Humour noir
admin | 8 janvier 2010Un de mes facebooks friends a réagi aux hommages à Philippe Seguin en ces termes : « aimerait bien que l’on n’exagère pas avec les hommages à Philippe Seguin. S’agirait de ne pas oublier qu’il était avant tout au service de sa classe et des siens. La droite sociale n’a jamais été et ne sera jamais une politique de gauche pour le peuple. Nous sommes vraiment dans une époque bisounourse et ça m’horripile. »
Certains ont peut-être cru que mon statut sur facebook de ce matin était de la même veine: « avec retard et empruntée à mon frère: « ah pour rendre hommage ils sont tous là, mais vous verrez pour s’occuper de la chèvre il y aura plus personne » ».
Il n’en est rien.
Je ne crois pas à l’au-delà. Je pense que nous n’avons qu’une seule vie, que tout commence avec la naissance (et non à la conception) et que tout se finit avec la mort. Je pense que dans nos choix de vie nous sommes davantage conditionnés par nos acquis que rien de nos choix de vie est écrit à l’avance. Entre notre naissance et notre décès tout est possible, les évolutions, les régressions. Je ne crois pas davantage au jugement dernier. Je crois juste au jugement des hommes. Nous jugeons tous, tout le monde, surtout quand nous prétendons le contraire. Je pense (cf. posts précédents sur un autre sujet) que notre identité ne se constitue pas à une seule source.
Je ne connaissais pas personnellement Philippe Seguin. Ni personne de sa famille. Mais je connaissais l’homme public. Comme tout le monde me direz vous? Comme tout citoyen plutôt. Ce que j’en connaissais me donnait l’impression d’un homme politique fidèle à ses convictions. J’aime cela. J’aime les personnes qui disent ce qu’ils font, font ce qu’ils disent, et sont loyaux à eux-mêmes. Même lorsque ce qu’ils font me déplait, ce qu’ils disent me hérisse. D’un homme respectueux de la République et de la démocratie. Je pense que, assez vite, nous nous rendrons compte qu’on peut présider de diverses façons la cour des comptes, par exemple, comme nous avons vu que deux présidents de « droite » de l’assemblée nationale peuvent ne pas avoir le même respect pour l’opposition.
Alors je me joins à l’hommage rendu à l’homme public. Je n’oublie pas ses choix politiques. Mais, au risque de définitivement être disqualifié, je respecte mes adversaires politiques. Je ne suis soulagé que par la mort de mes ennemis les ennemis de la démocratie qu’ils soient de « droite » ou de « gauche ».
Et si je dois garder un souvenir, c’est celui du débat entre Philippe Seguin et François Mitterrand, dont c’est aujourd’hui le 14ème anniversaire de sa mort…
Ma façon de rendre hommage ne doit pas heurter. L’humour noir reste une des manières de prendre de la distance. Je l’applique y compris pour mes proches, lorsqu’ils se rapprochent doucement, inexorablement de leur lit de mort.