Quand il y en a un…
admin | 28 juin 2012Il l’aura entendu déjà maintes fois l’allusion à la phrase de Hortefeux, lui l’auvergnat élu député de l’Essonne. Mais à chacun de ceux qui la lui sortiront il répondra assurément avec son caractéristique rire sonore, comme s’il l’entendait pour la première fois. Non qu’il soit hypocrite, c’est juste qu’il n’aime pas blesser inutilement, celui qui n’a pas eu la « chance » de la lui sortir en premier.
Les médias se l’arrachent, pensez vous un député qui a connu la pauvreté! Non pas en lisant Zola mais dans sa chair, la sienne et pis encore celle de ceux qu’il aime tant.
Mais déjà j’entends ici ou là des petites voix stridentes qui dénoncent cet acharnement médiatique, qui persifflent le story-telling qui le précède.
Mais bon sang, faut-il donc que notre République ai dégénéré au point de n’avoir qu’un député sur 577 avec pareil parcours dans un pays qui comptait 4,5 millions de pauvres en 2009, si l’on fixe le seuil de pauvreté à 50 % du niveau de vie médian, et 8,2 millions de pauvres toujours en 2009 si l’on utilise le seuil de 60 % du niveau de vie médian ? (source: « http://www.inegalites.fr/spip.php?article270&id_mot=76).
Quelque soit la manière dont on prend les choses, le moins que l’on puisse dire est que ce qui est le plus mal représenté à l’Assemblée ce sont bien les origines sociales!
Et si ce n’est pas nouveau, cela s’aggrave.
Je suis heureux donc non seulement que Michel Pouzol ait pu être candidat, non sans difficultés et sans grincement de dents, qu’il ait été élu, je suis heureux que l’on voit son histoire racontée, je suis plus heureux encore de voir un député à l’Assemblée nationale qui représente mes idées politiques, ma sensibilité au sein du PS. Parce que c’est bien cela le sens réel de la représentation que doit incarner l’assemblée nationale. Elle doit incarner les courants d’idées des citoyens, elle doit reconstituer dans un hémicycle l’ensemble des grandes approches politiques. C’est pourquoi je suis un fervent partisan de la proportionnelle, une proportionnelle dosée de manière à dégager des majorités tout en assurant une réelle représentation. Le reste est un plus, et un plus seulement, à mes yeux. Je n’ai pas besoin d’un argentin, un peu marron, comme dirait ma fille, pour me représenter. J’ai besoin d’un Pouzol, d’une Lienemann, d’un Emmanuelli et bientôt d’autres encore…
Le parcours de Michel ne l’immunise contre rien, et il le sait, il le sait parce qu’il l’a appris de son parcours. En revanche ses idées, ce collectif politique dans lequel il s’inscrit le préserve assurément de bien de dérives… les citoyens de la troisième de l’Essonne et au-delà y veillent :-).
Pour le reste Michel est un ami, un des rares amis que je compte en politique. Un vrai, dont je sais que quand bien même on se perdrait de vue, dans 20 ans en se retrouvant, on reprendrait nos échanges passionnés et passionnants là où on les aura laissé lors de notre dernier barbecue. Parce qu’en plus le bougre est intéressant, bien plus réfléchi qu’il ne le laisse paraître.
Alors les persifleurs, persiflez, depuis 1789 c’est ce qui s’est produit à chaque fois qu’un « plébéien » a siégé sur les bancs de l’Assemblée, ou un qui portait vraiment leur réalité dans les débats.
Je te souhaite, mon ami, un beau et long mandat, au service de nos idées pour que le changement ne soit pas de surface et qu’un jour, que nous savons lointain, il n’y ait plus de député qui ai connu la pauvreté, non parce que les privilégiés auront réussi a définitivement endormir le peuple, mais parce qu’on aura mené à son terme la volonté de Victor Hugo, qui sur les bancs de l’assemblée clamait : « …je suis de ceux qui pensent et qui affirment qu’on peut détruire la misère. Remarquez-le bien, Messieurs, je ne dis pas diminuer, amoindrir, limiter, circonscrire, je dis détruire. La misère est une maladie du corps social comme la lèpre était une maladie du corps humain ; la misère peut disparaître comme la lèpre a disparu. Détruire la misère ! Oui, cela est possible ! Les législateurs et les gouvernants doivent y songer sans cesse ; car, en pareille matière, tant que le possible n’est pas fait, le devoir n’est pas rempli. » (http://mamytartine.blog.lemonde.fr/2005/11/15/2005_11_victor_hugo_las/)