à vos souhaits

On ne se refait pas. J’ai beau être jour après jour agacé, énervé, je ne peux m’empêcher d’espérer. Espérer trouver en lisant un journal, écoutant la télévision, une analyse sérieuse, argumentée, documentée. Mes déceptions sont quotidiennes. Sur tous les sujets. Je ne saurais citer le nom d’un/e journaliste qui ne cède pas au fait de donner son opinion et non de construire et/ou déconstruire les opinions.

Ma déception permanente vient certainement de ce que j’attends trop. Du fait que j’aurai aimé être vétérinaire, avocat ou journaliste, peut-être. De ces trois rêves les séries télés entretiennent encore l’illusion du second, et je suis très fier de ma nièce qui le réalise. Ce n’est pas par hasard peut-être qu’il n’y a pas de vrai série marquante qui récemment traite des journalistes, je ne suis pas le seul que ça ne fasse plus rêver.

Je me rends bien compte combien les quelques journalistes qu’il m’arrive de côtoyer vont m’en vouloir. Je pourrais m’en sortir par une pirouette: « Je ne parle évidemment pas de vous, mais des autres méchants au service du grand capital ». Dans l’Essonne ces derniers temps ce genre d’hypocrisie se pratique beaucoup, dans le milieu politique du moins. Mais non je ne trouve pas que la presse départementale aille plus au fond des choses que ça. Je ne la vois pas farfouiller, enquêter et faire entendre des sons de cloches distincts, dépasser les apparences. Il ne suffit pas de donner la parole à chaqu’un, de mettre tous les arguments sur le même plan, ou se contenter des communiqués de presse.

Je ne doute pas que leur métier soit très dur. La crise est là pour tout le monde. La pression est forte. Les sujets nombreux et se succèdent à grande vitesse. Le temps leur manque. Et le citoyen que je suis est un lecteur pressé, zappant…

Mais quoi qu’il arrive, même si en tant que lecteur, auditeur, téléspectateur je peux enrager, il est une chose que je ne fais pas. Fuir mes responsabilités de militant, et faire porter aux journalistes les turpitudes du monde politique.

Ainsi je ne pense pas, toujours pas, que l’échec des socialistes en 2002 soit dû aux médias. Ni qu’il fallait boycotter TF1, comme un bien connu socialiste de l’Essonne le préconisa. Je ne pense pas davantage que les journalistes soient responsables du scepticisme médiatique face au vaccin H1N1 comme l’a soutenu devant Pierre Weill sur France Inter, Jean-Luc Melenchon. Confondant la presse avec l’intendance de l’armée napoléonienne ne déclara-t-il pas: « Devant les campagnes de santé publique, on fait d’abord la campagne on discute après, pas l’inverse. Ça c’est le premier élément à charge de tous ceux qui ont semé du scepticisme sur cette affaire… »?.

Et de poursuivre « Si on avait fait un sondage pour savoir si les gens pensent que la terre était plate ou ronde, il est vraisemblable que les gens auraient déclaré qu’elle était plate, à l’époque… » pour effacer d’un revers de main les éléments apportés par ses contradicteurs. Notons que s’ils avaient du voter, lors d’un référendum (pas qu’en suisse),  la platitude l’aurait certainement emporté … c’est vraisemblable.

Je déjà eu l’occasion de le dire ici, je trouve d’une haute gravité ce scepticisme que les politiques, en particulier ceux au pouvoir actuellement ont laissé s’instaurer. On paiera chèrement en termes de santé publique et de manière dramatique ce comportement absolument irresponsable et approximatif. Ceux qui ont confondu vaccination, acte médical important, et simple piqure de confort portent une lourde responsabilité. Avoir laissé en place une ministre qui avait perdu toute crédibilité depuis longtemps pour gérer une affaire prétendument sérieuse et grave, n’est pas le moindre des éléments qui a contribué au scepticisme ambiant.

Le docteur Lehman sur son blog revient longuement, et excessivement sur son blog sur la posture de Jean-Luc: http://enattendanth5n1.20minutes-blogs.fr/archive/2009/12/03/on-se-voudrait-jaures-lettre-ouverte-au-senateur-melenchon.html

Je ne partage pas tout, son excès répond à l’excès de Jean-Luc. Ce dernier, de plus en plus, ressemble à sa caricature. Pour exister médiatiquement, il doit à chaque fois se trouver à contre courant, sans se rendre compte (vraiment?) que c’est là où les médias l’attendent, l’espèrent. A force il ressemblera à Marchais, laissant quelques répliques médiatiques dans le souvenir de ma génération, mais pas grand chose d’autre.

Mais comme il me le dit un jour, « je suis un républicain, toi un démocrate… » Nombreux sont ceux qui ne comprennent pas (plus) la différence. Lui et moi (grâce à mon père) la connaissons. Ses déclarations sur la grippe révèlent un parfait exemple de la différence.

Demain encore le citoyen que je suis lira la presse, écoutera la radio, voire regardera la télé (enfin si j’arrive à la réparer…), et admirerai ceux qui constituent un pilier essentiel de la démocratie pour imparfaite qu’elle soit, qu’ils soient. On a les contre-pouvoirs qu’on mérite. Et si on en est pas satisfait à nous d’en créer d’autres. Jaurès ne fit rien d’autre en fondant l’Humanité,non? Alors cessons de nous cacher derrière notre petit doigt.


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