Pélérinage
admin | 2 septembre 2010Je reviens d’Andalousie. Il y a 100 ans environ, mon grand-père Don Rafaël Lopez Lopez quittait avec sa mère son Andalousie natale. Il était né à Mecina Bombaron, petit village des Alpujarras dans la province de Grenade. Il était âgé de huit/neuf ans. C’est l’âge que j’avais lorsque j’arrivais en Allemagne quittant ma ville de Mendoza.
Je ne sais pas grand chose de mon arrière grand mère. Ni de ses motivations. On peut les deviner. Mais ce faisant on passe probablement à coté de sa vérité. J’ignore tout de mon arrière grand père qui ne reconnut pas son enfant. Au cimetière de Mecina Bombaron je ne pus m’empêcher devant quelques tombes de m’interroger sur le « salaud ».
Je ne sais non plus ce que pouvait penser mon grand-père à huit ans, quittant ce village haut-perché pour une terre lointaine et inconnue. Éprouvait-il de la peur? de la curiosité? Une insouciance infantile et l’inconscience de l’irréversibilité du voyage? C’est ce que j’éprouvais en réalité. Le reste n’est que construction postérieure.
Mais au-delà de la route, de la ressemblance des paysages avec la province d’accueil que fut pour lui Mendoza, du jambon acheté dans le village même à un lointain cousin assurément (du coté de ma grand-mère), ou du savoureux lapin aux escargots, de la petite église restée « immense » dans le souvenir de mon grand père, ou du cimetière inauguré l’année de naissance de mon grand père, le souvenir impérissable qui restera, c’est de m’être baigné dans la piscine municipale du village… comme un natif.
Mon grand-père me manque. Non seulement depuis qu’il est décédé. Mais durant toutes ces années où la politique me priva de sa présence alors qu’il était en vie et en pleine forme.
Je n’avais fait auparavant qu’un autre « pèlerinage », je suis allé à Boulogne sur mer, lieu de décès du Général San Martin en exil. Et des années plus tard je me rendis sur son lieu de naissance à Yapeyu. Il me reste à aller à Brunoy où Il fut enterré pendant 18 ans avant que ces restes ne fussent rapatriés. Un jour je trouverais la force de me rendre sur la tombe de mon grand-père… peut-être.