Cohérence
admin | 11 décembre 2009J’entends parfois une partie de plus en plus réduite de la droite essayer de justifier le calamiteux débat sur l’identité nationale. Ils évoquent notamment le fait que les deux candidats en lice au second tour de la présidentielle avaient évoqué la question de l’identité nationale. C’est un fait. Notre positionnement hier comme aujourd’hui n’est pas de dire que la question de l’identité nationale serait un sujet tabou ou interdit. Le problème est l’organisation du débat: placer ce débat sous la houlette des préfets autorité représentative de l’État dans les départements pose un premier problème, alors que par exemple la Commission Nationale du Débat public aurait pu être saisie… ses missions pour l’occasion élargies, ses moyens accrus. Le deuxième objet de contestation est l’objectif du débat. S’agit-il de débattre pour le plaisir de débattre afin que la démocratie ressemble à sa caricature: « cause toujours »? Ou s’agit-il en démocratie de débattre pour faire un choix de société, pour en déduire des choses concrètes? Si tel était les cas les options et les données devraient êtres données à ceux appelés à débattre. Troisième élément, le moment. Il y avait après les régionales et jusqu’aux présidentielles un laps de temps assez important sans élections générales (tant les sénatoriales que les cantonales sont des renouvellements partiels des assemblées concernées) plus propice à un débat riche mais serein.
Enfin on ne peut que s’interroger sur pourquoi ce thème, pourquoi aussi ostentatoirement tourné contre les populations étrangères de ce pays aurait lieu une fois l’essentiel de l’arsenal législatif de répression de ses populations adoptés.
Ce genre de débat avait sa place au moment de l’élection présidentielle. Il eut lieu. Et les Français tranchèrent entre autres sur ce sujet là entre deux visions.
Ségolène Royal parla effectivement d’identité nationale, mais pas de la même manière que N. Sarkozy. J’ai alors, parce que le cadre de l’élection présidentielle s’y prêtait, apporté très modestement et discrètement quelques réflexions à propos du discours de Marseille de Ségolène Royal sur le blog de la section PS de Champlan. Je le reproduis ici parce que je n’ai pas un iota a changer et que je suis toujours en cohérence avec ce que j’a défendu il y a deux ans et demi. :
« La construction de notre identité ne se résume pas, plus du moins, de moins en moins en tout cas, à une seule source. Elle se construit consciemment ou inconsciemment à travers nos multiples héritages (familiaux, nationaux, religieux, culturels,…) et activités (éducatives, professionnelles,…). On gagne sur ces questions là à lire François de Singly (que mon ami François Belen soit mille fois remercié de me l’avoir indiqué) il écrit tout ça mieux que je ne saurais le rapporter.
A partir de là, la reprise par la candidate du parti socialiste de la question de l’identité nationale, et cette velléité de réduire notre identité à la question nationale, ou de prétendre que la question nationale sublime les autres composantes de notre identité, aurait pu me faire sursauter.
Mais, c’est une sale habitude « héritée » de mes parents (qui vont bien, merci 🙂 ) : lire le contexte dont est issu un extrait, à fortiori s’il a été choisi par des journalistes. Son discours de Marseille , ne se limite pas à des histoires de chiffons, ni aux paroles d’une chanson. Il porte sur le vivre ensemble, ici et maintenant. Elle a parlé d’Europe. Mais surtout, parce que c’était Marseille, elle a parlé de la Méditerranée. Elle nous a parlé d’une Nation généreuse, fidèle à l’universalisme qui caractérise son histoire.
Et c’est bien cette France que j’aime. Non pas seulement parce que le destin m’y a conduit. Mon histoire d’amour avec la France (pas plus que celle que je vis avec la Grèce[1]) n’est pas une histoire de sang encore moins de papiers. Ni une histoire de travail, d’impôts ou de taxes. Ce n’est pas lié au fait que j’y ai rencontré ma femme, ou que mon père et un frère y vivent.
Non je l’aime, parce que la France, son peuple donc, un jour se dressa et cria au monde. Un jour la France debout, fière et généreuse parla universel. Juste trois mots. Pas un de plus. Pas l’un sans l’autre:
liberté, égalité, fraternité.
Sans partitif, sans article, sans fioriture.
Comme elle avait la parole elle la garda pour faire aussi une déclaration. Celle des Droits de l’Homme.
Le jour où je compris[2] ces mots indissociables à jamais, je devins Français. Des millions de personnes au cours des deux derniers siècles se sont sentis à tout jamais Français. Sans jamais y avoir mis les pieds. Sans jamais avoir songé à venir y vivre, mais ils se sont sentis français. Partout dans le monde, deux siècles après ces mots résonnent encore. Ces mots forcent l’admiration, donnent force et espoir aux opprimés. Ils furent si forts ces mots, que lorsque la France, s’oubliant, s’adonna à l’oppression son message universel amena les peuples a se soulever. Ainsi ils aidèrent la France à retrouver son histoire, son destin.
Alors lorsque je lis Le Pen qui vomit, interrogé dans le quotidien lyonnais Le Progrès publié jeudi 29 mars, à propos de ce que signifie pour lui la devise Républicaine
« liberté, égalité, fraternité « : » Elle dit un certain nombre d’objectifs et de vertus qu’elle propose d’observer. Il y a la liberté, puis, presque son contraire, l’égalité, et pour arranger les choses, on a ajouté la fraternité. C’est une devise qui en vaut une autre. C’est « honneur et patrie » ; « valeurs et discipline », « tiens voilà du boudin », etc. »
L’inventeur du tristement célèbre: » Aimez la France ou quittez là » (souvent plagié) je le dis sans peur, sans crainte, de nous deux sans hésitation, c’est moi, le sang mêlé, malgré mes errances géographiques, malgré un lieu de naissance si lointain, malgré le fait que j’assume fièrement mes héritages, méditerranéens, européens, argentin qui aime la France et lui qui devrait la quitter.
Mais nul pays au monde, n’a mérité un tel être. La France est tellement plus grande, plus belle à mes yeux et aux yeux du monde qu’elle seule pouvait abriter en son sein un tel nain politique sans s’amoindrir. La France, notre France universelle, est si grande qu’elle peut même abriter deux nains politiques: l’un qui vomit la devise républicaine, l’autre qui dénonce les droitsdel’hommistes[2], protège et encourage les fraudeurs fiscaux.
Depuis deux siècles, le coté droit n’a décidément pas digéré que le peuple s’élève et parle au monde entier. A ces présidentielles c’est encore ce combat là qui se livre. Parce que j’aime le message universel de la France, parce que je m’honore du titre de citoyen et de contribuable de la République Française, le 22 avril, ce n’est certainement pas une histoire de chiffon ou de chanson qui me feront me tromper
Luis Ferrari – 30 mars 2007″
[1] La Grèce, antique (et éternelle) : berceau de la Démocratie, de la Philosophie, de l’Histoire, de la Géographie, et tant et plus
[2] sur ce moment précis, cf. mon post River Plate
[3] Entre « bravitude » et « droitsdel’hommiste », parmi ces deux inventions l’une me fit sourire l’autre frémir, que préférez-vous?
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