Faire feu de tout bois?
admin | 21 octobre 2010Plusieurs de mes camarades reproduisent ces derniers temps un pamphlet de sauvegarde retraites sur les « retraites » des députés et versent dans un anti-parlementarisme bon teint.
Libre à eux de le faire. Mais qu’ils ne comptent pas sur moi pour m’esbaudir. La seule chose que je haïsse plus que le populisme et la démagogie de droite c’est lorsque la gauche – régulièrement – s’y adonne avec délectation.
Je rappelle donc à tous ceux et celles qui s’avèrent incapables avant de citer un article d’un site d’avoir la curiosité de cliquer sur la page d’accueil du dit site et de voir le reste de leurs publications que « sauvegardes retraites » mène depuis des années, campagne contre les retraites des fonctionnaires, les régimes spéciaux des cheminots et électriciens, contre les grèves! On me rétorquera qu’ils ont peut-être tort sur le reste mais pas la-dessus et que donc…
Il y a quelques années je ne sais plus qui avait dit si M. Le Pen affirme qu’il fait soleil, je ne vais pas dire qu’il pleut. Moi si Le Pen dit qu’il fait beau, j’ouvre la porte et je sors. Qu’il fasse beau ou qu’il pleuve je n’ai rien à faire dans la même pièce que lui.
Mais la question n’est pas là, car sauvegarde retraites, à l’instar du gouvernement dont ils trouvent la reforme trop frileuse, ment et manipule les chiffres, « révèle » partiellement des éléments et en occulte soigneusement d’autres. Bref fait de l’amalgame, de là désinformation.
Il y a beaucoup à redire sur le système démocratique français. Il y a un combat important à mener pour plus de démocratie, pour de véritables lieux de pouvoir, l’exerçant en transparence, et des lieux de contre-pouvoirs, indépendants et nécessitant autant de transparence.
Dans ce combat je préfère me trouver du coté de René Dosières que du coté de « sauvegarde retraites », du cri du contribuable, ou de « sos educations » ou encore de « Liberté chérie »
Pour ceux et celles qui ont la mémoire courte voici un extrait d’un article du Monde du 20 mai 2007, intitulé « écarts publicitaires » et signé de Véronique Maurus:
« […] une demi-page « sensible » publiée par l’association Sauvegarde-retraites le 28 mars n’a pas été visée par la direction de la rédaction [du Monde]. Comparant les droits des salariés du privé avec ceux des régimes spéciaux, elle était titrée : « Combien vous restera-t-il quand vous aurez fini de payer tous les avantages des retraités du public ? »
En pleine campagne électorale, cette publicité a provoqué un tollé prévisible. Non que ses données soient erronées. Vérification faite, elles sont extraites d’un rapport du Conseil d’orientation des retraites. Mais citées hors contexte et privées des nombreuses réserves exprimées par le Conseil (une page et demie), elles sont présentées de façon caricaturale. « G lobalement, une publicité a tendance à être provocatrice, explique Stéphane Corre, directeur du Monde Publicité. Si le message est mou, il passe mal. »
Mais, s’il est trop « dur », il passe difficilement aussi. « Je m’étonne que mon quotidien laisse passer ce qui peut s’apparenter à la dénonciation d’une partie des citoyens à la vindicte d’autres catégories de salariés, écrit Luc Lichtle (courriel). Que les fonctionnaires ou assimilés soient les boucs émissaires de beaucoup de maux de notre société n’a rien d’étonnant en ces temps de surenchères électorales. Mais le lire dans «mon Monde», sous forme de publicité, me sidère. (…) La régie publicitaire ne dispose-t-elle pas d’une charte déontologique ? »
Régine Sténuit (Paris), retraitée de France Télécom, souligne que la publication de cet encart lui « est apparue comme une véritable agression ! », de même que M. et Mme Lucien Thouvenot (Montrouge), lesquels jugent que « ce genre de torchon n’a que pour but de pousser à la haine ». « Ou est passée l’éthique de votre journal ? Toute publicité est-elle donc acceptable ? », renchérit Sandrine Paquelet, qui signe « une inspectrice du travail privilégiée ».
Les fonctionnaires ne sont pas les seuls à réagir. C’est au nom des principes que Michel Canonge (Martigues), « ingénieur retraité du privé », s’insurge : « Le débat nécessaire sur les retraites ne peut se limiter à cette communication partisane, s urtout dans un journal sérieux et, autant que faire se peut, objectif. Accepteriez-vous une publicité brute pour le Front national ? » Jean-Paul Bernard (Paris) parle, lui, carrément de « prostitution » : « A quand une publicité de l’«association pour le rétablissement de la peine de mort» ou de l’«association pour l’interdiction de l’avortement» ? »
Renseignements pris, l’association Sauvegarde-retraites, qui a acheté l’espace un mois à l’avance, pour 19 000 euros hors taxes, n’en est pas à son coup d’essai : son tableau comparatif a déjà été publié depuis deux ans, dans plusieurs journaux. Elle fait partie, comme Contribuables et associés ou SOS-Education, des partenaires affichés du mouvement Liberté chérie, qui prône un libéralisme extrême, à l’instar des néoconservateurs américains. Sauvegarde-retraites affirme être indépendante de tout parti et explique l’importance de ses moyens de propagande par ses 66 000 adhérents.
« Il faut de bonnes raisons pour refuser de vendre un espace à un client », plaide le directeur du Monde Publicité, soulignant qu’en l’occurrence « les informations, même présentées de façon caricaturale, étaient exactes ». Il n’empêche, mieux aurait valu différer après la campagne électorale, et surtout respecter les règles de consultation internes. »
A mes amis, mes camarades qui comptent mener bataille au cotés de cette officine je souhaite bon vent. A celui qui le premier succomba à la tentation mais rectifia le tir et regrettant que sa vigilance ait failli, une fois n’est pas coutume, mon engagement à continuer à lire attentivement sa prose, maintenant qu’il m’a promu au grade de Jiminy Cricket 🙂
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