Bonjour caminante du web.

J’ai depuis longtemps aidé beaucoup d’organisations ou de personnes à avoir leur site, leur blog. Certains s’étonnaient que je n’ai pas le mien. La démarche individuelle me paraissait curieuse. Difficile de le dire à celui qui vous demande de l’aider pour en faire un. Difficile  de lui décrire le niveau d’égocentrisme et de prétention que cela revêt à mes yeux.

J’ai toujours préféré m’inscrire dans des processus collectifs, aider à corriger tel texte, faire quelques fois le nègre pour un ami, ou porter la parole d’un groupe.

Aujourd’hui je me retrouve, à une exception près, face à l’échec de ma démarche.

Je sais qu’en réduisant mon activité militante, j’aurais un manque. Celui de formaliser mes analyses, de confronter mes idées, d’essayer à travers la discussion de pousser l’autre, donc moi-même, à toujours aiguiser notre pensée, nos arguments.

Je vais essayer de combler ce manque en écrivant ici. Peut-être tiendrai-je un jour, un mois, une vie.

Je ne m’adresse à personne en particulier. Je ne sais si des personnes viendront le lire. J’écris pour moi. Je l’assume. Mais surtout pour mon enfant. Lui laisser quelque chose de moi plus tard, à lui que j’ai eu si tard. 

Un instant j’avais songé à m’essayer à l’écriture anonyme. Mais je déteste cette pratique. Je hais ceux qui commentent ou écrivent sans se présenter. Assez vite ils se lâchent, se croient tout permis. Et puis parce que quoi qu’on dise, quoi qu’on écrive, celui qui lit a besoin de connaître d’où on parle, d’où on écrit. C’est frustrant parfois, on est jugé avant d’être lu. Récemment j’ai pu expérimenter en citant une phrase qui me paraissait appropriée à ce que subissent en France (et dans tant d’autres pays) les étrangers :

« Il faut reconnaître tout être humain, sans chercher à savoir s’il est blanc, noir, basané ou rouge ; lorsque l’on envisage l’humanité comme une seule famille, il ne peut être question d’intégration ni de mariage inter-racial. »

Cela me valut le commentaire suivant: « Cela commence comme du Martin Luther King et cela termine comme du Le Pen! »

Je répondis à mon aimable commentateur : « c’est un point de vue dont tu te doutes que je ne le partage pas. A longueurs de journée j’entends les préfectures qualifier de « mariages mixtes » le mariage entre une personne de nationalité et une personne née à l’étranger… Dans ces mêmes préfectures on explique que l’intégration c’est de ne plus avoir aucun lien avec son pays d’origine… évidemment tout ceci se basant sur les circulaires du ministère de l’identité nationale… »

En réponse arriva l’aveu: « Ton interprétation de la citation me convient bien. Il n’y a pas de mariage mixte puisqu il n’y a pas de différence. Mon propos visait [l’auteur] plutôt que toi, il a défendu des positions sur la séparation raciale, à ce que j’en sais, d’où mon interprétation. désolé de t avoir blessé. »

Et oui était jugé l’auteur des propos, pour l’ensemble de son œuvre en quelque sorte, et non l’idée émise à ce moment là de sa vie. L’auteur était Malcolm X. Mon tort étant d’avoir cité (par honnêteté) son auteur.

La démarche pourrait paraitre juste. Une bonne idée, une bonne phrase ne saurait dédouaner quelqu’un de ses actes. Vraiment? Seuls les êtres parfaits de leur naissance à leur mort auraient le droit de contribuer au génie collectif de l’humanité. Ne devons nous pas plutôt prendre en chaque être ce qu’il apporte de meilleur? L’améliorer à notre tour dans la mesure du possible?

Pour d’autres en revanche on ne prendra qu’une phrase parfois pour démolir toute une vie …

L’anonymat est donc confortable. Il déresponsabilise celui qui écrit, celui qui lit. Il n’en reste pas moins détestable à mes yeux.

N’hésitez pas à réagir si vous vous égarez par ici (mais présentez-vous 🙂 ), parce qu’il ne faudra pas compter sur moi pour que j’aille consulter des statistiques de visites.

Voilà, et bonne balade à mes côtés le temps de votre passage.

NB: article actualisé le 04 juillet 2025. Dessin : Dall-e, prompt et texte Luis Ferrari

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