Le royaume des cieux
admin | 10 décembre 2009Javier Lozano Barragan est né le 26 janvier 1933 à Toluca au Mexique. C’est un cardinal mexicain de l’Église catholique romaine, président émérite du Conseil pontifical pour la pastorale des services de la santé jusqu’en avril dernier. Ce conseil est chargé de stimuler, promouvoir et coordonner les actions et études des différentes œuvres catholiques portant sur les domaines de la santé. Il est aussi membre de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples. Congrégation fondée en 1622 par le pape Grégoire XV, par la bulle Inscrutabili Divinae, pour s’occuper de la propagation du catholicisme et le règlement des affaires concernant l’Église catholique dans les pays non-catholiques.
Javier Lozano Barragan n’est donc pas n’importe qui. Inconnu en France, puisque Mexicain, il a fait l’objet d’une brève le 03 décembre dans le Figaro. Nous sommes soit tous très occupés pour avoir laissé passer cela, ou bien nous sommes trop habitués a de tels propos. Mais toujours est-il que ce cardinal a déclaré: « Les homosexuels et les transsexuels n’entreront jamais au royaume des cieux ». Mais il a ajouté, ah cette extraordinaire charité chrétienne, « Ce sont tout de même des personnes et il faut donc les respecter »;
Je ne suis pas catholique, bien qu’argentin et français (je sens bien que ce disant j’aggrave mon cas au yeux du chanoine). Mais mes deux années de catéchisme obligatoire en Allemagne, et étant fils et frère d’anciens élèves maristes, sans parler de mes cours d’histoire, j’avais deux ou trois notions du Dogme. La controverse de Valladolid est au-delà du fond aussi très instructive et formatrice.
Être homosexuel ou transsexuel priverait du royaume des cieux. Quid du jugement dernier? Quid de la Rédemption?
Mais « admettons » comme dit Bigard (vous savez celui qui accompagna le chanoine rencontrer le pape) dans son sketch de la chauve-souris. Admettons qu’on soit homosexuel, que du coup on soit dispensé du jugement dernier et qu’une fois l’état d’homosexualité établi il soit par essence définitif. Admettons. A quoi est-on voué? Pas au purgatoire je suppose, pourquoi en effet donc mettre en salle d’attente quelqu’un qui ne franchira jamais les portes du paradis?
Donc l’homosexuel et le transsexuel sont voués à l’enfer, à la damnation éternelle, non? Bon mais pourquoi ce cardinal mexicain ne le dit-il pas ainsi? Curieux quand même de prendre des gants.
D’autres questions me taraudent. Être transsexuel je vois bien la définition aux yeux du cardinal. Je vois bien le processus irréversible de l’opération et donc le raisonnement conduisant a priver le requérant de tout espoir à la rédemption. Mais être homosexuel… dans la tête d’un cardinal qu’est-ce? Aimer d’un amour pur un autre être humain de même sexe? Le désirer? Avoir une relation sexuelle avec une personne du même sexe? Consentie ou pas consentie? Subie ou volontaire? Avec ou sans plaisir?
Par chance toutes ces questions trouveront réponse samedi soir. Mon ami catholique que j’ai, vient diner et éclairera ma lanterne.
En attendant je tire deux enseignements de cette brève du Figaro:
- c’est à cet homme là que Jean-Paul II, bientôt sanctifié (c’est pas déjà fait….ça traîne, ça traîne?) confia le « ministère » de la santé du Vatican.
- je rencontrerai beaucoup de curés en enfer.
Facile me direz vous? Certes. Mais bon même le père Lombardi (porte-parole de Benoit XVI) a du réagir en appelant à « éviter toute forme de discrimination injuste ».
Facile certes, mais comme il est de bon ton chez le chanoine de caricaturer les musulmans, il faut bien que les incorrigibles athées dont je suis rappellent au chanoine que l’identité de la République s’est forgée depuis deux siècles bien souvent contre l’hégémonie de l’Église catholique sur les affaires spirituelles et terrestres exercée sans vergogne main dans la main avec la noblesse. Même le démocrate que je suis comprend pourquoi on s’ébat sur l’identité nationale et on ne réaffirme pas l’identité républicaine essayant encore et toujours de réduire l’apport des Lumières, la portée de la Révolution Française et faire croire que l’identité nationale Française serait millénaire.
NB: certains seront tentés de m’indiquer que François Mitterrand fut lui même chanoine et président de la république. Bien que je n’ai jamais été mitterrando-idolâtre (je n’ai que deux idoles : Maradona et Cantona, l’idolâtrie étant condamnée par l’Église catholique et l’Islam ma place post-mortem est déjà réservée par deux religions). Je doute qu’il ait au-delà de l’aspect honorifique pris cette absurde tradition au sérieux, et a toujours assumé avec beaucoup (trop?) de respect la fonction présidentielle. L’inverse exactement du chanoine actuel.