de ma génération, j’ai pensé à Malik. Justice n’est pas rendue à la victime des voltigeurs… mais au moins un des responsables paiera pour quelque chose… un peu de sa lourde ardoise.

Au verso de la page du Monde? la page culture. En fait une demi page de publicités annonçant films, pièces et spectacles et une demi-page de critiques. Là le dernier Tachella, Gigole de David Hemmings. Ici trois pièces en un acte de Feydeau jouées à la comédie Française se font descendre d’un lapidaire « un ennui pesant ».

Le dernier papier, n’est pas une page de journal, c’est le bas d’une feuille découpé, un huitième d’A4, plié en deux. On y trouve, manuscrits, deux définitions: autrui et autre.

Jankélévitch, ou du moins ce livre, n’a pas été travaillé par son propriétaire originel. Les livres « travaillés », par mon père, sont littéralement labourés: annotés, avant sa maladie il parvenait à glisser jusqu’à deux lignes d’écritures entre deux lignes, d’un livre de poche, fluorisées en multiples couleurs, le tout devant un ordinateur recueillant ses réflexions. Celui ci ne comportait que ces éléments : 4 feuilles de papier dispatchés dans le livre. Il a du être juste lu. Comme je lis une bande dessinée. Pour se détendre après une harassante journée de travail.

Entre le 08 juin 1985, et 2002 quand me l’a-t-il donné? ou l’ai-je « emprunté »? Les deux seraient étonnants. Et pourquoi?

Je vous laisse, j’ai rendez-vous avec Vladimir Jankélévitch.

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BHL, famille, Jankélévitch, Le Monde, Malik Oussekine, Pasqua, sans-papiers, SKF
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