à vos souhaits
admin | 4 décembre 2009On ne se refait pas. J’ai beau être jour après jour agacé, énervé, je ne peux m’empêcher d’espérer. Espérer trouver en lisant un journal, écoutant la télévision, une analyse sérieuse, argumentée, documentée. Mes déceptions sont quotidiennes. Sur tous les sujets. Je ne saurais citer le nom d’un/e journaliste qui ne cède pas au fait de donner son opinion et non de construire et/ou déconstruire les opinions.
Ma déception permanente vient certainement de ce que j’attends trop. Du fait que j’aurai aimé être vétérinaire, avocat ou journaliste, peut-être. De ces trois rêves les séries télés entretiennent encore l’illusion du second, et je suis très fier de ma nièce qui le réalise. Ce n’est pas par hasard peut-être qu’il n’y a pas de vrai série marquante qui récemment traite des journalistes, je ne suis pas le seul que ça ne fasse plus rêver.
Je me rends bien compte combien les quelques journalistes qu’il m’arrive de côtoyer vont m’en vouloir. Je pourrais m’en sortir par une pirouette: « Je ne parle évidemment pas de vous, mais des autres méchants au service du grand capital ». Dans l’Essonne ces derniers temps ce genre d’hypocrisie se pratique beaucoup, dans le milieu politique du moins. Mais non je ne trouve pas que la presse départementale aille plus au fond des choses que ça. Je ne la vois pas farfouiller, enquêter et faire entendre des sons de cloches distincts, dépasser les apparences. Il ne suffit pas de donner la parole à chaqu’un, de mettre tous les arguments sur le même plan, ou se contenter des communiqués de presse.
Je ne doute pas que leur métier soit très dur. La crise est là pour tout le monde. La pression est forte. Les sujets nombreux et se succèdent à grande vitesse. Le temps leur manque. Et le citoyen que je suis est un lecteur pressé, zappant…
Mais quoi qu’il arrive, même si en tant que lecteur, auditeur, téléspectateur je peux enrager, il est une chose que je ne fais pas. Fuir mes responsabilités de militant, et faire porter aux journalistes les turpitudes du monde politique.
Ainsi je ne pense pas, toujours pas, que l’échec des socialistes en 2002 soit dû aux médias. Ni qu’il fallait boycotter TF1, comme un bien connu socialiste de l’Essonne le préconisa. Je ne pense pas davantage que les journalistes soient responsables du scepticisme médiatique face au vaccin H1N1 comme l’a soutenu devant Pierre Weill sur France Inter, Jean-Luc Melenchon. Confondant la presse avec l’intendance de l’armée napoléonienne ne déclara-t-il pas: « Devant les campagnes de santé publique, on fait d’abord la campagne on discute après, pas l’inverse. Ça c’est le premier élément à charge de tous ceux qui ont semé du scepticisme sur cette affaire… »?.
Et de poursuivre « Si on avait fait un sondage pour savoir si les gens pensent que la terre était plate ou ronde, il est vraisemblable que les gens auraient déclaré qu’elle était plate, à l’époque… » pour effacer d’un revers de main les éléments apportés par ses contradicteurs. Notons que s’ils avaient du voter, lors d’un référendum (pas qu’en suisse), la platitude l’aurait certainement emporté … c’est vraisemblable.
Je déjà eu l’occasion de le dire ici, je trouve d’une haute gravité ce scepticisme que les politiques, en particulier ceux au pouvoir actuellement ont laissé s’instaurer. On paiera chèrement en termes de santé publique et de manière dramatique ce comportement absolument irresponsable et approximatif. Ceux qui ont confondu vaccination, acte médical important, et simple piqure de confort portent une lourde responsabilité. Avoir laissé en place une ministre qui avait perdu toute crédibilité depuis longtemps pour gérer une affaire prétendument sérieuse et grave, n’est pas le moindre des éléments qui a contribué au scepticisme ambiant.
Le docteur Lehman sur son blog revient longuement, et excessivement sur son blog sur la posture de Jean-Luc: http://enattendanth5n1.20minutes-blogs.fr/archive/2009/12/03/on-se-voudrait-jaures-lettre-ouverte-au-senateur-melenchon.html
Je ne partage pas tout, son excès répond à l’excès de Jean-Luc. Ce dernier, de plus en plus, ressemble à sa caricature. Pour exister médiatiquement, il doit à chaque fois se trouver à contre courant, sans se rendre compte (vraiment?) que c’est là où les médias l’attendent, l’espèrent. A force il ressemblera à Marchais, laissant quelques répliques médiatiques dans le souvenir de ma génération, mais pas grand chose d’autre.
Mais comme il me le dit un jour, « je suis un républicain, toi un démocrate… » Nombreux sont ceux qui ne comprennent pas (plus) la différence. Lui et moi (grâce à mon père) la connaissons. Ses déclarations sur la grippe révèlent un parfait exemple de la différence.
Demain encore le citoyen que je suis lira la presse, écoutera la radio, voire regardera la télé (enfin si j’arrive à la réparer…), et admirerai ceux qui constituent un pilier essentiel de la démocratie pour imparfaite qu’elle soit, qu’ils soient. On a les contre-pouvoirs qu’on mérite. Et si on en est pas satisfait à nous d’en créer d’autres. Jaurès ne fit rien d’autre en fondant l’Humanité,non? Alors cessons de nous cacher derrière notre petit doigt.
Ainsi reviens l’idée d’une chaine de télé… je note…
Tu vas un peu vite dans ton interprétation. Je ne pense pas que les journalistes portent la responsabilité. Ce serait penser que le peuple est « con » et donc inapte a se faire son opinion à partir des informations qui lui sont soumises. Ceci à mon sens ne dédouane pas les journalistes de leurs responsabilités. Je ne pense pas que la solution soit donc d’avoir une nouvelle pravda télévisuelle ou écrite. La force de tout contre pouvoir est dans son indépendance. Ma référence à Jaurés, n’impliquait pas de refaire ce qui fut pertinent dans un contexte donné à un moment donné, mais de donner aujourd’hui à la presse les moyens d’être réellement indépendante.
Certes… Mais le problème n’est pas tout à fait tant l’indépendance « financière » des journalistes. Il y a des journalistes qui font leur boulot, néanmoins il est rare qu’ils travaillent dans les grands groupes de presse, et comme il est bien entendu que visibilité médiatique rime avec moyens financiers, ils ne sont guère visibles. Je précise qu’il ya des journalistes « indépendant » qui ne font pas vraiment leur boulot… Il n’y a donc pas de condition suffisante. Ni nécessaire d’ailleurs !
Le problème se situe selon moi dans un vieux mal français, une culture médiatique ultra conformiste. Une culture qui dit qu’un article détaillé, argumenté, sérieux donc dérangeant, est une œuvre idéologique. Une culture partagé par l’opinion et donc intégré par les médias. En France ce qui dérange est forcément intéressé.
Comment y remédier… je n’ai pas la solution miracle.
Mais je sais que la médiocrité journalistique est défavorable surtout à l’opposition. Dans ce contexte… le moindre mal serait d’avoir notre propre vecteur de portée nationale.
Et pour renforcer la complexité du pb les Etats Unis qui ont pourtant culturellement une presse actrice du débat démocratique comme traqueuse de vérité, ne s’est pas privée de mentir (volontairement ou par omission) sur L’URSS, le capitalisme, l’Irak, etc… La différence réside surement dans la durée du mensonge…
Curieux que tu interprètes la question de l’indépendance et des moyens comme une indépendance financière. Je ne parle pas que de ça. Cela va au niveau des droits et des moyens d’enquête donnés au journaliste. Cela recouvre la question de la protection des sources, mais aussi de l’accès aux médias pour les journalistes, les auteurs de documentaires j’en passe.
Cela relève aussi du fait que ce n’est pas au politique fut-il président de la république de choisir qui l’interrogera.
Je ne crois pas en réalité à un problème journalistique, même si je le réitère le citoyen que je suis est frustré. Le problème est bien du coté politique. Quand aux mensonges colportés sur la guerre en Irak ils furent portés d’abord par les politiques, et surtout l’accès aux sources ultra-protégés rendaient très difficile une information réelle.
Je réitère que la critique des médias ne fait pas une politique, ne fait pas projet. Jaurés ne se contentait pas de la critique, il faisait.
J’acquiesce. Mais le politique gouvernant se satisfait assez d’une presse béni oui oui. Il me parait clair que le gouvernement actuel ne fera rien pour faire sauter les verrous juridique qui empêchent un « journalisme éclairé ». Le suivant ? J’espère !
Cela n’explique pas tout. Cela n’explique pas l’absence d’audience pour la presse d’investigation dans ce pays. Je persiste à penser qu’il y a forcément une causalité entre le fait que les groupes de médias soient dirigés par un promoteur immobilier, un industriel de l’armement, etc… et l’écrasante édition d’une presse conformiste.
Dans certains pays c’est la course à celui qui découvrira le poteau rose, ici c’est la course à celui qui aura l’exclusivité de la parole présidentielle…
Alors oui il ya une complicité du journaliste vis à vis du politique, c’est évidemment lié au fait qu’il éprouve une grande difficulté pour avoir l’information de manière autonome. Mais c’est aussi dû à un manque de volonté au pire, à un manque de formation au mieux…
« La critique des médias ne fait pas une politique, ne fait pas projet. » certes, mais difficile de faire de la politique si les médias ne font pas de critique.
Juste une anecdote : très récemment une chaine d’info en continu a sous titré « législatives » sur un sujet parlant des régionales…