Appel à la raison
admin | 27 avril 2010Je suis né le 07 juin 1967 à Mendoza. Ce jour là, à près de 13OOO km l’armée Israélienne entrait dans Jérusalem. C’était la guerre des six jours.
Il m’a été conté que des membres de la communauté juive et de la communauté syro-libanaise (terme employé pour désigner très génériquement les immigrés venus du proche orient) jouaient alors fréquemment ensemble aux échecs sur l’Alameda de Mendoza, gardant un œil distrait sur leurs commerces respectifs, et qu’en fin de journée chacun repartait vers « sa » banque envoyer de l’argent pour financer « son » camp. L’image tient assurément de la légende urbaine de cohabitation pacifique que l’argentine se raconte a elle même si souvent.
Arrivé dès huit ans en Europe, j’y ai appris une histoire dont je n’avais jamais entendu parler: la deuxième guerre mondiale (cf. mon billet précèdent), j’ai continué à suivre aux « actualités » les différents épisodes des guerres du moyen orient, j’ai reçu aussi pendant deux ans des cours de religion à l’école publique allemande. Je reviendrai sur cet épisode un jour, toujours est-il que c’était un prêtre catholique qui me donna ses cours…
A mesure de mon engagement politique, de mes rencontres au lycée et à l’université avec des personnes se sentant personnellement concernés à un titre ou un autre par le conflit, je me suis lentement très lentement forgé mon opinion. Mais avant j’ai adopté des points de vue prêts à l’emploi. Je fus clairement pro-palestinien et contre l’existence même de l’État d’Israël. Du moins pour ne pas être trop injuste avec le Luis adolescent, contre l’existence d’un État « juif », tout comme me révulsait le fait qu’en qu’un Président puisse prêter serment sur la Bible et non sur la constitution, tout comme j’ai été contre tout état islamique, catholique etc; Je me berçais de l’illusion qu’un État palestinien serait par essence laïque, démocratique et dépourvu de corruption… Ma vision était celle du conflit du proche orient revisité par Disney.
Ce conflit permanent continue a me toucher au plus profond de mon être. Il me désespère. En 42 ans pas grande chose n’a évolué, c’est à désespérer de la nature humaine. Mais moi je vis cela à travers les médias. Que penser, qu’espérer pour celles et ceux qui depuis des décennies le vivent dans leur chair que ce conflit, et n’ont connu que cet état de guerre quasi-permanent?
Depuis longtemps j’ai été sollicité pour signer des pétitions ou des appels. Je m’en suis généralement gardé. Mais sollicité pour signer « Un appel à raison », j’ai attentivement lu le texte. et parce que je me reconnais dans les principes énoncés, et que je suis un citoyen européen (du moins tant qu’Hortefeux ne m’aura pas retiré ma nationalité française) j’ai signé l’appel paru dans le monde daté de ce jour dans un encart.
Voici reproduit le texte, et si vous aussi vous vous reconnaissez dans les principes énoncés je vous invite à le signer
« Appel à la raison
Citoyens de pays européens, juifs, nous sommes impliqués dans la vie politique et sociale de nos pays respectifs. Quels que soient nos itinéraires personnels, le lien à l’État d’Israël fait partie de notre identité. L’avenir et la sécurité de cet État auquel nous sommes indéfectiblement attachés nous préoccupent.
Or, nous voyons que l’existence d’Israël est à nouveau en danger. Loin de sous-estimer la menace de ses ennemis extérieurs, nous savons que ce danger se trouve aussi dans l’occupation et la poursuite ininterrompue des implantations en Cisjordanie et dans les quartiers arabes de Jérusalem Est, qui sont une erreur politique et une faute morale. Et qui alimentent, en outre, un processus de délégitimation inacceptable d’Israël en tant qu’État.
C’est pourquoi nous avons décidé de nous mobiliser autour des principes suivants :
- L’avenir d’Israël passe nécessairement par l’établissement d’une paix avec le peuple palestinien selon le principe « deux Peuples, deux États ». Nous le savons tous, il y a urgence. Bientôt Israël sera confronté à une alternative désastreuse : soit devenir un État où les Juifs seraient minoritaires dans leur propre pays ; soit mettre en place un régime qui déshonorerait Israël et le transformerait en une arène de guerre civile.
- Il importe donc que l’Union Européenne, comme les États-Unis, fasse pression sur les deux parties et les aide à parvenir à un règlement raisonnable et rapide du conflit israélo-palestinien. L’Europe, par son histoire, a des responsabilités dans cette région du monde.
- Si la décision ultime appartient au peuple souverain d’Israël, la solidarité des Juifs de la Diaspora leur impose d’œuvrer pour que cette décision soit la bonne. L’alignement systématique sur la politique du gouvernement israélien est dangereux car il va à l’encontre des intérêts véritables de l’État d’Israël.
- Nous voulons créer un mouvement européen capable de faire entendre la voix de la raison à tous. Ce mouvement se veut au-dessus des clivages partisans. Il a pour ambition d’œuvrer à la survie d’Israël en tant qu’État juif et démocratique, laquelle est conditionnée par la création d’un État palestinien souverain et viable.
C’est dans cet esprit que nous appelons tous ceux qui se reconnaissent dans ces principes à signer et à faire signer cet appel. »