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De la burqa et autres atteintes à la dignité humaine

admin | 28 avril 2010

Partons du postulat rassurant qu’une femme portant la burqa subit une violence et un conditionnement l’amenant à croire qu’elle consent à cette violence. Nous savons de l’histoire humaine que  l’homme contraint la femme à la fois pour la tenir soumise mais aussi pour ainsi exhiber sa force, sa supériorité aux yeux de tous et affirmer ainsi sa virilité.

Même en partant de ce postulat il n’en reste pas moins que cette prison est une prison mobile. L’interdiction faite de recourir à cette prison mobile, peut évidemment amener l’homme soucieux de se soumettre aux lois de la république à maintenir la mobilité de sa femme en lui octroyant de dévoiler son visage. Pour autant il ne lui ôtera le carcan recouvrant le reste de son corps et ce gardera de porter atteinte en quoi que ce soit au carcan dans lequel est maintenu son esprit.

Mais pourvu que l’homme en question tout en se soumettant de facto à la loi de la République considère son interprétation de la loi divine comme supérieure à la loi républicaine n’imposera-t-il pas  à la femme de rester entre quatre murs, ne sera-t-il pas tenté de pourvoir sa voiture de vitres teintées, ne lui interdira-t-il pas de conduire et ne lui imposera-t-il pas de passer à l’arrière de la voiture pour les déplacements impératifs (voir la famille, etc.)? Ne verra-t-on pas des médecins se spécialiser dans cette clientèle? Ne verra-t-on pas le mari refuser d’aller dans un hôpital dans les temps?

Cette hypothèse est-elle totalement invraisemblable? Quand bien même une femme sur dix portant aujourd’hui le voile intégral serait soumise au sort décrit ci-dessus, soit deux-cent femmes si on croit les derniers chiffres de femmes portant la Burqa ou le Niqab que le gouvernement fait circuler, quel progressiste peut assumer cela?

Ajoutons quelques spéculations. Si on suit le postulat de départ, que se passera-t-il si la femme sort sans en parler à son mari, revêtue de sa burqa (parce que Dieu contrairement à un mari voit tout)  se fait arrêter et se voit sanctionnée d’une amende, forcée à se découvrir en public, ou amenée au commissariat si elle refuse de se découvrir. Qui appelle-t-on alors? Le mari? Peut-on me décrire ce dont est capable au retour à la maison un homme découvrant le PV, ou qui a du aller chercher sa femme au commissariat?

Puisqu’on veut combattre l’intégrisme musulman et puisque la femme est selon le postulat de départ conditionnée et soumise pourquoi ne pas s’en prendre réellement aux responsables et non aux victimes?

Comment? Première hypothèse: interdire purement et simplement la Burqa. Pas dans les lieux publics, mais partout et en toute circonstance. Ceci permettrait aux forces de l’ordre de se rendre aux domicile des suspects. La proposition présente un inconvénient elle continue a rendre punissable la victime, mais rend complice le mari pour non dénonciation  de délit. Aux juges ensuite de condamner les femmes à la peine minimale et les hommes aux peines maximales des délits respectivement commis.

Ou encore considérer directement le fait de vivre auprès d’une femme portant la burqa comme un délit, tout comme un homme vivant avec une prostitué est aisément coupable de proxénétisme. Ou alors assimiler la burqa à une arme dont la simple détention serait déjà passible de sanctions.

Bref établir un arsenal législatif permettant de poursuivre et sanctionner au moins autant les coupables que – selon le postulat de départ – les victimes.

Une autre approche pourrait être de considérer que l’obligation faite à une femme de porter la burqa ou le niqab, soit assimilable à un traitement cruel et qu’il vaille annulation de droit des liens du mariage, et de garantir la femme dénonçant les faits d’une protection judiciaire, (et de ne pas l’expulser si elle contrevient par ailleurs au CESEDA…).

On aura j’espère compris que si je ne prends pas à la légère la question mon principe est simple aucune loi ne doit prendre pour prétexte la violence faite à un être humain et prévoir de sanctionner uniquement cet être humain et non celui qui le réduit à cet état de soumission. Si on part toujours du postulat de départ, je comprends parfaitement que 920 parlementaires soient saisis de la situation faite à environ deux mille femmes en souffrance. Contrairement à certains opposants à la loi sur la burqa je pense que dès lors qu’un être humain est en souffrance on doit se mobiliser pour y mettre fin. Mais Je ne saurais accepter que cette loi sanctionne les victimes et épargne les bourreaux.

Tout ceci si on admet le postulat de départ. Afin d’éviter tout faux procès, si je parle en introduction de ce billet d’un « postulat rassurant », ce n’est pas que je considère que le niqab ou la burqa ne soient pas une prison mobile et une atteinte à la dignité humaine. Mais je conteste que l’on nie a des femmes la capacité à consentir réellement à le porter. Nier que cela peut exister, conduit à ne pas prendre les mesures appropriées, où à s’en dispenser en terme d’éducation, d’information mais aussi en termes de bataille idéologique. En effet si l’on admet comme postulat complémentaire que des personnes puissent par amour pour dieu ou pour un être humain consentir à restreindre leur liberté dans ce monde terrestre, à sacrifier des droits, a s’imposer une vie distincte de celle du reste du corps social, alors on se rend compte du caractère pusillanime de la bataille contre l’obscurantisme que cette proposition de loi est censé incarner. Les athées dont je suis, les pratiquants du dimanche, ont du mal à comprendre. Il est pour moi qui ne croit pas à l’au-delà, difficile, presque impossible de concevoir que la promesse d’un bonheur post-mortem puisse être conditionné par une vie de sacrifices et souffrances. Comment un humain peut-il renoncer à toute sexualité pour servir Dieu? Comment une femme peut-elle se réduire à n’être qu’une mère et procréer a chaque fois que son mari la prend et enchaîner une douzaine de grossesses, voire plus?

Mais pour chacune de ses situations je ne crois pas que l’interdiction génère la liberté. Si on veut combattre l’intégrisme, et pas un intégrisme en particulier en tolérant les autres, nous devons le faire en renforçant l’éducation, la démocratie, l’emploi, l’égalité réelle dans la société et le travail, nous devons poursuivre et sanctionner celles et ceux qui imposent, contraignent mais pas celles et ceux qui subissent. nous devons nous donner les moyens de développer les lieux d’écoute et dialogue dans tous les quartiers, nous devons donner les moyens aux associations de travailler. Il y a beaucoup à faire pour garantir la protection des femmes dénonçant les violences – toutes les violences – dont elles sont victimes.

Une loi doit permettre de mettre fin à une situation inacceptable, et le débat parlementaire doit permettre de réfléchir à la légitimité de cette loi, aux conséquences de celle ci et notamment vérifier que les conséquences n’entraineront pas des problèmes plus graves que ceux censés être résolus. Je ne suis pas choqué que l’on puisse considérer que le débat se pose, qu’il soit mené sérieusement mais je m’oppose a la manière dont la proposition de loi est amené dans le débat public.

Les volcans n’entrent pas plus en éruption parce que les femmes ne portent pas la burqa, que le chômage et la crise ne ravagent les économies mondiales à cause des femmes qui la portent.

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burqa, droits-de l'homme, Hortefeux, législation, niqab
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