Grand Paris et petites ambitions…
admin | 10 novembre 2009Match nul. 4 articles publiés,4 articles en brouillon. Commencés et pas finis, faute de temps. Depuis mon dernier post, mon gagne-pain m’a complètement absorbé les quelques neurones dont je dispose. Vous avez échappé aux posts suivants:
- obamania
- la politique du coucou
- comédie humaine
- désintégration
J’y reviendrais forcement. Parce que je ne supporte pas ceux qui encensent avant de brûler au moindre vent contraire l’objet de leur vénération: je ne croyais pas à la victoire d’Obama (ce qui m’a couté une caisse de champagne, que j’ai pas encore payée d’ailleurs…), mais j’admire ce qui est fait là-bas depuis un an. Obama fait de la Politique, mon ignorance m’avait conduit à penser que ce n’était plus possible aux Etats-Unis.
La politique du coucou, portait sur le Parti De Gauche… son OPA sur le PC… et autres commentaires sur l’autre gauche… les ponts, l’unité, la maison commune. Vaste chantier, il n’y a pas que mon article qui est resté en mode brouillon.
Comédie humaine, portait sur les polémiques en cours depuis s’en ajoute une nouvelle, celle sur paf le mur (de Berlin) dans la tête du président. Mais ce que j’écrivais était pas que gentil à l’égard d’imminents camarades du PS. Alors je m’auto-censure… et sans regret…
Enfin et surtout je laisse à l’état de brouillon l’article qui me tenait le plus à cœur: désintégration… concernant le modèle français d’intégration des étrangers. entre-temps Besson a posé son débat sur l’identité nationale, comme Obane, mon chiot pose ses crottes partout sur le passage. Alors mes réflexions sur ce sujet seront pour plus tard.
Revenons à l’objet de mon post de ce jour. Hier, pour la première fois de ma vie j’ai assisté à un meeting électoral de droite! Le président de « mon » agglomération (Europ’Essonne) avait organisé une réunion publique sur le projet de loi Grand Paris, avec le député Yves Jego. Travaillant sur le sujet depuis quelques jours, je m’y rendis de mon propre chef, pour entendre les argumentaires pro-domo sur cette loi, et surtout « sur quelle place pour les communes dans ce grand Paris. » Naïvement je pensais assister à une réunion pour informer les citoyens des positions du maire de Massy, et président de l’EPCI Europ’Essonne sur le grand Paris, je pensais qu’il aborderait les positions qu’il avait défendu lors de son audition par le rapporteur de la commission du développement durable de l’Assemblée nationale.
Que nenni, il s’agissait du premier meeting des régionales de l’UMP, dans lequel le grand Paris ne servait que de prétexte à une diatribe à charge contre Jean-Paul Huchon et les « ayatollahs » verts (« qui veulent nous forcer à prendre les transports en commun »). De la loi il fut en fait peu question. La gouvernance n’y figurerait pas, c’est une loi projet, une loi d’intention. Heureusement pour ce qu’il reste de pouvoirs au parlement, que ce n’est pas cela…
Les 70 participants étaient pour la plupart ravis d’entendre Huchon et les verts se faire insulter, contents d’entendre que la région n’avait aucune raison de subventionner des spectacles culturels et devait se concentrer sur les transports et l’insertion professionnelle. Le Maire de Massy, ne crut pas bon de préciser qu’il renonçait à toute aide de la région hors ces domaines. Pourtant on peut lire sous la plume de Jacques Henri Soumère, directeur général de l’Opéra de Massy:
« La pluralité des spectacles proposés, les actions envers le jeune public, les cycles de conférences sont possible grâce au soutien de la ville de Massy et de son Maire Vincent Delahaye, du Conseil Général de l’Essonne présidé par Michel Berson, de la Région Île-de-France ainsi que du Ministère de la Culture – Direction Régionale des Affaires Culturelles qui aident notre démarche de développement. En complément de ces subventions, je tiens à citer nos partenaires privés qui, dans un contexte économique pas des plus favorables, continuent à soutenir notre démarche de démocratisation de l’art lyrique. Mon dernier mot va aux personnes qui m’entourent au quotidien, de l’administration à la technique, des costumières à l’équipe de salle. Grâce à leur travail et leur motivation, ils font vivre cette maison avec passion pour le spectacle vivant et pour vous public. »
Mais la campagne a commencé, Jego vise les régionales (peut-être même » la vice-présidence au grand Paris qu’a promis Valérie Pecresse »?), Delahaye, les sénatoriales. Qu’importe la vérité… on est en campagne. Qu’importe qu’ Europ’Essonne et les communes se voient privées de leurs prérogatives au profit d’une technocratie autiste… on est en campagne.
Je me suis interrogé hier soir quand même… pourquoi Delahaye avait invité Jégo tête de liste en Seine et Marne et non NKM candidate tête de liste en Essonne…? En tout cas ce n’est pas pour sa connaissance de la loi Grand Paris! Alors pourquoi? NKM n’aurait-elle pas le temps de faire campagne? Ou M. Delahaye aurait un problème avec sa vice-présidente d’Europ’Essonne?
En aparté de mes révisions de Physique des Plasmas (discipline, ma foi, fort intéressante sur le quatrième état de la matière), je me suis mis à rattraper le retard accumulé dans la lecture de ton blog (dont je salue, bien évidemment, l’initiative mais tu le sais). Une phrase et déjà deux parenthèses, tu reconnais forcément le style…
C’est sur ce billet, le début m’y incitant fortement… que j’ai décidé d’apporter quelques commentaires.
Les deux thèmes que tu évoques: Obama et Identité nationale sont liés dans l’actualité et dans le fond.
Dans l’actualité on a évidemment le Débat sur l’Identité Nationale, dont la seule existence – compte tenu de la politique menée, de la façon dont il est organisé et du gouvernement qui en est à l’origine – prouve la violence de l’offensive idéologique menée par la droite dans notre pays. Ce n’est pas un phénomène nouveau bien entendu en France comme aux Etats-Unis.
Quel rapport entre Obama et Eric Besson ? Sur le plan humain : aucun. L’un est un géant, l’autre un nain.
Mais entre la campagne menée contre Obama par les républicains et le Débat sur l’Identité Nationale, là il y a. C’est une vidéo de la propagande de la branche la plus dure de la droite américaine qui a éveillé ma curiosité. http://www.youtube.com/watch?v=1iiKbZ5S16Y&feature=related
La vidéo est en anglais, mais on peut aisément comprendre de quoi il est question. Qu’est ce qui fonde l’Amérique ? Bien entendu, pour les auteurs, l’Amérique est ce qu’elle est exclusivement grâce aux bienfaits du capitalisme et de la propriété privée, seule garante de la liberté de chacun. Ce qui est sous entendu par cette vidéo dans sa relation avec Obama c’est que ses réformes seraient contraires à l’identité américaine.
Les batailles d’identité sont monnaies courantes mais une attaque aussi directe et massive est surprenante, les conservateurs ont pris peur que ce à quoi ils se sont évertués à faire penser aux américains depuis la guerre froide, et jusqu’à aujourd’hui pour justifier le chômage et la politique étrangère américaine entre autre, pouvait être balayé par la réforme du système de santé. C’est aussi un moyen subtil d’attaquer la couleur du Président…
Je pense que nous avons grandement sous-estimé l’importance du programme de Barack Obama, tout comme je pense que les républicains n’étaient pas vraiment préparés à livrer une telle bataille en 2008. Ils se rattrapent, la bataille est rude, et tu sais que je ne suis pas très optimiste sur l’issue. A toi de me donner tort et si tu veux je parie une caisse de champagne ;)))
En fouillant le site du débat sur l’identité nationale je suis tombé sur ce recueil de texte http://www.debatidentitenationale.fr/IMG/pdf/ContenuV2_Bibliotheque_PDF_2_Les_auteurs_classiques-2.pdf
La présence de Jaures m’a évidemment interpellé. Le texte choisi nous invite à considérer Jaures comme un grand patriote. Point. Je me devais de rectifier.
Voici un extrait de l’article « Socialisme et Liberté » http://www.jaures.info/dossiers/dossiers.php?val=15_socialisme+liberte+1898
« Mais si le socialisme et la patrie sont aujourd’hui, en fait, inséparables, il est clair que dans le système des idées socialistes, la patrie n’est pas un absolu. Elle n’est pas le but ; elle n’est pas la fin suprême. Elle est un moyen de liberté et de justice. Le but, c’est l’affranchissement de tous les individus humains. Le but, c’est l’individu. Lorsque des échauffés ou des charlatans crient : “ La patrie au-dessus de tout ”, nous sommes d’accord avec eux s’ils veulent dire qu’elle doit être au-dessus de toutes nos convenances particulières, de toutes nos paresses, de tous nos égoïsmes. Mais s’ils veulent dire qu’elle est au-dessus du droit humain, de la personne humaine, nous disons : Non. Non, elle n’est pas au-dessus de la discussion. Elle n’est pas au-dessus de la conscience. Elle n’est pas au-dessus de l’homme. Le jour où elle se tournerait contre les droits de l’homme, contre la liberté et la dignité de l’être humain, elle perdrait ses titres. Ceux qui veulent faire d’elle je ne sais quelle monstrueuse idole qui a droit au sacrifice même de l’innocent, travaillent à la perdre. S’ils triomphaient, la conscience humaine se séparerait de la patrie pour se séparer d’eux, et la patrie tomberait au passé comme une meurtrière superstition. Elle n’est et ne reste légitime que dans la mesure où elle garantit le droit individuel. Le jour où un seul individu humain trouverait, hors de l’idée de patrie, des garanties supérieures pour son droit, pour sa liberté, pour son développement, ce jour-là l’idée de patrie serait morte. Elle ne serait plus qu’une forme de réaction. Et c’est sauver la patrie que de la tenir dans la dépendance de la justice. »
Ainsi je ne souhaite pas que la patrie tombe « au passé comme une meurtrière superstition ». Nous ne devons pas laisser la droite avancer seule son idéologie sur ce terrain. Surtout car nous ne sommes pas au pouvoir. Il y a bien sûr la question de l’immigration je n’y reviens pas, tu le feras mieux que moi. Mais il y a plus. Il y a le risque que le discours ambiant depuis la campagne présidentielle, la tentative d’instauration d’une nouvelle hiérarchie des valeurs, la dé-construction et la négation des acquis sociaux et donc de l’histoire trouve son aboutissement dans l’élaboration forcée d’une identité nationale qui creuserait de fait le fossé entre nos propositions, notre idéal et la perception des français sur eux-mêmes.